La plupart des concepts utilisés par Freud (par exemple : sujet, inconscient, conscient, réalité, mémoire, etc...) restent englués dans la métaphysique, mais sa problématique ne s'y épuise pas. Sa pensée de l'après-coup, son concept de trace, sont irréductibles à l'idée d'une présence pleine ou d'une substance immobile. Jacques Derrida veut la radicaliser, mais que signifie ce mot? Accepter son effacement, sa disparition irrémédiable.

Une pensée active de la déconstruction fondée sur une telle radicalisation s'exercerait dans différents champs [plus larges que ceux de la psychanalyse traditionnelle]. Jacques Derrida dresse une liste de ces champs :

- la question juridique de la responsabilité,

- l'histoire de l'écriture,

- une analyse de la littérature plus respectueuse de l'originalité du signifiant,

- une nouvelle graphologie psychanalytique (dans la lignée de Mélanie Klein)....

- Faut-il ajouter "et cetera..."?

Dans son oeuvre ultérieure, ces champs seront explorés avec des notions comme khôra, subjectile, etc..., le concept de trace se radicalisera.

Dans la même page, Derrida parle une fois du "concept" de trace, et une fois de "pensée" de la trace. On retient ici le terme de pensée, dont il vante, dans "De la grammatologie", la neutralité, la blancheur, et dont il donne une définition : "pensée parce qu'échappant au binarisme et le rendant possible à partir de rien", ce qui laisse entendre que le concept, lui, n'échappe pas au binarisme, car il est assujetti au logos. Choix de vocabulaire qui invite à passer de l'idéalité du concept au mouvement de la pensée.