Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'écriture                     Derrida, l'écriture
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 5 septembre 2005 L'archi - oeuvre

[Derrida, écriture et archi-écriture]

L'archi - oeuvre Autres renvois :
   

Derrida, la marque

   

Derrida, le texte

   

Derrida, la lettre

Orlolivre : comment ne pas écrire? Orlolivre : comment ne pas écrire?

Derrida, le livre

                 
                       

1. Deux écritures, deux textes.

Il y a pour Derrida non pas une écriture, mais deux. L'écriture phonétique, alphabétique, est indissolublement liée à la voix, à la parole, au sujet et au logos; tandis que l'écriture proprement dite ou archi-écriture, celle de la différance, est une force de dislocation du phonocentrisme et du logocentrisme, une différence pure, une différence redoutable. Entre les deux, entre le discours et l'autre texte, il n'y a ni médiation, ni dialectique, ni réconciliation. Pourtant, les deux textes ont une racine commune (la trace ou archi-trait). On ne peut pas les décrire séparément car ils communiquent entre eux et coexistent depuis toujours dans la pensée occidentale.

- 1a. L'écriture alphabétique ou phonétique répond à l'exigence interne de la langue. Elle est liée à la profération de la voix, cet événement ou mouvement d'auto-affection qui se produit dans la parole. Manuscrite, elle est proche du corps, elle lie les lettres, les préserve et les rassemble dans le mot. C'est elle qui porte l'autorité. Par elle, la vérité s'ordonne, conformément au code linguistique (toujours calculable), à la loi et à la logique. Son inscription est généalogique : elle produit le fils et le système hiérarchique, elle organise l'espace et la vie sociale.

- 1b. L'archi-écriture est à l'oeuvre dès l'origine du sens. Quand s'inscrit le nom propre, l'unique, il y a violence. Une énergie fait disparaître le "propre". Le graphein (trait) se retire au profit du graphème, unité de base de tout système, qui peut se léguer ou se transmettre. Le jeu de la différence classificatoire peut commencer.

L'archi-écriture n'a pas de lieu. Ce n'est pas un objet. Elle n'est ni présente, ni situable. Elle n'a pas d'essence. C'est un mouvement comparable au don ou au jeu, un espacement. Un concept s'y rapporte : le gramme, qui est imprenable et irréductible.

L'archi-écriture ne peut jamais être considérée comme une simple modification de la présence. On peut y invoquer la parole vive, mais on ne peut pas la répéter, car elle disparaît. L'écriture rature la présence, elle y supplée, elle la brise. Quand elle imite, elle remplace. Ni elle ni le langage qui, lui aussi, est d'abord écriture, ne seront jamais la simple peinture de la voix : ils s'y ajoutent (supplément). Ils sont en excès.

Dans sa dérive infinie, ultime et irremplaçable, l'archi-écriture ne se stabilise jamais. On ne peut pas penser, ni même écrire, sa dissémination. Si elle vient à la place du nom de Dieu, c'est sans aucune garantie [qu'elle ne soit pas trompeuse], aucune visée transcendantale.

 

2. Auteur, sujet.

Dès sa naissance, l'écriture est abandonnée par son auteur. Elle est orpheline, coupée de la parole et de l'intention de celui qui l'a initiée (son père), laissée à sa dérive. Toutes les citations peuvent se greffer en elle. Répétée machiniquement, à la façon d'une technologie, n'ayant d'autre justification que son itérabilité, elle n'est plus qu'une marque qui ne pourra recevoir un sens que de l'autre qui la déchiffrera. Anonyme, coupée des circonstances de sa production, elle dérive, elle se dissémine. Plus rien ne réside en elle. Son destin est l'errance (destinerrance). Elle ne s'arrête jamais, ni sur un signifié, ni sur un référent (loi de l'hymen). Toute parole vive ayant disparu en elle, elle est parricide par structure, hors-la-loi, exposée à la perte. Avec elle, la face du père se retire. Elle ne peut se penser qu'au-delà du bien et du mal, hors de toute éthique.

