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Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) : Derrida, l'écriture               Derrida, l'écriture
Jacques Derrida - "L'écriture et la différence", Ed : Seuil, 1967,

L'écriture et la différence, par Jacques Derrida (1967) [EED]

   
   
   
                 
                       

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Table

TABLE :

I. p9 : Force et signification (Paru dans Critique en juin-juillet 1963).

II. p51 : Cogito et histoire de la folie. (A partir d'une conférence prononcée le 4 mars 1963 au Collège philosophique, puis publiée dans la revue de métaphysique et de morale). [Cette conférence porte sur l'Histoire de la folie à l'âge classique de Michel Foucault, publié en 1961. Foucault y répondra en 1971 dans un texte qui sera publié en Appendice II de la réédition de 1972 d'Histoire de la Folie. En 1991, Derrida reviendra sur le même sujet dans un texte intitulé Etre juste avec Freud, l'histoire de la folie à l'âge de la psychanalyse, publié en 1992 dans Résistances).

III. p99 : Edmond Jabès et la question du livre. (Paru dans Critique en janvier 1964).

IV. p117 : Violence et métaphysique, essai sur la pensée d'Emmanuel Lévinas. (Texte écrit en 1963, paru en 1964 dans la Revue de Métaphysique et de Morale).

V. p229 : "Genèse et structure" et la phénoménologie. (Conférence prononcée à Cerisy-la-Salle en 1959, publiée en 1964).

VI. p253 : La parole soufflée. (Paru dans Tel Quel, hiver 1965).

VII. p293 : Freud et la scène de l'écriture. (Conférence prononcée à l'Institut de Psychanalyse au séminaire du Dr Green en mars 1966).

VIII. p341 : Le théatre de la cruauté et la clôture de la représentation. (Conférence prononcée à Parme en avril 1966).

IX. p369 : De l'économie restreinte à l'économie générale. Un hegelianisme sans réserve. (Paru dans l'Arc en mai 1967).

X. p409 : La structure, le signe et le jeu dans le discours des sciences humaines. (Conférence prononcée à Baltimore le 21 octobre 1966).

XI. p429 : Ellipse - A Gabriel Bounoure.

 

L'écriture et la différence (436 pages) est l'un des trois livres que Jacques Derrida a fait paraître en 1967, avec De la grammatologie et La voix et le phénomène. Le livre contient dix articles déjà publiés entre 1963 et 1966. Il est dépourvu de préface, mais une sorte de postface dédiée à Gabriel Bounoure (en hommage à Edmond Jabès) vient en dernier (Ellipse). On peut estimer que ce onzième élément vient en plus. Thèmes et auteurs abordés : le structuralisme, Michel Foucault, Edmond Jabès, Emmanuel Lévinas, Edmund Husserl, Sigmund Freud, Georges Bataille, Claude Lévi-Strauss, ainsi que deux textes sur Antonin Artaud.

Dans Positions (1972), Jacques Derrida fait remarquer que cet essai pourrait être broché au milieu de De la Grammatologie, car ses six premiers textes "sont antérieurs, en fait et en droit, à la publication dans Critique des articles annonçant DLG", tandis que les cinq derniers sont déjà engagés dans l'"ouverture grammatologique" [donc postérieurs, chronologiquement et logiquement]. Il y aurait donc une sorte de césure au coeur de ce texte. Par ailleurs, on pourrait considérer la deuxième Partie de DLG comme "une douzième table" [le 12è élément de la table, qui n'est pas une Table des matières], venant après les onze listés ci-dessus. "Etrange géométrie", fait remarquer Derrida lui-même (Positions p13), qui met en question l'unité du livre.

Derrida évoquera à nouveau Artaud dans Forcener le subjectile (1986) et Artaud le Môma (1996).

Il faut lire le texte sur Lévinas Violence et métaphysique, qui est antérieur à l'ouverture grammatologique, avec les deux autres ouvrages consacrés ultérieurement par Derrida à cet auteur : En ce moment même dans cet ouvrage me voici (1980, publié dans Psyché, Inventions de l'autre, tome 1), et Adieu à Emmanuel Lévinas (1997).

