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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) : Sur l'"otobiographie", néologisme derridien               Sur l'"otobiographie", néologisme derridien
Jacques Derrida - "Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre", Ed : Galilée, 1984,

Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre (Jacques Derrida, 1984) [Otobio]

   
   
   
                 
                       

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Table

En 1984, Jacques Derrida décide de publier le texte intégral d'une conférence prononcée pour la première fois à l'Université de Virginie (Charlottesville), probablement autour de juillet 1976 - un lieu hanté par le fantôme de Jefferson. Elle réunit des textes d'origines différentes :

a) Le chapitre I écrit spécialement pour la conférence de 1976, à l'occasion du bicentenaire de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis d'Amérique, le 4 juillet 1776.

p11 : I. Déclarations d'Indépendance.

b) La deuxième séance du séminaire La vie la mort (1975-76), légèrement modifiée et partagée en deux chapitres.

p33 : II. Logique de la vivante.

p71 : III. De l'Etat - Le signe autographe

c) Une courte conclusion, probablement écrite pour l'occasion.

p115 : IV. Omphalos.

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Une partie de la même conférence a été prononcée une deuxième fois à l'Université de Montréal le 22 octobre 1979 à l'occasion d'un colloque dont les actes ont été publiés au Canada en 1982, sous la direction de Claude Lévesque et Christie V. McDonald, sous le titre général : L'oreille de l'autre, otobiographies, transferts, traductions. On trouve dans cette dernière publication la transcription des débats de deux tables rondes tenues à cette occasion, l'une sur l'autobiographie, l'autre sur la traduction.

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Ce qui fait l'unité de ce livre et justifie sa publication séparée tient peut être à un mot, son titre : otobiographie. Ce néologisme n'apparaît jamais dans les séances du séminaire prononcé en 1975-76, et ne figure pas non plus dans le texte sur la Déclaration d'Indépendance. On le trouve pour la première fois dans la conférence lue en octobre 1979 à l'université de Montréal. Dans le livre publié en 1982, le titre de la transcription est Otobiographie de Nietzsche (au singulier), expression reprise sur chaque page de la publication. Dans la discussion qui a eu lieu à Montréal le lendemain (23 octobre 1979), Christie V. McDonald parle à propos de ce mot de "dérapage". Sans retenir la notion de dérapage, Derrida confirme une certaine inversion : "En ce qui concerne, tout d'abord, la transformation jouée, bien sûr, de auto en oto, transformation qui s'est renversée d'une manière chiasmatique aujourd'hui, elle est tellement bien calculée par l'institution qu'aujourd'hui nous sommes dans le Grand Pavillon alors qu'hier nous étions ailleurs" (p69). Par son jeu de mots, Derrida compare l'un des pavillons de l'université montréalaise au pavillon de l'oreille - façon d'introduire cette question de l'oreille dans une problématique institutionnelle, celle de l'enseignement, dont la transmission passe de bouche à oreille. Or, dans ce texte, c'est d'un au-delà de cette transmission qu'il est question.

En 1984, la conférence est reprise sous un titre encore différent, aux éditions Galilée, Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre, avec des modifications mineures. Cette fois le mot est au pluriel dans le titre du texte, mais il n'apparaît toujours pas dans le corps du texte. Sur cette question du pluriel, on peut observer que la publication de 1982 (L'oreille de l'autre) est suivie d'une discussion dans laquelle, pour chaque participant, c'est Derrida qui est en position d'écoute. Le fait que le mot "otobiographie" n'apparaisse que dans des titres, c'est-à-dire en position de surplomb, d'autorité, pourrait faire croire que Derrida aurait voulu donner à ce mot, otobiographique, une résonance particulière, plus auditive, plus exigeante. C'est un mot en plus, ajouté postérieurement, qui nomme après-coup ce qu'il aura fait dans ce séminaire et peut-être ailleurs, un mot qui nomme un retard, et intervient avec retard, un mot dans lequel l'écoute universitaire est contaminée par l'autobiographie.

