Derrida conteste la position de Foucault pour qui le Cogito implique l'exclusion de la folie. Selon lui, Descartes ne dirait pas "Moi qui pense, je ne peux pas être fou"; mais : "Mon acte vaut même si je suis fou". La certitude d'exister du Cogito ne tient pas à ce que la folie objective soit mise à l'écart, mais à ce que le Cogito échappe à l'alternative entre folie et raison. Il ne s'agit pas d'enfermer la folie, mais de faire retour vers un point originaire où je peux penser, même si je reconnais la folie comme une possibilité. Ce point se reconnaît dans la guerre avec le démon, une guerre qui n'implique pas l'homme naturel, mais le moment inaugural qui est le propre du Cogito. Au-delà de la présence, la démesure du doute hyperbolique ouvre et fonde le monde, dans un excès inouï, singulier, qui fait rentrer la violence dans le monde.

Le projet hyperbolique de Descartes est irréductible à toute totalité déterminée.