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

L'interrogation de Dieu n'appartiendra jamais à aucun livre

Une pensée affirmative du jeu, offerte à une interprétation active, inspire un nouvel humanisme au-delà de l'homme

En promettant un art sans oeuvre, un langage sans trace ni différence, Artaud aura voulu détruire l'ordre dualiste, l'histoire léguée de la métaphysique

Le logos, qui est la parole comme auto-affection, se produit dans l'histoire par le détour d'une écriture, en rendant la voix à un silence dynamique

Le livre est la dissimulation d'une écriture illisible encore plus vieille que le livre, porteuse d'une interrogation radicale : la différance

Une structure est habitée par le désir qu'une présence centrale commande

Tout discours a la forme d'une structure d'interprétation, dans laquelle chaque proposition se laisse interpréter dans une autre proposition

Tous les discours destructeurs de la métaphysique habitent les structures qu'ils abattent et abritent un désir indestructible de présence pleine

La différence est une structure originaire : l'ouverture de l'histoire, de l'historicité elle-même

En enseignant l'unique, antérieur à la dissociation, où s'enracinent les différences, Antonin Artaud résiste aux exégèses cliniques ou critiques qui réduiraient son unicité

Un souffle furtif, avant moi, (une inspiration), qui dit ce que je crois vouloir dire, me force à jeter des sorts, des envoûtements

L'extériorité irréductible de l'autre appelle le désir, qui est séparation infinie, rencontre aventureuse hors de soi, eschatologie désespérée

La notion de structure ne porte référence qu'à l'espace

L'éthique de Lévinas est sans loi, elle vise l'essence du rapport éthique, une éthique de l'éthique

Lévinas propose à la fois un humanisme et une éthique : accéder comme autre à l'étant suprême par la voie royale de l'éthique

Le poétique ou l'extatique est ce qui, dans tout discours, peut s'ouvrir à la perte absolue de son sens

Les concepts d'archi-trace et de différance ne sont ni freudiens ni heideggeriens

Tous les concepts freudiens appartiennent à l'histoire de la métaphysique, c'est-à-dire au système de répression logocentrique qui exclut ou abaisse le corps de la trace écrite

Il faut penser la "différance" entre l'humanisme classique et le nouvel humanisme : dans sa gestation, sa formation et le travail de son enfantement

Seule l'absence pure peut inspirer

La pensée de Lévinas nous fait rêver d'une dépossession inouïe : disloquer le logos grec et libérer la métaphysique en faisant appel à l'éthique

"Yhvh parlant face à face avec Moïse" : telle est l'expérience nue de la présence totale à laquelle nous n'avons jamais accès, ni par le visage, ni par la voix

La découverte de Freud, c'est le retard originaire qui est espacement, différence pure, différance

Pour que les racines parlent, il faut qu'elles soient blessées

Le philosophe est le sujet parlant par excellence

Notre époque est celle où l'on commence à penser l'événement d'un centre déporté hors de soi

La différance ne pourrait se penser comme telle qu'au-delà de la métaphysique - mais franchir cette limite, ce serait une folie

Dans la tradition philosophique grecque, l'éthique, dissociée de la métaphysique, est subordonnée à une autre instance; en les associant, Lévinas ouvre une pensée autre

Il n'y a pas d'espace de l'oeuvre si l'on entend par là présence et synopsis

La parole d'Artaud, qui accomplit la métaphysique occidentale, oblige à une question, une transgression qui n'a pas encore commencé

Le jeu est un champ de substitutions infinies qui, dans la clôture d'un ensemble fini, exclut la totalisation

En traversant l'être en vue de se dire et de s'entendre parler, le logos se diffère et se produit comme histoire

Pour dire l'altérité absolument irréductible de l'autre, il faudrait s'interroger sur ce que signifie "autre" avant les déterminations de l'heteros grec et de l'autrui judéo-chrétien

La différance, furtive, s'insinue dans l'oeuvre par l'écriture, maintient les distances, empêche la présence à soi

Le Juif se situe au point de l'origine radicale du sens, là où l'histoire s'ente dans la lettre

Le visage ne signifie pas, il s'exprime, il est derrière le signe, il se donne en personne, comme la parole vive ou la voix

Le Cogito est un point-zéro où la raison et la folie, le sens et le non-sens se rejoignent en une origine commune

La cohérence dans la contradiction exprime la force d'un désir

La différance rassure dans une économie, elle met en réserve; la refuser, c'est refuser l'oeuvre et aussi se protéger contre le retour des différences

A l'origine de toutes les différences, ouvertures et failles, le mouvement actif de la différance est différé, refermé, suturé

"Vouloir-dire le doute hyperbolique", tel est l'acte philosophique cartésien d'ouverture absolue, dont la structure de différance ne peut s'écrire que dans l'économie d'une raison

La différance est impureté d'origine; une différence pure ne serait que présence pleine, c'est-à-dire non-différence

La différance, qui n'est rien, constitue l'essence de la vie, et la vie, pensée comme trace, avant toute présence, est la mort

Un discours est un système dans lequel le signifié central n'est jamais présent hors d'un système de différences

