Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, la dissémination                     Derrida, la dissémination
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, age créée le 30 janvier 2007 Avant l'oeuvre, une surabondance

[Derrida, la dissémination]

Avant l'oeuvre, une surabondance Autres renvois :
   

L'espace de dissémination

   

Derrida, envois, destinations

   
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Orlolivre : comment ne pas tenir?               Orlolivre : comment ne pas tenir?    
                       

1. Différance, déconstruction, dissémination.

Différance, déconstruction, dissémination, les trois concepts associés au nom de Jacques Derrida sont indissociables. Que le mot dissémination n'ait pas connu un destin médiatique aussi spectaculaire que les deux autres mots n'est pourtant pas sans intérêt, car ce qui se propage à travers elle, ce qui se multiplie irréductiblement, est difficilement appréhendable dans l'écriture courante, logocentrique. Il faudrait pour cela une autre écriture, disséminatrice - qui ne serait ni l'écriture usuelle, ni celle du savoir, ni même celle de la philosophie - si l'on assimile la philosophie à des systèmes d'oppositions duelles, des valeurs statiques. La dissémination ne nie pas ces systèmes, elle les déplace. Elle suppose qu'on ne rabatte pas l'hétérogénéité sur des distinctions, qu'on ne pétrifie pas les oppositions, qu'on ne donne aucune place au manque - car, dans la logique du signifiant, le manque joue comme signifiant transcendantal, métaphysique. La dissémination n'est pas seulement une histoire de mots, comme la polysémie. Elle n'a ni lieu, ni direction. Son indétermination n'est pas de l'ordre de la plurivocité langagière, mais d'une destinerrance dont il ne peut y avoir ni pensée, ni écriture rigoureuse.

Jacques Derrida ne compte ni par le un, ni par le deux (le binaire), ni par le trois (la dialectique). Tout commence par une doublure, un dédoublement, une mimesis d'un genre particulier, supplémentaire, qui prolifère à l'infini, une pratique du quatre ouverte à l'altérité absolue - qui repousse la limite, la circularité, le retour à soi-même. Un travail d'interposition et d'espacement se déploie. En répétant le mot "entre" qui fabrique et suspend les différences, un espace de dissémination se met en oeuvre, une syntaxe du plus, indécidable, se met en route.

 

2. Prolifération.

Avant la dissémination, il n'y a rien. On ne peut lui assigner ni origine, ni commencement (sauf peut-être Khôra, ce lieu de l'irruption du nom, si ce lieu n'était pas, lui aussi, rien). Il n'y a pas de première dissémination. Ce qui s'auto-affecte est déjà dispersé - comme le Dasein de Heidegger. Jacques Derrida propose l'image quasiment cabalistique d'une colonne tournoyante, invisible, qui s'extrait de la crypte et fait proliférer les lettres et les nombres. La colonne ne s'arrêtant jamais, les lettres ne reviennent pas à leur point de départ. Un retrait (tsimtsoum) maintient à jamais l'espacement qui génère le texte.

La dissémination est un mal, une dissension qui perturbe toute dualité, y compris (entre autres) la différence sexuelle. Hybride, biface, à la fois dedans et dehors, elle associe des éléments hétérogènes, inclassables (comme les fleurs de Jean Genet ou le point sur le "i"). En elle se généralise la théorie et la pratique de la greffe.

 

3. Non-présence.

La dissémination ne s'appuie sur aucune présence (ou sentiment de présence ou de certitude que pourrait procurer la parole, la voix). Elle met l'être à l'écart. Plus rien, au nom de la loi, ne vient arrêter l'écriture. Elle n'a pas de programme à finaliser, elle produit toujours plus de code, mais ce code n'est pas fait pour rester, il chute.

On ne peut jamais réduire un texte à ses effets de sens. L'écriture ne se laisse pas faire, elle résiste. Ou encore : il y a toujours un reste, une restance. On ne peut lire un texte seul, on le lit toujours avec ses marges. Cela conduit à mettre en question la fonction de la préface : un liminaire qui se lit comme un lieu de délitement du texte, où l'autre texte, qui n'est pas hors-texte, se rencontre. Si la dissémination marque des limites, ce sont celles de la rhétorique et du formalisme. Le texte y est sans-préface, sans identité à soi. Il affirme son dehors, il se dissémine à perte et à mort, sans jamais avoir été lui-même.