Si le sujet se constitue par l'écriture, ce n'est pas positivement, mais dans le mouvement violent de son propre effacement - car son identité n'y survit pas, elle s'y disloque. Ecrivant "Je suis mort", il prend acte d'un arrêt de mort qui a déjà eu lieu. Si quelque chose du moi survit par l'écriture, c'est son absence radicale - sa mort à l'oeuvre. D'une part, on ne peut penser l'écriture que par le devenir-absent et le devenir-inconscient du sujet; et d'autre part, tout signe qui fonctionne malgré l'absence totale de sujet peut être dit "écriture". Tout cela plonge le sujet dans l'inquiétude généalogique. Sa place est prise par un autre, dérobée.

 

3. Il faut écrire, il faut vivre, en plus du rien.

S'il y avait une expérience purement pure du rapport au rien, au néant, il n'y aurait pas d'écriture; mais faute de cette expérience, "il faut écrire". L'écriture ne commence pas, nous y sommes toujours déjà assignés, et elle ne finit pas non plus, malgré la clôture de la métaphysique. Il faut écrire comme il faut vivre, il faut survivre. Cela ne tient ni à un choix, ni à une décision, mais à la marche inarrêtable d'une structure itérative.

"Je m'éc", dit Genet dans Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers et foutu aux chiottes. On peut lire cette expression comme une abréviation de "Je m'écoule", "Je m'écœure", "Je m'écoute", "Je m'écarte", et aussi "Je m'écris". Qu'on choisisse l'un ou l'autre, c'est toujours l'auto-affection qui est en cause, comme Derrida le soutient dans Glas où il fait proliférer les marges. Ainsi la femme qui (s')écrit suspend-elle le logocentrisme, la castration. Comme Nietzsche, elle traverse le voile, le déchire et défait les oppositions.

Le texte plonge ses racines dans l'écriture, mais sa généalogie est inaccessible. N'ayant pas d'origine, il vient toujours en plus. Cette structure supplémentaire, qui altère, affecte et infecte le rapport supposé direct à soi-même et à l'autre (la voix), était ressentie comme malfaisante par Jean-Jacques Rousseau. Ce mal métaphysique ou mal d'archive, ce désir de retour au vécu, hante l'écriture, comme il hante notre époque. C'est lui qui invite à la substitution, une suppléance inarrêtable.

 

4. L'écriture aujourd'hui.

Aujourd'hui la forme-livre est mise en question. De nouveaux supports, pratiques et processus textuels envahissent les écrans, les dispositifs d'écriture et même les bibliothèques. Ce n'est pas l'écriture elle-même qui est menacée (l'archi-écriture), c'est l'écriture linéaire, son organisation, sa constitution, le droit pour certains (qui ne sont pas toujours des autorités reconnues) à appeler "livre" les écrits mis en réserve selon les nouvelles techniques d'inscription et d'archivage. Devant la démocratisation ou sécularisation de l'écrit, on tend à sacraliser les anciennes formes (le codex), on tend à idéaliser la totalité signifiée/signifiante incarnée par le livre. Mais on ne peut empêcher que, dans tous les domaines (pas seulement les télé-technologies : le cinéma, la danse, la musique, les mathématiques ou la biologie...), l'écriture déborde le langage, efface ses limites et excède une parole qui ne cesse de s'étendre au-delà de la présence du sujet.

Mais ce changement d'époque n'est pas linéaire. Entre la clôture du livre et l'ouverture du texte, un mouvement d'errance se répète. Ce qui se déploie sous une nouvelle forme n'est autre que l'écriture générale, avec son énergie aphoristique et les ruptures de l'horizon de sens portées par toute expérience, tous les langages et tous les ordres de signes.

Aujourd'hui la turbulence est générale. La crise du logos déconstruit toutes les significations, y compris celle de vérité. L'écriture alphabétique apparaît comme finie, débordée, y compris par l'expérience contemporaine de l'image. La mutation du livre ne transforme pas que les pratiques d'écriture, elle transforme le rapport du vivant à soi : le corps, les mains, le visage, les yeux, la bouche, le cerveau. Pour en parler sérieusement, il faut renoncer à toute téléologie et aussi à toute évaluation, qui ne peut être que naïve ou prématurée. L'"autre livre" à venir, dans son imprévisibilité, apparaît comme monstrueux ou hors-la-loi - rien ne permet de le juger a priori.