Le discours se pose en posant la norme ou la valeur du sens, c'est-à-dire l'élément de la légalité en général

Toute écriture est aphoristique

L'écriture ne sera jamais la simple peinture de la voix

Par son absence, l'écrivain pratique l'écriture comme différance et économie de la mort, oubliant l'infiniment autre

Entre la clôture du livre et l'ouverture du texte, un mouvement d'errance répète l'époque du livre et donne à penser son retour

Freud démontre à propos du rêve que le mot est toujours travaillé par l'"espacement", qui est le propre de l'écriture et l'étoffe temporelle du travail psychique

Chaque parole nouvelle peut faire revivre le geste de crise, de violence originaire qui a renfermé la folie, et dont elle garde la trace

Freud cherche à déchiffrer une "écriture originelle", mais ne trouve qu'un résidu idiomatique, irréductible, intraduisible, qui porte le poids de l'interprétation

Le nom humaniste de l'homme dans la pensée classique est celui de cet être qui a rêvé la présence pleine, le fondement rassurant, la fin du jeu

La lettre est toujours volée : elle fait trou car elle n'est jamais propre à son auteur ni à son destinataire

Le leurre dont a vécu le premier livre est un centre où disparaît la parole vive, qu'on peut invoquer mais non répéter

Par la tension aporétique qu'il instaure entre expérience empirique du visage et altérité infinie du tout autre, Lévinas laisse venir, dans sa philosophie, le non philosophique

Avec Lévinas, le judaïsme comme expérience de l'infiniment-autre se produit comme logos

Par son écriture, son geste stylistique, ses métaphores, ses retours et mouvements insistants, le texte de Lévinas n'est pas un traité : c'est une oeuvre

Par sa problématique du visage, Lévinas affirme la primauté de l'entendre et de l'expression, la hauteur de la parole et de la voix

Chez Artaud comme chez Marx, l'oeuvre est la métonymie de Dieu ou du Démiurge : ce faussaire qui insinue la différence aliénante entre moi et moi

La mémoire n'est pas une propriété du psychisme parmi d'autres, elle est l'essence même du psychisme

Le moi de Lévinas, sans différenciation ni altérité intérieures, est assimilé à l'homogénéité du Même et de la totalité finie

La non-violence absolue dont Derrida dénonce, en 1963, l'impossibilité, fera retour plus tard dans son oeuvre comme don ou hospitalité inconditionnels

La tradition occidentale - art, théâtre, politique, théologie, philosophie - fait prévaloir la structure de la représentation, dominée par la parole d'un auteur-créateur absent

Il n'y a pas d'écrivain solitaire : sur la scène de l'écriture, l'oeuvre est l'enjeu d'un drame ou d'une guerre, entre le premier lecteur [qui la dicte] et l'auteur [le premier à la lire]

Rejetant avec dégoût toute économie répétitive, Artaud promet l'oeuvre affirmative, unique

Entre Eros et Thanatos, toute la pensée n'est que différance, chemin de détour, retardement, surséance et substitution

La philosophie est le gigantesque aveu d'une crise : penser une écriture, une économie, dans la terreur d'être fou

A l'origine de la philosophie, les puissances de la déraison entretiennent une autre lumière, une lumière noire proche de la source vive du sens

Le langage de la raison, c'est le langage "en général"; et l'histoire de la Raison "en général", c'est l'histoire du sens

On ne peut se retirer de la solitude du "Il y a" anonyme et neutre que par la vérité impensable de l'expérience vive : rencontre du visage

L'écriture psychique, qui crée ses signifiants et produit leur signifié, ne distingue jamais radicalement entre signifiant et signifié

Le signifié central originaire n'a pas de lieu naturel, il est une fonction où se jouent à l'infini substitutions de signes et systèmes de différences

Il faut radicaliser la pensée freudienne de la trace

Si le théâtre, aujourd'hui, déclare sa fidélité à Antonin Artaud, c'est pour ranimer la nécessité de l'"oeuvre présente de l'affirmation"

Penser la trace, c'est accepter son effacement, sa disparition irrémédiable, non par accident mais comme l'horizon qui rend l'inconscient possible

La trace est itinérante : elle se fraye un chemin qu'elle ne reconstitue qu'après-coup, elle produit sa route avec retard

Dès l'origine, la vie est menacée par la mémoire qui la constitue (la trace); elle résiste en différant l'investissement dangereux, en constituant une réserve

On ne peut réprimer la pire violence - celle du silence primitif et pré-logique -, respecter l'autre, que dans la finitude d'une expérience, un compromis pacifiant entre le moi et l'autre

