Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, la différance                     Derrida, la différance
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 28 août 2005 Oeuvre, arrêt, différance

[Derrida, la différance]

Oeuvre, arrêt, différance Autres renvois :
   

Derrida, l'espacement, l'"entre"

   
   
Orlolivre : comment ne pas tenir? Orlolivre : comment ne pas tenir?
                 
                       

1. Quasi-concept.

Parmi les nombreux néologismes attachés au nom de Jacques Derrida, la différance est l'un des plus connus. Le mot avec son orthographe différante a été inventé au plus tard en 1963 et utilisé jusqu'à la fin. C'est plus qu'une marque de fabrique : c'est l'autre sorte de concept, le concept étrange, le non-concept qui rattache l'oeuvre derridienne à l'histoire de la philosophie et aux courants de l'époque, du structuralisme à la phénoménologie, de Freud à Heidegger, mais toujours à partir d'une extériorité, d'un non-lieu ou d'un autre de la philosophie.

La différance donne à penser, même si Derrida soutient qu'elle n'est pas un concept mais la possibilité même du concept. Elle est impensable, infinie, innommable. Sa trace étant enfouie, effacée, oubliée, on ne peut la nommer qu'à partir du tracé laissé par son effacement ou par les chaînes d'autres mots qu'elle produit. Elle n'a jamais été inscrite dans aucune langue. Aucun mot ne peut la résumer. Elle n'est qu'une trace, un pas, mais aussi un mouvement actif, productif et conflictuel qui ouvre l'histoire, avec ses différenciations, ses codes, ses séries, son écriture.

 

2. Originaire, mais sans origine.

Il n'y a pas d'origine, et pourtant, la différance, qui n'existe pas, est originaire. Elle l'est même absolument. Elle précède l'être. Elle est comme le gramme, plus vieille, plus élémentaire que la vérité. Ce type de paradoxe peut sembler facile. Il est au coeur du projet philosophique de Derrida : la différance ne diffère pas par son concept, mais par son acte (l'archi-écriture). Elle désigne un lieu d'origine fictif, une impureté ancrée dans des frayages inconscients, d'où proviennent les langues et la société, le logos, la connaissance, la philosophie et les livres. Qu'est-ce que ce lieu? Il est en rapport avec ce qu'on appelle le référent, ce "contexte" mouvant qu'on ne cesse de réinterpréter. En ce lieu, prolifèrent des semences sans père. La différance séminale n'a ni but, ni trajet, ni destin pré-établi, ni logique. Le savoir la refoule.

Retrouver l'origine est un fantasme de philosophe (et aussi de psychanalyste). Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? Comment sortir de la tautologie pure? Derrida trouve chez Heidegger la réponse que celui-ci a cru trouver chez Héraclite : Il faut entendre le combat originaire, la force conflictuelle autour de laquelle peuvent s'unifier le logos et le phileîn (aimer, aimance). Il se pourrait que cette force-là soit la différance.

Que signifie ce désir d'originarité, ce mouvement vers une archi-origine qui n'est jamais la dernière? On touche ici à la dimension eschatologique de la différance. Comme la Cabale, la différance est énigme, trace, mais aussi réception et événement de texte - un événement imprévisible, excessif, extrême.

 

3. Rien.

C'est Freud qui, à sa façon, a découvert la différance comme retard, retardement (après-coup). Entre Eros et Thanatos, toute pensée n'est que surséance et substitution. A travers son principe de plaisir puis sa pulsion de mort, Freud a considéré le vivant comme un réseau de différences de forces, qui conduisent toutes à l'inorganique, à la mort. Mais quand il a voulu spéculer sur ce thème, "Au-delà" du principe de plaisir, quand il a voulu rendre compte de cette compulsion répétitive dont il repérait les traces, il a préféré s'arrêter. Ni la science, ni la philosophie ne lui étaient d'aucun secours. Cette hétérogénéité toute autre, cette hantise porteuse d'un arrêt de mort mais instable, insaisissable, il n'a pas voulu les théoriser jusqu'au bout. Il a laissé aux lecteurs le soin de le faire. Derrida, saisissant la perche, a nommé cela une stricture, une graphique de la différance.

