Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
"Je m'éc." (Glas) m'auto - affecte                     "Je m'éc." (Glas) m'auto - affecte
Sources (*) : Derrida, le dégoût, le vomi               Derrida, le dégoût, le vomi
Pierre Delain - "Croisements", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 2 sept 2015 à partir des pages 7b et 22bi de Glas "Glas", texte en double colonne

["Glas" peut être lu comme l'analyse interminable d'un vomissement, d'un écoeurement, d'une auto-affection qui me fait écrire : "Je m'éc."]

"Glas", texte en double colonne
   
   
   
GL... dans "Glas" GL... dans "Glas"
Derrida, l'écriture               Derrida, l'écriture    
                       

1. "Je m'éc.".

Dans la première page de Glas (p7b), Jacques Derrida cite Jean Genet dans Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers et foutu aux chiottes. "Je m'éc...", dit-il, est un moignon d'écriture qui peut être rapporté d'une colonne à l'autre, d'un mot à l'autre. Dans le texte de Genet, "Je m'éc..." se présente comme une abréviation de "Je m'écoule". Mais pourquoi l'avoir abrégé, si ce n'est pour que ce fragment puisse signifier aussi "Je m'écoeure" (toujours Genet), et aussi "Je m'écris" (Derrida), et aussi par exemple (selon le contresignataire) "Je m'écoute" (la formule de base de l'auto-affection), "Je m'écourte" (puisqu'il est question de décapitation quelques pages plus haut (pp18b-19b), je m'échange, je m'éclate (comme cela est suggéré p128b), "Je m'écarte" (p76b : c'est aussi une formule de la différance), je m'écrase (p76b : je renonce à ma signature), etc. Notons que "Je m'écourte" est une variante de "Je suis mort", et que chacune de ces formulations peut être dite de tout écrit ou de toute oeuvre.

 

2. Ce qui me fait m'écrire : le dégoût.

Au bas de la page 22, disant "je", Jacques Derrida donne une précision qui l'engage :

"Ce glas peut-il être lu comme l'analyse interminable d'un vomissement, d'un écoeurement plutôt dont je m'affecte et qui me fait m'écrire : "Je m'éc..."" (Glas p22bi).

Ce qui me conduit à produire une oeuvre, à écrire "Je m'éc...", c'est un écoeurement, un vomissement, un empoisonnement. Après tout, la beauté, selon Freud, est un déplacement du dégoût. Derrida explique dans Economimesis (1975, un an après Glas) que le dégoût est innommable, irreprésentable dans le système logocentrique. C'est un tabou, la mort de tout code (Glas p22b, en bas de la colonne). Quand Jean Genet parle des fleurs, c'est peut-être à cela qu'il se réfère. Déconstruire cette quasi-transcendance des fleurs (p21b), en sonner le glas, reconduit à l'écoeurement, au vomissement.

Et si l'on prend au sérieux cette formulation, on doit admettre que l'on n'écrit pas par idéal, ni par quelque autre souci de l'ordre de la parole ou même de la confession, mais parce qu'on ne peut pas faire son deuil du dégoûtant. On le vomit donc, sous forme de texte. L'année suivante, il insiste d'ailleurs sur ce point dans un entretien recueilli dans Points de suspension. Ce qui rassemble le texte de "Glas", c'est ce que les appareils défensifs tendent à exclure, à vomir ensemble. Et ce choix n'est pas un choix thématique ou circonstanciel, c'est un choix de structure ou de stricture.

 

3. Un lieu.

S'écrire, dans Glas, c'est faire proliférer les marges entre les deux colonnes. D'un côté, je ne peux écrire qu'un texte linéaire, qui reste délimité même s'il est réparti en deux colonnes. Il faut que j'accepte la castration, que je m'écrase. D'un autre côté, je multiplie les intervalles, les intertextes, les marges, je m'écarte (p76b). Je peux me dissimuler la domination que j'exerce, mais ce n'est qu'un collier, une toison, derrière lesquels la coupure se prépare, le trou s'érige en tissu d'écriture, autre modalité de la castration.