La dissémination résiste indéfiniment à l'ordre symbolique, comme elle résiste à tout effet de subjectivité. Elle le désorganise, le délite, le défait. Que signifie ici ce mot, déliter? Séparer la marque (le signifiant) du signifié, détruire l'unité du signe. Ce sont toutes les formes de la socialité, de la famille et de la culture qui sont affectées, déconstruites. Derrida ne nie pas la castration, au contraire, il affirme que son jeu ne s'arrête pas; il a même renoncé à le surveiller, le signifier, le représenter. Il faut faire un choix, suivre l'une des branches du chiasme : soit rester comme différance séminale (ce qui ne revient pas au père); soit se laisser réapproprier, sur la scène de la conscience, dans la sublimité du père. Sur la première branche, certaines valeurs (individualité, responsabilité) ne peuvent plus dominer.

En produisant une chaîne d'équivalences infiniment ouverte, la dissémination menace la signification. Aucun élément n'a de sens, ni de lieu, ni de trajet, aucun ne prévaut sur un autre, ni Dieu, ni phallus, ni signifié transcendantal. Un élément peut toujours se détacher de la chose et de la vérité, être emporté par la métaphore, crever l'horizon sémantique.

D'un côté, on ne peut pas se passer de référent, mais d'un autre côté, la dissémination suspend toute référence (Mallarmé). Il arrive aussi qu'une autre loi de référence sorte de son trou, revienne dans le texte (Lautréamont).

 

4. Sans condition.

On peut comparer la dissémination à la folie du don. Donner sans attente de retour, sans rationalité, sans s'inscrire dans une circulation économique ni symbolique. Un texte raconte une histoire de ce genre, qui le fait déborder de son cadre et partir en fumée.

Quand la dissémination est coupée de toute finalité, quand elle se déploie sans thème, sans texte, sans représentation, sans contenu ni signification, comme pur parergon, alors il y a en elle une beauté, une beauté libre, inconditionnelle.

 

5. Différence sexuelle.

Pour élucider la différence sexuelle, c'est de la dissémination qu'il faut partir, ou plus exactement de ce que Derrida appelle la jetée disséminale (Geworfenheit heideggerienne). Avant toute différence, y compris sexuelle, il y a déjà de la dissension. La dyade s'appuie sur cette dispersion préalable. Qu'on appartienne à l'un ou l'autre sexe, il faut obéir à la loi de l'hymen, qui est celle de l'éloignement du propre, celle qui écarte la référence. Dans le repli de l'hymen, là où l'union dans le mariage et le déchirement dans la défloration sont inséparables, dans cette inquiétante étrangeté, ce qui est le plus extérieur, étranger, hétérogène, est déjà en soi. A partir de là, la dissémination circule indéfiniment sur elle-même. Elle n'est limitée qu'à la marge, par pliure, et peut servir de matrice théorique pour analyser la sexualité féminine.

 

6. Aujourd'hui.

Aujourd'hui, la dissémination remet la philosophie en scène et son livre en jeu. Mais c'est une philosophie qui a perdu la tête, qui déborde de son sens, dont le texte prolifère, et avec lui le "je", ce simulacre d'identité. Elle ne complète pas la nature, mais elle s'y ajoute, dans le livre, hors-livre et sur la tranche du livre. Mais il ne faut pas prendre la dissémination elle-même pour une valeur transcendantale, un signifié originaire, un sens ultime. Le secret reste intact, dans l'obscurité.

Que dit la loi? Que le Tabernacle reste vide et la dissémination fatale. L'homme hébraïque a anticipé ce parcours. dans sa structure littérale (Ich), il a toujours été disséminé et il l'est toujours, à la façon d'une grenade.

Le projet orlovien se présente comme mouvement de dissémination, en surnombre par rapport au texte de Derrida et à quelques autres, à la façon dont lui-même avait commenté Nombres, en surnombre par rapport au texte de Sollers.

 

 

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Propositions

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Loi de la dissémination : tout commence par une doublure

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Il n'y a pas de première insémination ni d'origine singulière : le commencement est déjà dissémination, avant laquelle il n'y a rien

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Khôra est le lieu où commence la dissémination

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Une dissémination originaire appartient à l'être du Dasein : il s'auto-affecte dans un rapport à soi déjà dispersé (espacement, entre-deux)

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La mimesis prolifère à l'infini par autoduplication

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L'une des thèses inscrites dans la dissémination, c'est qu'une écriture résiste aux effets de sens, de contenu ou de thème auxquels on tend couramment à la réduire

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"Il faut" la dissémination, car c'est la loi de l'hymen

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La dissémination dans le repli de l'hymen, telle est l'opération mallarméenne

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Avec la dissémination, on ne peut compter ni par le un, ni par le deux, ni par le trois : c'est une pratique du quatre qui commence par la dyade