Pourtant le quasi-concept de différance n'est pas freudien (pas plus qu'il n'est heideggerien). Comme telle, en tant qu'elle est ce qui diffère, introduit un délai, elle n'est rien. Mais c'est un rien qui donne, et parmi ces dons, il y a la vie, et aussi le temps. En excès sur le don, entre économie et anéconomie, elle produit l'exigence du contre-don.

La différance maintient les distances. En ce lieu vide, l'accès à soi est toujours différé. La loi se tait. Comment trouver une protection? Il faut bloquer les éléments étrangers, arrêter, au risque de l'auto-destruction. les éléments qui menacent. C'est la loi d'auto-immunité, irréductible et indépassable.

 

4. De l'absence aux différences.

Il y a, entre le mouvement de la différance et la voix, une relation étrange, ambiguë. Pour qu'émergent la présence, l'espace, le monde ou le corps, il aura fallu l'opération de la voix. Pour parler, je dois faire un détour par la langue. Mais ce système de différences excède l'identité à soi. Le sujet est produit, entre le spectre et l'esprit, dans un rapport à soi qui est aussi une différence avec soi, sans que jamais son intention ne soit pleinement actuelle.

La différance suppose une absence spécifique, qui ne saurait être une modification de la présence. Cette absence n'est pas une abstraction. On peut l'éprouver, par exemple, par l'imagination, faculté virtuelle la plus active, dans le devenir-espace du dessin, ou encore sur l'une des scènes de la représentation, le théâtre. Partout la différance fracture, suspend la présence, fissure l'identité à soi.

 

5. Aujourd'hui.

On peut, à partir de la différance, penser le plus irréductible de notre époque, Avant même que des dispositifs techniques comme le téléphone n'aient été inventés, elle était à l'oeuvre dans la tekhnè moderne. Les inventions et les télé-technologies, avec leur illusion de temps réel, la répètent et la réitèrent.

A condition de ne pas la prendre au sens d'une conscience ou d'un calcul, la différance est aussi la structure la plus générale de l'économie. En retardant, mettant en réserve les éléments instables (pharmaka) dans le temps même où ils produisent la différance, elle rassure, elle laisse souffler la parole.

Il arrive que la différance émerge, qu'elle libère la parole. C'est un événement, un acte violent qui peut se produire dans le travail conceptuel, l'écriture ou l'art, dans un simple doute, en un clin d'oeil ou dans l'urgence. A l'époque classique, le théatre la mettait en scène. A l'époque moderne, depuis Van Gogh, le cinéma ou la psychanalyse la favorisent. La machine peut y contribuer.

Quand la différance ouvre l'écriture, la face du père se retire. En ce lieu, avant le sujet, se situe Artaud. Derrida la rapproche de sa propre circoncision, sans moi ni mémoire, dans un rapport à la mère plus qu'au père.

 

6. A venir.

Ce que Derrida appelle déconstruction et qui est pour lui le seul avenir désirable, digne d'intérêt, c'est de laisser se mettre en mouvement la différance de l'autre. Après tout c'est ainsi que la nature devient productive. En s'opposant à ses "autres", en les accueillant en-dedans, elle se met elle-même en différance. Elle met en oeuvre une économie où le rapport avec l'extériorité, l'altérité radicale ou absolue, déclenche une logique dangereuse (car elle nomme aussi la mort), une dérive immaîtrisable des signes, une contaminaton qui ruine toutes les oppositions, y compris celles qui paraissent les mieux établies au coeur du droit.