La pensée freudienne de l'après-coup, ce supplément originaire, est la seule qui ne s'épuise ni dans la métaphysique, ni dans la science

Le "bloc magique" de Freud est une machine d'écriture, une métaphore du fonctionnement de l'appareil psychique comme texte

Descartes n'exclut pas la folie, au contraire; même si je suis fou, le Cogito existe - par l'hypothèse du Malin Génie, la folie est accueillie dans l'intériorité la plus essentielle de la pensée

La folie, cette "absence d'oeuvre", est la part de silence irréductible contre laquelle le langage peut surgir - et il ne peut surgir, par essence, que contre elle

Entre la sagesse et le savoir, une différance irréductible induit une précipitation éthique : répondre aux urgences de la vie sans attendre les réponses de la science

Artaud : un quelque chose de furtif (Dieu) m'a volé le premier cri : mots, voix, souffle, chair, corps, geste, vie; cette valeur qui m'est dérobée, je la défèque, je la produis comme oeuvre

La certitude de l'absence du Dieu juif définit la modernité et commande toute l'esthétique et la critique modernes

Le sujet se brise en se représentant dans le mouvement par lequel le livre, articulé par la voix du poète, se plie et se relie à soi

L'au-delà de la clôture du livre est dans un "trois" qui répète et se dérobe à la répétition

La métaphysique humaniste ne se demande jamais "en quelle manière l'essence de l'homme appartient à la vérité de l'être"

Le poète et le rabbin ne se rejoindront jamais, car la poésie est à la prophétie ce que l'idole est à la vérité

Il faut en passer par un lieu d'irresponsabilité absolue, de déperdition totale de l'existence, pour proférer l'unique

Dans le théâtre d'Artaud, une loi est remplacée par une autre : la voix qui commande aux signes est destituée pour celle qui commande au souffle

Artaud se révolte contre la différance, ce système de relais organiques qui dérive les forces vers le signe et la parole articulée

Artaud a voulu effacer la répétition en général, qui était pour lui le mal; seuls le geste ou la parole qui n'ont lieu qu'une fois et qui sont oubliés sans réserve sont dignes de son projet

En désirant un théatre impossible, Artaud s'est tenu au plus proche de la clôture de la représentation

Artaud aura voulu faire voler en éclats l'économie de l'art classique : la structure de vol qui dérobe sa parole et son souffle loin de son corps

Au nom de la souveraineté de la parole et du corps, Artaud cherche un salut par la destruction de l'oeuvre - mais c'est un salut onto-scato-théologique

Pour Artaud, le point à trouver est celui qui précède tout texte : un point introuvable d'une vie sans trace

L'opération souveraine de Bataille est l'inscription dans le discours d'un point de non-réserve qui excède la logique, le sens, la vérité

Chez Descartes, aucune signification sensible ni aucun noyau de certitude irréductible ne résiste au doute

Freud invente une machine d'écriture (graphie métaphorique) qui n'est assujettie ni à l'écriture phonétique, ni à la parole vive

On peut interpréter les différences repérées par Freud dans la production de la trace comme moments de la différance

Chez Lévinas, un "dire à Autrui" précède toute ontologie

La différence entre la structure mineure - nécessairement close - et la structuralité d'une ouverture, tel est peut-être le lieu insituable où la philosophie s'enracine

Au théâtre classique, qui ordonne la représentation dans la différance d'une structure de langage, Artaud oppose un autre langage tout aussi rigoureux et déterminé

Dieu s'est séparé de soi en laissant le silence interrompre sa voix : son écriture commence avec les Tables, à la voix rompue et à la dissimulation de sa Face

Dès 1963, Derrida se voit comme un nouveau Moïse qui porte à l'autre la Table nouvelle de l'écriture

Pour Dieu seul, la franchise de l'expression est du côté de la parole vive

Dieu apparaît comme ce qu'il est dans la différence et dans la dissimulation

Quand manque la voix de Dieu ou du poète, il faut se contenter de ces vicaires de la parole : le cri et l'écriture

Le Juif élit l'écriture qui élit le Juif en un échange qui est l'historicité même

Le juif pleure la voix perdue en larmes noires comme trace d'encre

La destinée du peuple juif est de s'interposer entre la voix et le chiffre

"Manger la loi écrite" est la figure biblique où l'écriture se garde en s'effaçant, où sa trace séparée de la chair remplit la bouche

L'écriture et la différence, par Jacques Derrida (1967) [EED]

 


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DerridaBiblio

1967_EEDAAA

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ZR.EED

YYA.1967.Derrida.JacquesGenre = -