 

5. Ecrire (une oeuvre).

Ce qui, aujourd'hui, se donne à penser concernant l'écriture dépasse l'homme, la raison, la science.

Toute oeuvre - qu'elle prenne ou non la forme écrite - devrait être illisible. Si elle est lisible, c'est qu'elle trahit à la fois la singularité de l'auteur et celle du destinataire.

Que dire de l'écriture singulière de Jacques Derrida? Il la compare à une auto-chirurgie, une circoncision, une fine lame qui le conduit à l'Eden, effectuant hors de toute science la science de l'écriture (grammatologie) qu'il appelait de ses voeux au début de sa carrière.

 

 

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Propositions

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L'écriture ne commence pas : au contraire, à partir d'elle on met en question la requête d'un commencement absolu

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Un trait ou "archi-trait", innommé, ouvre en se retirant la possibilité du langage, du logos, de la langue et de l'inscription parlée autant qu'écrite

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L'archi-écriture, mouvement de la différance, est la différence en ce qu'elle a de plus redoutable

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A l'origine du sens, une archi-écriture de la trace est à l'oeuvre; elle ouvre un espacement, un intervalle dans le temps comme dans la parole

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L'écriture alphabétique s'est imposée car elle est liée à l'événement de la voix dans une auto-affection supposée vivante

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Penser l'unique dans le système, l'y inscrire, tel est le geste de l'archi-écriture

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Si la prière pouvait être une expérience purement pure du rapport au rien, au néant, il n'y aurait pas d'écriture; mais faute de cette expérience, "il faut écrire"

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Ecriture et archi-écriture sont deux concepts différents, mais qui communiquent nécessairement entre eux

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Il y a dans la tradition occidentale deux écritures : logocentrique et disséminatrice

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Un schème domine la philosophe occidentale : une bonne écriture (naturelle) opposée à une mauvaise (artificieuse) ne peut être désignée que dans la métaphore de la mauvaise

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Le graphème, que la mythologie fait venir en second, surgit comme origine pour rendre possible le logos

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L'écriture est l'impossibilité pour une chaîne de s'arrêter sur un signifié

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Dans sa généralité, l'écriture est assujettie à la loi de l'hymen : écarter la référence

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Dans la césure décisive de l'écrit, sa destinerrance, se joue la pensée et l'expérience du voyage

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L'écriture, en laquelle rien ne réside, est l'errance même

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L'archi-écriture n'a pas de lieu, ni ailleurs, ni comme objet

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L'écriture et le supplément ne peuvent se penser qu'au-delà du bien et du mal, en annulant la qualification éthique

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Il ne peut pas y avoir de pensée ni d'écriture rigoureuse de la dissémination

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N'étant jamais présente, n'étant rien, la trace, racine commune de la parole et de l'écriture, est inaccessible au savoir ou à la science

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L'émergence de la conscience intentionnelle fait apparaître comme tel, selon une structure de non-présence, le gramme, ce concept irréductible et imprenable

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Ecrire veut dire greffer : incisions violentes de citations dans le texte, qui en contaminent le contenu

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Ecrire un livre est une auto-circoncision, une auto-chirurgie

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Le "graphein" (archi-écriture) est effacement originaire du nom propre, oblitération du propre qui se produit dès le premier matin du langage

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L'écriture rature la présence du propre dans la parole

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Le mouvement de la différance qui ouvre l'écriture est un retrait de la face du père

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Le jeu et l'écriture n'ayant pas d'essence, ils vont sans cesse disparaissant

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Derrida nomme "écriture" la non-présence radicale du sujet, sa mort à l'oeuvre, et aussi la promesse de sa résurrection

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Le sujet ne se constitue, dans l'écriture, que par le mouvement violent de son propre effacement

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En dénonçant le retrait de la main qui s'opère avec la machine à écrire, Heidegger dénonce l'essence même du geste d'écrire et de l'écriture