La pensée de la différance invite-t-elle à un nouvel humanisme, à une autre définition du propre de l'homme? A une "démocratie à venir", toujours virtuelle et inachevée? Refuser tout assujettissement à la présence induit-il une transcendance? Derrida se méfie de ces mots-là. La différance ne peut se penser qu'au-delà de la métaphysique. Se différant sans cesse, elle détruit toute relève au sens hegelien. D'elles peuvent surgir de nouvelles institutions du "oui", qu'on ne peut ni arraisonner ni la réduire.

Il arrive aussi que la différance se fige ou s'efface, dans un souffle, une oeuvre ou une organisation hiérarchique, ou dans la fête populaire, comme l'espérait Jean-Jacques Rousseau. C'est une de ses règles de production : bien qu'elle soit inarrêtable, elle doit s'arrêter. Elle est alors impénétrable, interdite comme la loi. Elle est prise dans un chiasme : entre la dissémination et la réappropriation.

 

 

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Propositions

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A l'origine de toutes les différences, ouvertures et failles, le mouvement actif de la différance est différé, refermé, suturé

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La différance n'est ni un mot, ni un concept : c'est un faisceau propre à penser le plus irréductible de notre époque

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La différance n'est pas un concept, mais la possibilité de la conceptualité, le mouvement de jeu qui produit les différences

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La différance est un mouvement productif et conflictuel, irréductiblement disséminant, qui inscrit les contradictions sans les relever

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Le mot "différance" compense la déperdition de sens du mot "différence"

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La différence est une structure originaire : l'ouverture de l'histoire, de l'historicité elle-même

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La différance, concept économique désignant la production du "différer", est plus originaire que la différence ontico-ontologique

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Dans la chose qu'on donne, à même cette chose, une force qui n'est rien [la différance] donne le temps

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Le don est un mouvement de différance temporelle qui diffère de l'échange par l'excès, la démesure

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Avant le sujet, avant l'objet, avant l'être lui-même, il y a une projection, une jetée

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Le pharmakon est le milieu élémentaire, mixte, antérieur, impur, où se produit la différenciation

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L'absolu originaire n'est présent qu'en se différant sans relâche

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Un point de non-remplacement dans le système des significations est le point fictif d'origine des langues, de prohibition de l'inceste et de naissance de la société : la différance

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La loi de la loi, c'est qu'il ne faut pas approcher, représenter ni pénétrer l'origine de la différance

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La découverte de Freud, c'est le retard originaire qui est espacement, différence pure, différance

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La trace (pure) est la différance

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La trace de la différance s'efface elle-même. Disparue dans l'oubli, elle est innommable comme telle, illisible dans la forme de la présence

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Dès l'origine, la vie est menacée par la mémoire qui la constitue (la trace); elle résiste en différant l'investissement dangereux, en constituant une réserve

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On peut interpréter les différences repérées par Freud dans la production de la trace comme moments de la différance

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Le gramme, comme différance, est le concept le plus général de la sémiologie, qui devient grammatologie

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Les concepts d'archi-trace et de différance ne sont ni freudiens ni heideggeriens

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La différance précède la métaphysique mais aussi déborde la pensée de l'être, car c'est elle qui rend possible le sens de l'être (avec ses oppositions) et non l'inverse

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Le sujet est produit, comme rapport à soi dans la différence d'avec soi, dans le mouvement de la différance

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La déconstruction ne conteste ni ne détruit jamais la valeur de vérité; elle la réinscrit dans d'autres contextes interprétatifs et différantiels

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La trace pure, inouïe, est la différance; entre l'apparaissant et l'apparaître, c'est la condition de toutes les autres différences

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La différance n'est pas, n'existe pas

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Le jeu de la trace, qui appartient à l'âge de la différance, est "plus vieux" que la vérité de l'être

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L'archi-écriture, mouvement de la différance, est la différence en ce qu'elle a de plus redoutable

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La différance nous donne à penser une écriture sans présence, sans absence, sans histoire, sans cause, sans archie, sans telos, dérangeant absolument toute ontologie

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Point énigmatique, impensable de la différance : elle est à la fois détour économique dans l'élément du même et rapport au tout-autre, à l'impossibilité de la présence

