Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Orlolivre : Prétendre à l'art, sans art                     Orlolivre : Prétendre à l'art, sans art
Sources (*) : X, sans X (Orlolivres)               X, sans X (Orlolivres)
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 16 février 2011 Les tâches orloviennes (ce qui s'en éparpille)

[Orlolivre : Prétendre à l'art, sans art]

Les tâches orloviennes (ce qui s'en éparpille)
   
   
   
                 
                       

Dans œuvre d’art, peut-on distinguer entre les deux mots, œuvre et art? On sait que presque tous les grands philosophes de la tradition ont écrit sur l'art ou l'esthétique, et que cette tradition est loin d'être perdue aujourd'hui. Aucun d'entre eux n'a pensé à dissocier les deux termes, œuvre et art; ils ont présupposé l'existence de l'œuvre d'art. Tout se passait pour eux comme si, entre "œuvre" et "art", il y avait une équivalence évidente, une circularité. Il leur est arrivé de s'interroger sur le sens du mot latin "ars" ou du grec "technè", mais tous se sont engagés dans le cercle qui associe l'art, l'artiste et l'œuvre, l'ont parcouru et en ont attendu la récompense prévue : une fête de la pensée. Jacques Derrida propose le chemin inverse : rompre violemment ce cercle, ne pas l’assumer, ne se fier ni à l'évidence de l'œuvre, ni au sens supposé un et nu du mot "art".

Quelle différence peut-on faire entre "œuvre" d'une part et "œuvre d'art" d'autre part? Dans sa généralité, l'art se situerait du côté du lien social, du discours, de la métaphysique, voire du pathos, tandis que l’œuvre, dans son unicité, porterait un germe de déconstruction ou de dissémination. Cette différence n'est ni thématique, ni descriptive, elle opère dans le concept lui-même, qui perd son unité et son indivisibilité. Il n'y a pas dissociation entre œuvre et art, car l'œuvre rejoint l'art et l'art rejoint l'œuvre; il y a des tensions, des expériences aporétiques. En voici quelques unes :

1. L’œuvre dite d’art se rattache à des systèmes, des genres, des styles que les experts ou les savants peuvent classer selon des grandes catégories correspondant à des espaces ou des époques déterminés --- tandis que l’œuvre tout court fait irruption, elle est imprévisible, incalculable, c’est un événement que n’annonce aucun horizon d’attente. L'oeuvre survient, elle fraye une voie, elle fait effraction. En elle, la différance est inarrêtable.

2. L’œuvre dite d’art se présente sur un support stable et identifié, elle est mise en ordre, entreposée et/ou exhibée en un lieu reconnu et légitime (le musée, la galerie, la demeure ou le dépôt du collectionneur), elle est inscrite dans de multiples parerga (le titre, le cadre, la légende, le commentaire, la préface, la signature, etc…) --- tandis que l’œuvre tout court est indissociable d’un «subjectile» lui-même en mouvement (comme la feuille brûlée d'Artaud), on ne peut jamais arrêter sa marche, elle est coupée de son référent d’origine.

3. L’œuvre dite d’art repose sur une archive, une mémoire, une documentation avec les savoirs qui l’accompagnent --- tandis que ce qui nous éblouit dans l’œuvre tout court est une obscurité, un non-savoir, une énigme, un secret.

4. L’œuvre dite d’art obéit aux postulats humanistes, elle appartient au champ de la culture --- tandis que l’œuvre tout court garde la discordance, elle contribue à détruire toute forme établie, à délégitimer toutes les partitions du discours.

5. L’œuvre dite d’art reflète la «vérité» de son époque, elle repose sur la sécurité d’une parole investie d’autorité et de crédibilité, elle commente le monde --- tandis que l’œuvre tout court a été abandonnée, laissée sans destinataire, elle n’a plus aucun rapport avec l’intention de son auteur, elle est orpheline.

6. L’œuvre dite d’art est idéalisée, exposée, reproduite, expliquée, justifiée, instrumentalisée par les pouvoirs --- tandis que l’œuvre tout court exhibe son inutilité, son désœuvrement.

7. L’œuvre dite d’art est indivisible, suffisante, autonome --- tandis que l’œuvre tout court se rapporte à une date indéchiffrable comme telle, on peut toujours l'analyser encore plus, la décomposer, la diviser, la remplacer, y suppléer.

Bien sûr ces tensions pourraient être thématisées autrement, on pourrait les présenter comme brisures dans l'œuvre d'art. Cette brisure instable laisserait toujours ouvertes des possibilités de coexistence et de compromis. Il y aurait rencontre entre œuvre et art. On sait que certaines œuvres ignorent le champ de l'art et tout ce qui va avec : culture, institution, marché, légitimité, tandis que d'autres ne peuvent se manifester sans des lieux spécialisés comme le livre d'art, le magazine, le site Internet, voire le monde académique où les reproductions sont commentées. L'œuvre tout court n'est pas exclue du champ de la culture ou des médias, elle peut y trouver sa place. Tout cela vient conforter la figure du cercle ouvert, infini, avancée par Derrida pour caractériser le rapport entre œuvre et art. C'est une image équivoque, aporétique. Par essence, un cercle est fermé - comme le système de l'art, mais il peut aussi s'ouvrir, s'auto-affecter, laisser venir la différance. L'"œuvre d'art" existe. Existe-t-il pour autant un champ homogène, un discours institué qui pourrait unifier l'ensemble de ce qui est couramment désigné par ce syntagme "œuvre d'art"? On peut en douter. Chaque œuvre est singulière, unique. Elle peut s'inscrire dans un style, un genre ou un champ déterminés de l'histoire de l'art, mais cette inscription ne correspond à aucune nécessité. Cet inachèvement, on peut le retrouver dans les thèses défendues par Derrida, mais aussi dans son corpus.

