Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
"Glas" : Faire son deuil de la signature                     "Glas" : Faire son deuil de la signature
Sources (*) : Orlolivre : Prétendre à l'art, sans art               Orlolivre : Prétendre à l'art, sans art
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 15 octobre 2015 "Glas", texte en double colonne

[Dans l'oeuvre titrée "Glas", pour justifier le titre, "il faut" que le nom se perde, que le texte fasse son deuil de la signature]

"Glas", texte en double colonne
   
   
   
Derrida, date et signature Derrida, date et signature
                 
                       

1. La perte du nom.

"Glas" est un texte qui s'ouvre par les problématiques du nom et de la signature. Dès le Prière d'insérer, et plus loin dès la première page (paginée 7), sur les deux colonnes, ces problématiques sont posées. Derrière l'élaboration du nom de Hegel, interrogé (p7a) comme celui qui voudrait inscrire sa signature sous le sigle du savoir absolu, et celle du nom de Genet, interrogé comme celui qui s'approprie ses compagnons en les glorifiant, effaçant leur singularité derrière des surnoms (pp11b-18b), c'est toujours, aussi, de son "propre" nom qu'il s'agit (Jacques Derrida), son patronyme à lui, dont il a déjà fait son deuil, puisqu'il a signé ce texte. Entre le travail qu'il fait sur les noms des autres auteurs et celui auquel il se livre sur son propre nom, qu'il met en pièces, il y a un lien essentiel : résister à une certaine chute. Quelle chute? Ce n'est pas toujours la même. Seul le signataire peut mettre en pièces sa propre signature, tandis que la signature des autres, il ne peut que l'élaborer (Prière d'insérer). Tout Glas est pris dans cette tension. Il faut que le seing chute, qu'il tombe; mais alors le texte aussi chute, lui aussi tombe. Ou encore, inversement : pour déconstruire le lien indissoluble entre texte et signature, il faut que, déjà, le texte travaille à faire son deuil (son propre deuil, et aussi celui de la signature).

D'un côté, un texte n'est lisible que si, derrière la signature, un nom propre s'oublie, se perd, se refoule. Mais d'un autre côté, il n'y a pas de texte sans un nom qui vienne le brouiller, entamer sa signification. Le nom est déjà condamné à mort (comme les personnages de Genet), il est voué au tombeau, à l'éclatement, à se transformer en débris (le seing, la signature), tout en étant glorifié, magnifié, érigé en beauté.

 

2. La signature aura, déjà, chuté.

On peut penser le savoir absolu, dit Derrida à propos de Hegel, mais on ne peut pas le signer (p7a). Le savoir absolu ne se laisse pas ensigner. S'il est absolu, c'est qu'il est incompatible avec un enseignement singulier, une signature, un signataire. Ce qui pourrait vouloir dire, par contre-épreuve (p7ai) ou a contrario, que l'autre texte, celui de Glas, se laisse ensigner. Il y aurait donc une signature à Glas, celle de Jacques Derrida. Mais cette signature, dit-il dès la seconde page (p8b, on a changé de colonne), elle chute. Il faut la laisser tomber, en reconnaître la faillite (p8b), y faire passer le scalpel pour la diviser (p9b). La forme même de Glas, son écriture, son organisation, est suspendue à cette chute. Même si l'on ne savait rien de l'intention de l'auteur, on pourrait lire cette injonction, projetée par le texte avant lui. Dès ses premières lignes, le texte fait penser que la signature aura chuté, au risque de chuter lui-même, et sachant que, malgré tout, bien sûr, le texte est signé.

Il suffit de dire "Je suis" et déjà, d'avance, "je" a signé son propre glas. C'est une guerre à mort qui s'enclenche, entre deux textes (le sien propre et celui de l'autre), entre le père [du texte] et le fils, entre une mère obséquente (qui survit à son fils), phallique, castratrice (qui découpe le texte, le délimite), et son partenaire (qui peut se faire tuer, empoisonner, manger).