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Le livre est la dissimulation d'une écriture illisible encore plus vieille que le livre, porteuse d'une interrogation radicale : la différance

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Un tant qu'écriture, le "pharmakon" est un excès, une sortie hors de la série des oppositions; mais il est aussi l'étrange différence qui rend possible la sérialité

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La différance, furtive, s'insinue dans l'oeuvre par l'écriture, maintient les distances, empêche la présence à soi

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Le mouvement de différance entre deux différences (avec un a et avec un e) n'appartient ni à la voix, ni à l'écriture au sens courant, et se tient entre les deux

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Par l'opération de la voix, le sens - ainsi que la présence, l'espace, le monde ou le corps - sont l'oeuvre du mouvement de la différance

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La différance est le détour par la langue par lequel je dois passer pour parler

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La différance est le mouvement selon lequel la langue, ou tout code ou système de renvois, se constitue historiquement comme tissu de différences

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La différance ne pourrait se penser comme telle qu'au-delà de la métaphysique - mais franchir cette limite, ce serait une folie

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Artaud se révolte contre la différance, ce système de relais organiques qui dérive les forces vers le signe et la parole articulée

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La différance est le concept ultra-transcendantal de la vie qui permet de penser la vie et qui n'a jamais été inscrit dans aucune langue

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Penser la différance au-delà de la présence ouvre à l'expérience d'une dérive indéfinie des signes - errance et changement de scènes

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On ne peut nommer la différance - qui est plus vieille que l'être lui-même - qu'à partir des tracés abrités dans la langue que nous parlons

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La vérité du logocentrisme, c'est le discours qui revient au père, en refoulant la différance séminale

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La différance supplémentaire est dangereuse, car liée à la mort

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Prise dans un réseau, un travail de tissage impossible à arrêter, la différance produit des chaînes d'autres mots : gramme, réserve, trace, espacement, supplément, etc...

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La différance est le devenir-espace de la chaîne parlée

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Dès avant le temps, un pas se dédouble et tourne sur lui-même avec une force excessive - sans vérité ni représentation, sans limite entre l'ascension et la chute infinies

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Dans le dessin, il y va de l'expérience du trait et de l'espacement : une expérience "autre" de la différence, irréductible à la logique binaire ou à la visibilité diurne

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Chez Rousseau, l'imagination est déterminée comme différance : faculté virtuelle la plus active, elle est en réserve dans la nature et la transgresse

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Le mouvement de la différance qui ouvre l'écriture est un retrait de la face du père

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Transcendante est la Différence : plus elle avance sur l'origine, plus elle annonce son au-delà, plus l'origine est toujours à-venir

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L'interdiction de la loi n'est pas une contrainte impérative mais une différance : "je t'ordonne de ne pas venir jusqu'à moi"

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Le jeu de la différance fait qu'aucun mot, aucun concept ne vient résumer et commander depuis un centre le mouvement et l'espacement textuel des différences

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Tout ce qui se désigne comme "propre de l'homme" relève de la différance supplémentaire

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Il faut penser la "différance" entre l'humanisme classique et le nouvel humanisme : dans sa gestation, sa formation et le travail de son enfantement

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La loi est un rien qui, dans un lieu vide, diffère incessamment l'accès à soi

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La différance est l'économie qui met en rapport l'altérité radicale ou l'extériorité absolue avec le champ clos et hiérarchisant des oppositions différentielles

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La différance est l'accueil de l'autre en-dedans

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L'intention ne peut jamais être pleinement actuelle, totalement présente à son objet; par son itérabilité vers l'autre, elle est d'avance écartée d'elle-même, différantielle

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Le mot "différance" dit le rapport de deux mouvements : économie et anéconomie, médiation et altérité radicale

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La différance rassure dans une économie, elle met en réserve; la refuser, c'est refuser l'oeuvre et aussi se protéger contre le retour des différences

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Dans la pharmacie, les pharmaka sont tenus en réserve pour la production de la différance