 

 

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Propositions

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[Derrida, l'art, l'oeuvre]

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[Derrida, date et signature]

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[Dans l'oeuvre titrée "Glas", pour justifier le titre, "il faut" que le nom se perde, que le texte fasse son deuil de la signature]

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[Le nouveau dans les poèmes qu'on écrit aujourd'hui, c'est peut-être la tentative de garder en mémoire telle date depuis laquelle on écrit]

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[Derrida, le musée]

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[Derrida, intituler, le titre]

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[L'oeuvre suspend les savoirs, elle oblige à en inventer de nouveaux]

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[Ce qu'on appelle l'"art et la culture" est l'unique et ultime instance susceptible de légitimer la qualification d'artiste]

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Un titre est le nom propre d'une oeuvre ou d'un texte qui, en étant dedans et dehors, garantit conventionnellement son identité

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Pour dire la vérité de l'oeuvre, le savoir académique se l'approprie, s'y identifie, la restitue au code en excluant son extériorité

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Le cartouche (texte accompagnant une oeuvre) inscrit performativement le récit selon lequel l'oeuvre a un père et une généalogie

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Il ne faut pas opposer le film-image au livre-texte : un film est aussi texte, et un livre est aussi image - dans les deux cas, l'oeuvre est une interprétation soumise à interprétation

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L'historien de l'art fait revenir le tableau comme reste ou mémoire d'un mort, comme s'il pouvait faire revivre son légitime propriétaire afin de lui restituer l'oeuvre

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Quand on s'interroge sur l'art, on ne peut pas échapper à une circularité : l'art existe par les oeuvres, et les oeuvres par l'art

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[L'oeuvre "digne de ce nom" menace les systèmes de l'art et de l'édition qui l'archivent, elle ruine l'autorité légitime qui la garde]

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[Paul Celan tente, par la signature unique d'un poème unique, par son art, de s'affranchir de l'art]

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Le Musée est chose de la mère, il tient lieu de mère, lieu intact et intangible de l'Immaculée Conception

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[Qu'arrive-t-il dans l'art? Que des apories!]

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[Toute oeuvre "digne de ce nom" entretient un rapport ambigu à l'institution qui l'accueille]

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Ce qui va par deux n'est pas nécessairement une paire : comme les chaussures de Van Gogh, ça ne marche pas, ça boîte

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[Il faut, pour exposer une oeuvre, un lieu qui ne la restitue à aucun savoir ni aucune appropriation (archi-oeuvre)]

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[Derrida, le beau]

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[La seule chose en laquelle on puisse croire, vraiment croire, sans réserve ni restriction, c'est la beauté]

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[L'esthétique est mourante, mais nous la désirons encore]

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[La beauté se donne comme la trace d'un "sans", la pure dissémination d'un sans-but, d'un sans-pourquoi, d'un non-savoir]

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L'histoire de l'art laisse entendre que le mot "art" a un sens unique et nu - comme s'il y avait un "vouloir-dire" dans toute oeuvre dite d'"art"

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PARCOURS LIÉS.

- [Il faut considérer chaque oeuvre dans son unicité, comme une proposition singulière].

- [L'archi-oeuvre suspend les savoirs].

 - [Un musée est un lieu où l'archi-oeuvre est mise en ordre].

- [Aucune institution ne peut s'approprier l'archi-oeuvre].

- [On archive l'archi-oeuvre dans les systèmes de l'art; mais on ne peut pas empêcher qu'ils défaillent (mal d'archive)].

- [L'archi-oeuvre mobilise l'inconscient et met en jeu la jouissance esthétique].

 Méthode : la double stratégie de la déconstruction.

Jacques Derrida insiste souvent sur ce qu’il appelle la double stratégie de la déconstruction. Il opère en deux temps (1) analyser les textes, oeuvres ou champs qu'il prend en considération avec les mots et les concepts de la philosophie dont il hérite. A ce stade il fait preuve de rigueur (au sens classique). Qu'il se serve des mots dans leurs utilisations habituelles, qu'il les modifie ou qu'il les renverse, il ne rompt pas véritablement avec les systèmes de pensée usuels. (2) prendre appui sur les contradictions, les impossibilités et les apories repérées dans le premier temps pour développer d'autres chaines conceptuelles. C'est la déconstruction proprement dite. Il se sert alors soit de mots nouveaux (néologismes), soit de mots sortis de leurs contextes, mais sans chercher à les inscrire dans les systèmes d’oppositions de la pensée classique. Ce second temps n'est pas moins rigoureux que le premier, mais sur la base de critères différents.

C’est ainsi qu’il opère pour les mots œuvre, œuvre d’art, objet d’art ou art (en général). Dans le langage courant, ces mots renvoient à une tradition représentative, esthétique, patrimoniale ou muséale. Dans un premier temps, il faut analyser leur fonction à l’intérieur de cette tradition; c’est seulement en faisant apparaître l’hétérogénéité ou l’extériorité véhiculées par ces mots qu’on peut ensuite passer à une nouvelle étape.