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Là où s'oublie la mémoire vivante, abritée dans une crypte, l'écriture abandonne son fantôme à la logique

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Dès sa naissance, l'écriture est orpheline, coupée de l'assistance de son père, abandonnée par l'auteur-scripteur à sa dérive

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Tout graphème est d'essence testamentaire

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L'inscription produit le fils; en même temps, elle constitue la structuralité du logos et l'entame

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La genèse de l'écriture a été presque partout liée à l'inquiétude généalogique

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La spécificité de l'écriture (graphein) est l'absence du père : elle est une orpheline qu'aucune assistance ne vient prendre en charge

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Le verbe "suppléer" définit l'acte d'écrire

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L'écriture est le supplément par excellence puisqu'elle marque le point de redoublement initial où le supplément se donne comme supplément de supplément

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Un tant qu'écriture, le "pharmakon" est un excès, une sortie hors de la série des oppositions; mais il est aussi l'étrange différence qui rend possible la sérialité

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L'écriture infecte la parole vive

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L'écriture, comme son dieu Thot, imite ce qu'elle remplace

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La fonction du dieu égyptien de l'écriture, Thot, est la dislocation subversive de l'identité, à commencer par celle du principe théologique

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Une écriture est une marque déchiffrable par un autre : elle est constituée par son itérabilité

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L'altérité absolue de l'écriture altère du dehors, en son dedans, la parole vive

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["Glas" peut être lu comme l'analyse interminable d'un vomissement, d'un écoeurement, d'une auto-affection qui me fait écrire : "Je m'éc."]

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La femme est l'écriture : elle (s')écrit, et le style (l'éperon qui ouvre un chemin - pointe, stylet) lui revient

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En questionnant la femme, l'écriture, au-delà de tout contenu, thèse ou sens, le style éperonnant de Nietzsche traverse le voile, le déchire et défait l'opposition voilé/dévoilé

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D'où tire-t-on l'axiome : "Il faut continuer à vivre", "Il faut survivre"? De la structure itérative, inachevable, inarrêtable, du procès de nomination, traduction, écriture

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Tout signe qui fonctionne malgré l'absence totale de sujet, par (delà) sa mort, peut être dit "écriture"

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L'archi-écriture ne pourra jamais être pensée sous la catégorie du sujet

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Dans l'écriture, la place du sujet est prise par un autre, elle est dérobée

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Il suffit d'écrire "je suis" et déjà, d'avance, sans que rien ne soit annoncé par personne, "je suis" a signé son glas, son arrêt de mort, cette mort qui a déjà eu lieu

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L'écriture phonétique est un autre nom de la constitution des sujets, au-delà de la portée naturelle de la voix

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En étendant, malgré l'absence du sujet, la portée de la voix et du geste, l'écriture brise l'homogénéité de l'espace

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L'espacement, comme archi-écriture, est le devenir-absent et le devenir-inconscient du sujet

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En tant qu'écriture, la différance suppose une absence spécifique, qui ne saurait (être) une modification de la présence

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L'écriture alphabétique saisit la voix ou la langue dans l'événement singulier d'une phrase

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L'écriture énerve la voix

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Dans le système de la parole et de l'écriture linéaire, la phonè commande la main, oriente l'oeil et donne à voir la voix

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L'écriture ne sera jamais la simple peinture de la voix

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Le langage est d'abord écriture

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La rupture de l'horizon de sens qui vaut pour l'écriture vaut aussi pour tous les langages et tous les ordres de signes, et aussi pour toute expérience

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Entre l'écriture cinématographique, qui est nécessairement calculée, et la parole venue à l'improviste, il y a intraduisibilité

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L'écriture phonétique a pour principe fonctionnel de répondre à l'exigence de système interne de la langue, que des forces extérieures ne cessent d'altérer

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Freud démontre à propos du rêve que le mot est toujours travaillé par l'"espacement", qui est le propre de l'écriture et l'étoffe temporelle du travail psychique

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Un texte est un système de racines dont la généalogie lui est interdite

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Il n'y a de problématique du don qu'à partir de la trace et du texte