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L'invention est comme une marque ou une trace : un mouvement de différance et d'envoi, dans lequel se loge la possibilité d'une récurrence

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La singularité de l'événement, voilà la chose de la différance

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Le temps, repensé à partir de la différance dans l'auto-affection, fissure la possibilité d'une simple identité à soi

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La trace, racine commune de la rétention et de la représentation, introduit le mouvement de la différance dans la pure actualité du maintenant

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"J'ai dû me porter moi-même lors de ma circoncision" : pour qui sait lire, cela s'écrit dans la différance

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Est présent ce qui se tient à l'abri de la différance

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En tant qu'écriture, la différance suppose une absence spécifique, qui ne saurait (être) une modification de la présence

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Le texte accueille la référence comme différence; il inscrit la différance - qui, elle aussi, est référence - dans la présence

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La différance est impureté d'origine; une différence pure ne serait que présence pleine, c'est-à-dire non-différence

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Le mouvement qui introduit la différance et le langage fracture l'heureuse plénitude, la vivante présence à soi du propre, qu'une fiction rousseauiste décrit comme jouissance

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En pensant la différance et la supplémentarité sous le mode d'une anticipation téléologique et eschatologique, Rousseau voudrait les annoncer depuis l'horizon de leur effacement final

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La consumation de l'hymen est fusion entre-deux, accomplissement de désir qui suspend les différences en inscrivant une différance sans présence

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La différance, qui n'est rien, constitue l'essence de la vie, et la vie, pensée comme trace, avant toute présence, est la mort

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Le vivant n'est rien d'autre qu'un réseau de différences de forces - qui conduisent toutes à l'inorganique, la mort

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Freud spécule sur une "graphique de la différance" qui n'appartient ni à la science, ni à la philosophie, et qu'il ne peut interroger pour elle-même

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La loi d'auto-immunité, qui diffère indéfiniment l'arrivée au but, est irréductible, invincible et indépassable

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Chez Freud, il n'y a jamais "la" répétition, mais une stricture différantielle qui enserre le principe de plaisir, comme un lacet de chaussure, et induit une déconstruction générale

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Le principe de plaisir revient toujours à lui-même, mais une hétérogénéité différantielle, une supplémentarité, un tout autre hantent ce retour à soi

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La structure (ou stricture) principe de plaisir / principe de réalité / pulsion de mort (1, 2, 3 en un) est celle de la différance : si elle s'interrompait, ce serait l'arrêt de mort

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Entre Eros et Thanatos, toute la pensée n'est que différance, chemin de détour, retardement, surséance et substitution

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Entre le spectre et l'esprit passe la différance

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Avec tous ses "autres" (l'art, la loi, la liberté, la société, l'esprit, etc...), le concept de nature déploie la logique du don, qui est celle de la différance

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Le manque est un terme métaphysique qui désigne la différance en tant qu'on ne peut pas l'arraisonner

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Il y a quelque chose de pourri au coeur du droit : une contamination différantielle qui ruine les oppositions, une déconstruction à l'oeuvre

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Une voix sans différance, absolument vive et absolument morte, accomplit le savoir absolu

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La fête où le peuple se donne en spectacle à lui-même efface la différance représentative

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La différance s'arrête quand le jeu ambivalent qui produit des pharmaka semble se fixer en des termes opposés

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On peut considérer la préface d'un livre selon le chiasme : rester comme différance séminale / se laisser réapproprier dans la sublimité du père

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Tout travail conceptuel revient à transformer ou déformer, par le jeu de la différance, le rapport accrédité, autorisé, entre un mot et un sens

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"Déconstruction", "différance", "dissémination" ou "trace" sont des "non-concepts" : des mots intraduisibles qui n'ont pas de contenu sémantique au-delà du langage

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En traversant l'être en vue de se dire et de s'entendre parler, le logos se diffère et se produit comme histoire

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Comme celui de la différance, le concept d'itérabilité a un statut étrange : c'est une autre sorte de concept, un "quasi-concept" hétérogène au concept philosophique du concept