 

3. La prolifération des signatures.

Par un jeu de lettres, de recomposition, Genet a mis partout en avant sa signature. Elle remplace des objets manquants, secrets, qui restent dans la crypte. Son contrat avec l'écriture, c'est que tout ce qu'il écrit se résume à son nom; mais ce même contrat est un glas, car le texte est la sépulture de ce nom. En écrivant, il assiste à son propre enterrement.

 

4. Derrida : une signature autobiographique.

Dans la page 9, deux questions sont posées sur la signature, l'une implicite et l'autre explicite :

- "là, derrière l'absolu d'un déjà, qu'y a-t-il" (p9ai). Les deux mots, "derrière" et "déjà", renvoient à la signature de J.D.

- "Enjeu de la signature - a-t-elle lieu? lequel? comment? pourquoi? pour qui?" (p9b).

 

5. Un traité de la signature.

La signature voudrait exhiber, prouver la filiation. Elle dit : “ça me revient", le seing est à moi“. Mais, une signature est toujours falsifiable, ce n'est qu'un excrément. Dans le texte qui reste, il ne reste rien de cette filiation, elle se perd, remplacée par un droit d'auteur.

"Glas" traite la signature au moins doublement, par le Qui (un narrateur qui dit "je") et par le Quoi (un penseur qui avance des thèses au sujet de "la signature en général").

 

6. Une oeuvre.

Ecrire un chef d'oeuvre, c'est jouir de sa signature, bander devant elle. Mais devant quoi bande-t-on exactement? Devant rien. L'oeuvre n'a plus de chef, plus de tête, elle est déjà décapitée. C'est pourquoi Glas, chef d'oeuvre parmi tous les chefs d'oeuvre qui répondent au concept de chef d'oeuvre tel que Glas le définit, Glas donc, même innommé, insigné, reste une oeuvre.

 

 

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Propositions

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Par échange infini entre deux colonnes qui s'entrelacent, s'auto-affectent, les significations se multiplient, les contraires s'équivalent, jusqu'à la sépulture des noms propres

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La signature du nom propre entier peut dissimuler une autre signature, plus puissante, plus vieille, la signature d'un autre ou d'une autre

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Jacques Derrida déclare que, dans Glas, son nom, son corps, son corpus et son seing sont mis en pièces

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Nommer est un don généreux, inaugural, mais c'est aussi arraisonner, identifier, s'approprier violemment ce qu'on nomme

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Il suffit d'écrire "je suis" et déjà, d'avance, sans que rien ne soit annoncé par personne, "je suis" a signé son glas, son arrêt de mort, cette mort qui a déjà eu lieu

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L'enjeu de la signature est la filiation; mais celle-ci se perd, et ce qu'il en reste n'est qu'un excrément échangeable contre un revenu : le droit d'auteur

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Un texte ne se laisse lire ou écrire que s'il est travaillé par l'illisibilité d'un nom propre; que si, en touchant à la signature, le nom résonne et se perd

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Le texte r(est)e - tombe, la signature r(est)e - tombe - le texte. La signature reste demeure et tombe. Le texte travaille à faire son deuil. Et réciproquement

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Dans la guerre à mort pour la signature, le texte, qui ne reste à personne, bat dans un lieu nourricier, une cavité utérine (colpos)

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La gloire du chef d'oeuvre, son habitat colossal, c'est qu'il fait bander devant un cadavre décapité, devant des fleurs, devant sa propre signature, devant rien

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[Ce qui s'écrit, illisible, en travaillant le nom patronymique "Jacques Derrida", c'est le secret de son autre nom]

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Quand je signe "J.D.", je suis déjà mort - ce "déjà" est la signature d'un autre

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Dans le mot "Derrière", Jacques Derrida reconnaît, en lettres dorées sur sa tombe, le nom de son père

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Par un labeur minutieux et compulsif, Jean Genet a tout affecté de ses signatures, y compris les objets manquants; il a fait de son texte son glas et son propre enterrement

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On peut penser le savoir absolu, mais on ne peut ni le signer ni en écrire le texte

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Logique de l'obséquence : "Je suis la mère qui survit toujours à ce qu'elle aura engendré"

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