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A l'origine du graphein (écriture ou dessin), il s'agit d'observer la loi, d'ordonner par une archive, par la grâce du trait, la vérité à la dette

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L'écriture est parricide, hors-la-loi, elle est un fils orphelin qui s'expose à la perte

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Le leurre dont a vécu le premier livre est un centre où disparaît la parole vive, qu'on peut invoquer mais non répéter

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L'idée du livre, qui renvoie à une totalité signifiée/signifiante, est profondément étrangère à l'énergie aphoristique et destructrice de l'écriture

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La forme du livre est désormais soumise à une turbulence générale : en l'interrogeant pratiquement, le procès d'écriture doit aussi la démonter

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Entre la clôture du livre et l'ouverture du texte, un mouvement d'errance répète l'époque du livre et donne à penser son retour

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La fin de l'écriture linéaire est bien la fin du livre

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Toute écriture est aphoristique

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Ce qui se donne aujourd'hui à penser - une méditation de l'écriture qui passe l'homme, la raison, la science - ne peut s'écrire selon la ligne et le livre

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Toute oeuvre écrite ne prend pas la forme d'un livre - même les bibliothèques, bientôt, seront dominées par des processus textuels qui ne répondront plus à cette forme

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L'écriture alphabétique est finie, terminée, débordée par l'expérience actuelle de l'image

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La question du "livre à venir" n'est ni celle de l'écriture, ni celle du support, ni même celle de l'oeuvre : c'est celle du droit à appeler "livre" une certaine totalité

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A chaque mutation des techniques d'inscription et d'archivage, la démocratisation / sécularisation de l'écrit doit être légitimée par une nouvelle sacralisation

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L'au-delà de la clôture du livre est dans un "trois" qui répète et se dérobe à la répétition

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On ne peut parler sérieusement du livre à venir qu'en renonçant à toute téléologie eschatologique, à toute évaluation

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Avec la mutation du livre, ce qui se transforme est un rapport du vivant à soi : entre corps, mains, visage, yeux, bouche, cerveau, temps, station debout et distribution du discours

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La communication n'est pas l'échange immédiat et transparent des intentions et de la parole, mais un effet, celui du déploiement historique d'une écriture générale

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L'écriture est déjà une télétechnologie, avec ce que cela comporte d'exappropriation originelle

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Notre époque est celle où l'écriture déborde le langage, efface ses limites et excède la parole

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L'irruption de l'écriture non-phonétique est une crise du logos

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L'émergence d'une écriture non phonétique inaugure la déconstruction de toutes les significations du logos, dont celle de vérité

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La dislocation du logocentrisme se présente aujourd'hui comme telle, libérant le projet d'une science de l'écriture (grammatologie) elle-même prise dans cette dislocation

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L'époque où la parole s'étend au-delà de la présence du sujet parlant est aussi celle où se répandent les pratiques d'écriture étrangères à l'ordre de la voix

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Devant la catastrophe qui menace le livre, on peut attendre ou espérer qu'un "autre livre" le sauve ou le transfigure - mais un tel livre ne pourrait être que hors-la-loi, monstrueux

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L'écriture est un intense rapport à la survivance, non par désir qu'après moi quelque chose reste, mais par jouissance, ici et maintenant, de la vérité du monde en mon absence radicale

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Pour Rousseau, le signe, comme l'écriture, est un supplément, une négativité, un mal qui supplée à la nature innocente et bonne

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L'espace de la phonè ne s'est imposé comme habitat que lorsque l'écriture linéaire est devenue possible au croisement du social, du technique, du religieux, de l'économique, ...

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Le pouvoir de l'écriture est lié à la différance politique : hiérarchisation, structuration économico-sociale, délégation de l'autorité

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L'écriture vient à la place du nom de Dieu - dans une dérive graphématique, ultime et irremplaçable

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La circoncision est double, entre celle qui élève, enveloppe et pétrifie et celle qui fait passer la fine lame d'un couteau d'écriture

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Dans ce qui est écrit, manque ma voix et je crois en elle, - J'entends la voix créatrice, non la voix complice qui est une servante

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L'écriture et la différence, par Jacques Derrida (1967) [EED]

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