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Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) :              
Jacques Derrida - "Economimesis", Ed : Aubier-Flammarion, in "Mimesis des articulations", 1975,

Economimesis (Jacques Derrida, 1975) [Economimesis]

   
   
   
                 
                       

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Ce texte de 36 pages a été publié en 1975 dans l'ouvrage collectif "Mimesis des articulations" (pages 57 à 93), dans lequel intervenaient aussi Sylviane Agacinski, Sarah Kofman, Philippe Lacoue-Labarthe, Jean-Luc Nancy et Bernard Pautrat, un ouvrage qui se voulait novateur dans son écriture, dans ses thèmes et aussi dans sa présentation. Dans le texte qui sert de préface, un "je" fictif renvoie à l'ensemble des six signataires, sans les distinguer - ce qui explique peut-être que ce texte n'aie pas été inclus dans le recueil La vérité en peinture publié en 1978, où il aurait logiquement trouvé sa place vers la page 135.

Quoiqu'il en soit, Economimesis est un texte fort important. On pourrait dire, en utilisant des mots qui n'étaient pas exactement ceux de Jacques Derrida, que c'est le lieu où il développe sa théorie de l'esthétique : le rapport entre l'art, la beauté, la mimesis, le discours et cet élément refoulé, inassimilable, dont on ne peut pas les séparer : le dégoût. Car pour présenter l'hypothèse retenue dans ce texte, c'est du dégoûtant qu'il faut partir, de ce tout-autre inassimilable, irreprésentable, qu'on ne peut ni arrêter, ni encadrer, ni arraisonner, qui ne peut que se vomir. Si rien ne peut se substituer au dégoût dans le système logocentrique, alors quel rapport a-t-il avec le beau? Et avec l'art? Pour comprendre cela, il faut en passer par Kant (abondamment cité dans ce texte) et par Freud (pas cité une seule fois, ni en tant que tel, ni par le biais de la sublimation). Car le beau, comme le dégoût (et comme la beauté freudienne, mais ici Derrida ne le dit pas), est coupé de toute finalité. S'annonçant par des signes, des traces, des clins d'oeil silencieux, il est sans concept (comme le dégout), mais - contrairement à l'expérience du dégoût - il procure un cadre, un parergon qui lui permet de s'intégrer dans l'idéalisme transcendantal.

Entre le dégoût, étranger à toute économie, et l'art, qui participe d'une economimesis - combinaison d'économie et de mimesis, il n'y a ni polarité, ni complémentarité, mais exclusion radicale, forclusion. Le dégoût ne produit rien, mais l'art est une économie, une productivité pure qui, selon Kant, est le privilège absolu de l'humanisme - ou plutôt de ce qui, dans l'homme, se compare le plus à l'acte divin. L'économimesis - s'appuyant sur les systèmes logocentriques, ces systèmes d'opposition qu'elle peut, dans sa surabondance, finir par effacer - produit, propage et multiplie. Comme le dégoût, elle trouve sa source dans la bouche, là où ça parle. Dans son rapport à l'oreille, la bouche s'affecte elle-même. C'est la structure du "s'entendre-parler", celle d'une oralité exemplaire (exemploralité) qui passe par la voix, cet organe pas comme les autres à partir duquel toutes les valeurs s'organisent, le logos s'institue, la loi morale - celle des sujets libres et autonomes - s'instaure, les Beaux-Arts et la poésie trouvent leur place au sommet de la hiérarchie [celle de Kant et de la pensée classique]. Qu'est-ce alors que le beau? Le lieu d'un passage à la limite, d'un effet parergonal, par lequel le système organisé du langage se mesure à une loi de supplémentarité. Mais l'hétéro-affection expulsée avec le dégoût ne disparaît pas. Elle est toujours là, toute autre.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

Kant construit le concept d'art à partir de la liberté, pour réaffirmer le privilège absolu de l'humanisme

En produisant, se propageant et se multipliant, les oppositions finissent toujours par s'effacer

Entre la bouche et l'oreille, une oralité exemplaire (exemploralité) met en jeu la structure auto-affective du "s'entendre-parler"

Sevrés de toute finalité externe, nous intériorisons par la bouche notre existence libre et autonome, c'est-à-dire morale

Pour Kant, la bouche n'est pas un organe comme les autres : à partir de la voix s'organisent tous les lieux, se localisent tous les organes, se hiérarchisent toutes les valeurs

Dans la tradition métaphysique, le logos est l'origine

L'artiste n'imite pas les choses de la nature, mais il imite en tant que sujet-auteur la production de la nature ou l'acte divin

Le beau tient à quelque effet parergonal : les Beaux-Arts sont toujours du cadre et de la signature

La beauté, comme entente coupée de toute finalité (le "sans de la coupure pure") s'annonce par des signes, des traces, des clins d'oeil silencieux où "ça parle"

Le beau se dit d'un passage à la limite entre l'acte producteur et le produit, entre la subjectivité productrice et l'objet

Il y a dans les Beaux-Arts à la fois l'organisation hiérarchique des métiers et l'ouverture d'un espace de jeu et de communication universelle entre sujets libres

Ce qui suscite le dégoût est innommable dans le système logocentrique : c'est l'autre absolu, indicible, auquel aucune représentation ne peut se substituer

On ne peut pas faire son deuil du dégoûtant : on ne peut que le vomir

L'énergie du dégoût reste toute autre, inassimilable et absolument refoulée

On ne peut rien substituer au dégoût : ni l'arrêter, ni l'encadrer, ni l'arraisonner, ni se demander "Qu'est-ce que c'est?", ni même le nommer

L'art participe d'une economimesis : économie pure où le propre de l'homme se réfléchit dans sa productivité

L'economimesis est une économie générale où la voix (la parole, la poésie ou l'art) donne sans recevoir d'autre salaire qu'une surabondance infinie

Dans la société logoarchique, l'analogie est la règle qui soumet le jugement à une loi de supplémentarité

Quand "ça parle" ou "ça exprime", la bouche s'affecte elle-même puisqu'elle ne prend rien au-dehors et prend plaisir à ce qu'elle met dehors

La parole poétique est l'équivalent analogique général des Beaux-Arts, la valeur des valeurs : en elle s'effectue le travail de deuil qui transforme l'hétéro-affection en auto-affection

Economimesis (Jacques Derrida, 1975) [Economimesis]

 


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Sources
DerridaBiblio

1975_ECONOM

YYA.1975.Derrida.Jacques

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