Ce trou où je m'écris, c'est aussi un lieu figuré dans le Le miracle de la rose par le corps rêvé d'Harcamone. Dans ce lieu d'auto-affection, la loi de l'autre pénètre. Harcamone, vierge et criminel, en meurt, non sans laisser place à la beauté du texte de Genet.

Dans Eperons, un texte écrit peu après Glas, c'est la femme qui (s')écrit. En ouvrant le chemin d'un style unique, elle est, comme Nietzsche, l'écriture qui suspend le phallocentrisme et se tient à distance de la castration. Dans l'interprétation derridienne, c'est à elle que l'écriture revient.

 

4. GL, ce que fait l'oeuvre-Glas.

Dans ce mécanisme, quelle est la place de Glas, qu'est-ce que ça fait, Glas, en tant que texte et en tant qu'oeuvre? Ça fait ce que fait GL dans Glas. Mais qu'est-ce que GL? Pour le définir, Derrida procède comme pour d'autres concepts qui n'en sont pas, la différance par exemple (ou l'archi-trace, ou Khôra) (théologie négative). GL, ce n'est ni une syllabe, ni un phonème, ni un graphème, ni un signifiant, ni une ou plusieurs lettres, ni des consonnes, ça n'a ni sexe, ni identité, ni genre, ni sens, etc. Alors c'est quoi? Ce n'est pas un quoi, et d'ailleurs la question est mal posée, car ça n'a pas d'être. C'est ce qui reste dans la gorge après qu'on ait mordu : un mors, un morceau. On recrache ensuite, on vomit, et on ne sait toujours pas ce que c'est, GL.

En-dehors de tout deuil, de toute transcendance, c'est l'autre absolu qui se vomit dans l'oeuvre. Le vomir, c'est aussi le penser, de tout le poids de la pensée. Pour le penser, il faut l'écrire, le vomir dans l'écrit.

 

5. Surenchérir sur Hegel.

Dans la dernière phrase de L'esprit du judaïsme, Hegel exprime son horreur, son dégoût pour cette tradition abstraite, dépourvue d'amour, étrangère à la réconciliation. On pourrait formuler cette position de Hegel par un ; "Le judaïsme m'éc." (il m'écoeure, je le hais car il m'éclipse, il méconnaît la dialectique à laquelle j'ai attaché mon nom). Derrida en rajoute, il surenchérit sur cette posture. Je ne peux dire "Je suis un Juif" que si, en le disant, je m'échappe, je m'échoue, je m'écartèle, je m'écorche, je m'écorne, je m'écrête, je m'écroule, etc. Le triomphe du judaïsme, par rapport à Hegel, c'est qu'il peut dire Je suis mort, comme preuve de sa survie.

 

 

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Propositions

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Ce qui suscite le dégoût est innommable dans le système logocentrique : c'est l'autre absolu, indicible, auquel aucune représentation ne peut se substituer

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On ne peut pas faire son deuil du dégoûtant : on ne peut que le vomir

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Ce qui rassemble le texte de "Glas", c'est tout ce que les appareils défensifs tendent à exclure, à vomir ensemble

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L'objet de "Glas", c'est le mors, ce morceau qui se détache avec les dents : GL

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Comme un collier ou une toison, "Glas" fait proliférer les marges où se dissimulent coupure, domination, castration, au prix d'un "Je m'écarte", "Je m'écrase", qui est aussi castration

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La femme est l'écriture : elle (s')écrit, et le style (l'éperon qui ouvre un chemin - pointe, stylet) lui revient

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Par les yeux, je m'écoulais de mon corps dans celui du voyageur en même temps que le voyageur s'écoulait dans le mien - et je demeurai écoeuré, dégoûté

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Selon Hegel, la tragédie juive est laide, abominable, elle ne peut éveiller que l'horreur ou le dégoût - qui sont ceux du même Hegel devant la castration

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Jacques Derrida décline le rêve d'Harcamone comme son livre, sa Genèse, son nouveau testament, son colpos, le labyrinthe ou la crypte du "Je m'éc"

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Mon sexe, je ne peux le décrire qu'à travers des millénaires de judaïsme, alliance rompue sur tous les plans

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