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S'il y avait une définition de la différance, ce serait la limite, l'interruption, la destruction de la relève hegelienne partout où elle opère

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Un combat originaire avant lequel il n'y a rien, pas même les combattants, projette et développe ce qu'on n'entend pas encore, l'inouï

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Toute l'oeuvre de Heidegger se rassemble autour d'une force marquante, le combat (Kampf) qui unifie d'avance l'aimance (phileîn), le logos et le polemos

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La différence entre la structure mineure - nécessairement close - et la structuralité d'une ouverture, tel est peut-être le lieu insituable où la philosophie s'enracine

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A l'origine de la philosophie, les puissances de la déraison entretiennent une autre lumière, une lumière noire proche de la source vive du sens

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"Vouloir-dire le doute hyperbolique", tel est l'acte philosophique cartésien d'ouverture absolue, dont la structure de différance ne peut s'écrire que dans l'économie d'une raison

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Par son absence, l'écrivain pratique l'écriture comme différance et économie de la mort, oubliant l'infiniment autre

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Le pouvoir de l'écriture est lié à la différance politique : hiérarchisation, structuration économico-sociale, délégation de l'autorité

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Au théâtre classique, qui ordonne la représentation dans la différance d'une structure de langage, Artaud oppose un autre langage tout aussi rigoureux et déterminé

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La différance infinie est finie

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Pour Hegel, l'infini positif peut se penser, dans le schème d'une pleine présence à soi

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Le souffle est le plus propre à effacer, dans l'expression naturelle, la différance articulatrice

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Schibboleth est la marque d'un pouvoir différentiel qu'il faut partager avec l'autre, mais qui ne se manifeste que crypté, indéchiffrable

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Le clin d'oeil donne la structure de la différance, dans son excès et son défaut de signification

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[Pour qu'il y ait oeuvre", il faut un arrêt; mais il faut aussi que la différance soit impossible à arrêter]

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Cinéma et psychanalyse témoignent d'une seule et même mutation : un détail ouvre la différance

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Avant tout dispositif portant ce nom dans la modernité, la tekhnè téléphonique est à l'oeuvre, inscrivant la distance, la différance et l'espacement au-dedans de la phonè et de la voix

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Les machines électroniques procèdent de l'extériorisation de la trace qui élargit la différance et la possibilité de la mise en réserve

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Seule la technique peut opérer l'"effet" de temps réel qui n'est qu'un effet particulier de différance

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La salle de théatre, arrachée à soi par le jeu et les détours de la représentation, déchirée par la différance, multiplie en soi le dehors

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La démocratie ne cesse de se différer sans jamais être elle-même, de renvoyer, dans l'urgence d'un "à venir", à la différance, à l'espacement, à l'altérité de l'autre

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Marx détermine la différance comme travail, pratique et retard à la réappropriation

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La différance de Derrida suppose une réception de texte(s) comparable à celle de la Cabale

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La différance relève d'une théologie négative, irréductible à toute réappropriation ontologique, théologique ou philosophique

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Si le pouvoir de différance devenait infini, la vie serait rendue à une présence éternelle : Dieu ou la mort

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La différance, ce désir eschatologique d'originarité, est aussi le mouvement qui disloque et barre l'origine

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Entre la sagesse et le savoir, une différance irréductible induit une précipitation éthique : répondre aux urgences de la vie sans attendre les réponses de la science

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Le seul avenir désirable et digne d'intérêt, c'est de laisser se mettre en mouvement la différance de l'autre

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Le "parallélisme" de Husserl fait apparaître une différence radicale - qui ne sépare aucun vécu mais sans laquelle aucune autre différence n'aurait de chance d'apparaître comme telle

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Il faut passer par la question de l'être, telle qu'elle est posée par Heidegger et par lui seul, pour accéder à la pensée de la différance

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Derrida a utilisé le terme "différance" dès 1963; il en élabore le concept entre 1959 et 1968

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