Derrida
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Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'au - delà, le pas au - delà                     Derrida, l'au - delà, le pas au - delà
Sources (*) : Derrida, la vie, la survie               Derrida, la vie, la survie
Jacques Derrida - "Otobiographies, L'enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre", Ed : Galilée, 1984, pp60-69

 

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Derrida : "la vie la mort" vs "ma vie ma mort"

Le "retour éternel" de Nietzsche, c'est qu'il appelle à transgresser d'un pas l'alliance du "Je suis mort" (déjà mort - le père) et du "Je vis" (la Vivante, la survivante - la mère)

Derrida : "la vie la mort" vs "ma vie ma mort"
   
   
   
Sur l'"autothanatographie", néologisme derridien Sur l'"autothanatographie", néologisme derridien
Derrida, Nietzsche               Derrida, Nietzsche  
Derrida, l'alliance                     Derrida, l'alliance    

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Jacques Derrida analyse les premières phrases du chapitre I du livre de Nietzsche, Ecce Homo, (juste après l'exergue), intitulé Pourquoi je suis si sage. Voici ces phrases : "La chance de mon existence, ce qu'elle a d'unique peut-être, tient à ce qu'elle a de fatal. Pour l'exprimer sous forme d'énigme, en tant que mon propre père, je suis déjà mort, c'est en tant que je suis ma mère que je vis encore, et vieillis. S'il est une chose qui explique cette neutralité, cette absence de parti-pris qui me caractérise en face du problème général de la vie, c'est sans doute cette double origine, - du sommet et du bas de l'échelle de la vie pour ainsi dire -, qui fait de moi un décadent et un commencement. J'ai pour les signes de montée et de déclin flair plus fin qu'homme ait jamais eu, je suis par excellence, maître en cela : je connais les deux, je suis les deux" (Œuvres complètes, tome VIII, p245).

Nietzsche insiste lui-même sur un point : il ne s'agit pas d'un récit autobiographique, mais d'une énigme, une formule expressive [qu'on peut rapprocher d'un certain père-mère d'Antonin Artaud, ou de sa déclaration Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère et moi (Suppôts et Supplications, 1947)]. Il ne faut pas rabattre ces formulations sur les éléments plus biographiques qui arrivent plus loin, quand il traite sa mère et sa sœur de canailles (p248). Le point important, sur lequel insiste Derrida, c'est qu'il fasse état de sa double identité. Je suis à la fois mon père et ma mère, dit Nietzsche. En tant que je suis mon père, je déclare que Je suis mort; et en tant que je suis ma mère, je déclare que Je vis, je suis vivant, je peux vieillir moi aussi. Le côté paternel (la fin, la dégénerescence, la décadence) s'allie avec le côté maternel (la vie, le commencement, l'ascendant). Nietzsche ne se situe pas dans une généalogie, au contraire, il insiste pour dire que "c'est avec ses parents que l'on a le moins de parenté" (p249). Il se situe dans une contradiction, un intervalle. Je suis entre les deux, c'est ma chance, ma fatalité. Je suis le mort, et je suis aussi la vie qui persévère, je suis le père mort, et aussi la mère, la vivante.

 

 

Nietzsche se décrit comme double, divisé, déjà enterré et aussi survivant, père et mère, mort et vivant. La survie de la mère, la Vivante, qui est aussi celle de sa vie et de son texte, déborde le nom de son père, qu'il mentionne comme étranger, polonais. Cette scène de survie est irreprésentable, et pourtant elle est sous-jacente aux énoncés qu'il signe. Entre les deux, entre l'ascension et la chute, il est neutre. C'est cette capacité à occuper ce lieu de double connaissance qui fait de lui un maître. Ici Jacques Derrida n'écrit pas la vie la mort, comme le titre de son séminaire, ni la vie ou la mort, mais la vie ou le mort (Otobiographies, p69). Nietzsche prend acte d'une alliance entre la logique du mort et celle de la vivante, il la personnifie, mais la condamne aussi quand elle se fige dans l'enseignement académique. Cette structure, pour Derrida, n'est pas exclusivement nietzschéenne. C'est une structure élémentaire de la parenté (allusion à Lévi-Strauss, et aussi à une certaine interprétation de l'Œdipe freudien), et aussi à une logique quasi-chrétienne ou christique qu'il a nommée logique de l'obséquence dans Glas (cf le séminaire 1975-76 La vie la mort p60, Otobiographies p66). Entre les deux logiques, la Vivante (ascendante) et la mort (décadente), il y a l'anneau de l'éternel retour. Les deux logiques ne se nient pas, elles n'entrent pas en opposition ni en dialectique mais en mouvement, en marche - une "dé-marche de franchissement ou de transgression impossible" (p69). On ne peut aborder la mort qu'en ayant un seul pied au-delà de la vie. Ce pas au-delà, toujours en chemin mais jamais abouti, qui s'annule en se franchissant, s'altére en conservant son au-delà, Derrida en aura trouvé la structure chez Maurice Blanchot.

La singularité du pas au-delà de Nietzsche, c'est qu'il raconte le retour éternel de sa vie passée en tant que vie et non pas en tant que mort (p55). Il se raconte ce retour à lui-même, il se le récite, sans supposer au je qui raconte [la voix narrative de Blanchot] d'autre existence que ce récit, cette déclaration. Dans cette pensée affirmative du "oui oui donné au don, sans ombre, à la maturité du midi" (p56), la venue de l'événement se pense autrement. Quelque chose comme "ma-vie" revient sur une limite disparaissante, un hymen où, à chaque tour d'anneau, se constitue un protocole impossible de lecture et d'enseignement. Alors que la vivante (la mère) survit en enterrant le nom à chaque tour, Nietzsche appelle à une survie où, à chaque tour, ma-vie (re)naît à chaque fois du mort et de la vivante, de l'un et de l'autre, des deux, "la mort la vie". "Pour pouvoir comprendre la moindre chose à mon Zarahoustra, on doit peut-être se trouver à peu près dans la même condition que moi - avec un pied au-delà de la vie" écrit Nietzsche (O.C. tome VIII, p530). Après avoir cité ce passage (p69), Derrida ajoute : "Un pied, et par-delà l'opposition entre la vie et la mort, un seul pas". Ce pas unique, c'est celui d'une marche / dé-marche réitérée vers une autre oreille, un autre entendeur.

 


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