Selon Derrida, le rapport bouche - oreille, oral, est l'exemple même de la structure du s'entendre-parler. Quand nous parlons, nous nous entendons, sans passer par aucun dehors. Dans ce processus, l'intelligence et la parole sont liées, la bouche et l'oreille sont présentes simultanément. L'axe bouche-oreille, incontournable pour le sujet qui s'entend lui-même, est aussi incontournable dans les situations de transmission de la vérité. Le logos se produit à travers la voix, dans l'évidence de la présence à soi-même, ou par la présence du père dans la relation filiale. Ce lien ombilical entre une bouche vivante et une oreille est indissociable de l'enseignement académique. Il reconnaît la nécessité de ce passage par l'oreille, y compris pour lui-même dans son enseignement. "Je me parle à moi-même d'une certaine manière et mon oreille est immédiatement branchée sur mon discours et sur mon écriture", dit-il (LODLA p70). Il n'y a pas de retard dans cette expérience-là, mais dès lors que dans l'oreille de l'autre (de l'auditeur), il y a des différences, alors on n'est plus dans l'entendre-parler, mais dans le contrat, dans l'alliance. Entre ma vie et mon œuvre, quelque chose de nouveau peut arriver. L'auto-bio-graphie se noue à l'auto-thanato-graphie, l'hétéro-bio-graphie, l'hétéro-thanato-graphie et enfin l'oto-bio-graphie - ce "pas au-delà" qui est devenu, après-coup, le titre du texte.

S'il a fait précéder, en 1984, la deuxième séance du séminaire 1975-76 par le texte d'une intervention sur la Déclaration d'indépendance américaine, c'est parce que les effets constatifs et performatifs de cet acte fondateur peuvent être interprétés comme une otobiographie. Pour exister comme peuple, il aura fallu que le peuple américain (passé, présent et futur) contresigne cette déclaration pour qu'il la reconnaisse comme loi, dont la crédibilité est garantie par l'ultime instance, Dieu.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

Dans la différance entre le "je" auto-bio-graphique, le "je" allo-thanato-graphique et le "je" otobiographique de certains noms, peuvent surgir de nouvelles institutions du "oui"

L'oeuvre d'un auteur (son corpus) et sa vie (son corps) sont traversées par la force et la dynamique d'un bord - qui n'est jamais indivisible

En s'ouvrant son propre crédit d'elle-même à elle-même, une signature fondatrice s'invente comme signature, se donne un nom et produit la contresignature qui la garantit

L'acte fondateur d'une institution invente ses signataires, il garde en lui leur signature - ainsi la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis, qui invente le peuple américain

Pour fonder une institution, l'acte requis est à la fois constatif et performatif, archive et production - la distinction entre l'un et l'autre étant indécidable

Avant "la vie / la mort", il y a "la vie / le mort", où la Vivante qui précède le mort s'allie avec lui et vient en plus, en retard, au-delà

Le récit autobiographique de "ma vie" ne tient en place que par le retour de l'alliance, le "oui, oui" donné au don de la vie en un lieu qui n'a pas lieu, sur une bordure disparaissante

Nous ne savons pas encore penser le nazisme, car la machine à produire les énoncés nazis peut aussi produire des énoncés anti-nazis

Nietzsche a mis en jeu son nom - ou mis en scène sa signature - pour faire de tout ce qu'il a écrit de la vie ou de la mort un immense paraphe biographique

Le dégoût de Nietzsche va d'abord à la signature démocratique à laquelle il oppose une autre signature intempestive, à venir, seulement promise

En usant de sa liberté académique, Jacques Derrida propose une certaine démonstration autobiographique; il y prend un plaisir qu'il souhaiterait enseigner

"Rien ne revient jamais à du vivant", au porteur du nom : tout nom est un nom de mort, et tout ce qui revient revient seulement au nom

Il faut aller au-delà du lien ombilical qui, dans l'enseignement académique, se noue entre la bouche (vivante) du père (mort) et l'oreille de l'entendeur (l'étudiant)

Il y a du mal à vouloir réduire la vie à l'objet scientifique de la biologie ou de la biographie, car elle ne fait pas face à la mort : avec son désir, elle est partie prenante du champ investi

Chaque fois qu'un vivant déclare "moi", "je", "je vis", il signe avec lui-même un contrat secret, inouï, il s'ouvre un crédit, une alliance cryptée qui ne peut être honorée que par l'autre

Le "retour éternel" de Nietzsche, c'est qu'il appelle à transgresser d'un pas l'alliance du "Je suis mort" (déjà mort - le père) et du "Je vis" (la Vivante, la survivante - la mère)

Dieu est le nom de l'ultime instance, l'ultime signature qui garantit ce qui doit être - et qui doit être un nom propre

Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre (Jacques Derrida, 1984) [Otobio]

 


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