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La dissémination passe par une colonne transparente, réfléchissante - phallus vidé de lui-même ou tour de Babel - où se joue le déplacement des marges

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En ajoutant un quatrième terme, la dissémination derridienne détruit l'horizon ternaire, qui gouverne la métaphysique

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Il y a dans la tradition occidentale deux écritures : logocentrique et disséminatrice

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La lettre est restante : elle n'a pas de trajet propre et peut toujours manquer à sa destination

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L'expérience de l'hétérogénéité disséminale interdit à la dissociation de se fixer en distinction oppositionnelle

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La dissémination ouvre un lieu où aucune forme de présence n'agraphe plus la trace, où aucun point n'arrête l'écriture au nom de la loi

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La structure disséminale, c'est qu'il n'y a pas de retour possible de la lettre

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La puissance disséminatrice de la mimesis est méconnue par la "mimétologie" - ce système de miroirs compris dans la structure de l'ontologie

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La dissémination (ou différance séminale) se constitue en programme non formalisable, tenant à la chute incessante d'un supplément de code

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La différance est un mouvement productif et conflictuel, irréductiblement disséminant, qui inscrit les contradictions sans les relever

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Le phallus n'occupe aucun centre, aucun lieu naturel, il n'est qu'un des éléments d'une chaîne infiniment ouverte, d'une dissémination qui menace la signification

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A la limite du temple, une colonne invisible, indéchiffrable, unique, s'extrait de la crypte, travaille l'ordre en son dedans et fait proliférer l'excédent

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Le I (majuscule) dissémine d'avance l'unité du sens

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En produisant, se propageant et se multipliant, les oppositions finissent toujours par s'effacer

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La dissémination est la répétition du mot "entre" : une déhiscence qui n'a pas d'autre sens que l'espacement et l'articulation

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Le projet d'un livre qui s'ajoute au tout, à la jonction du programme et de son reste, se tient sur la tranche du livre fermé

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Une préface est un texte hybride ou biface : elle se décolle d'elle-même, se divise, elle greffe et dissémine au-delà de ce qu'elle veut dire

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La dissémination est la préférence pour une trace déposée au-dehors

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Avancer qu'il n'y a pas de hors-texte, ce n'est pas se rassurer dans l'intériorité d'un dedans ou d'une identité à soi, c'est observer que le texte affirme le dehors

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Aujourd'hui la préface semble désuète, archaïque, académique, car l'écriture disqualifie la rhétorique et le formalisme

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La dissémination circule infiniment sur elle-même; sa marche n'est limitée qu'à la marge, par pliure

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La préface, qui n'est ni dans le texte, ni hors-texte, pose la question du hors-livre, du liminaire : une démarcation qui met le texte en marche (ce qui se lit de la dissémination)

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La dissémination affirme le jeu de la castration sans l'arrêter, ni le surveiller, ni le signifier, ni le représenter

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Dans le jeu de la dissémination se définit et s'imprime littéralement la mise à l'écart de l'être

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La métaphore est double : 1/ elle s'inscrit dans une syntaxe et un système sémantique; 2/ elle dissémine selon les lignes du texte

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Tout est ourdi, dans le texte de Mallarmé - exemple de dissémination - pour se passer de référent, même si la référence demeure

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Par une extension réglée du concept de texte, la dissémination inscrit une autre loi des effets de référence : dans le texte, le réel sort de son trou

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Le séminal se dissémine sans avoir jamais été lui-même, à perte et à mort; n'ayant aucun sens, il diffère de la polysémie

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La teneur conceptuelle de la dissémination, c'est que la force et la forme de sa disruption crèvent l'horizon sémantique

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On peut considérer la préface d'un livre selon le chiasme : rester comme différance séminale / se laisser réapproprier dans la sublimité du père

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La scène de la conscience spectatrice et consommatrice n'est que l'effet détourné ou l'écorce d'une production séminale et chiffrée qui l'organise

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Par la loi de l'hymen, la théorie derridienne du double prolonge l'inquiétante étrangeté freudienne

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En faisant surgir un livre qui s'ajoute à la nature, dans un simulacre de duplication, la dissémination remet la philosophie en scène

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[Dans le prolongement de la psychanalyse, la dissémination résiste indéfiniment à l'effet de subjectivité que Lacan appelle ordre du symbolique]

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L'espace de la dissémination est marqué par une syntaxe indécidable du plus

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La perspective de l'espace de dissémination ne se laisse ni classer, ni cadrer

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La dissémination est la force qui permet à une marque de rompre son attache avec l'unité d'un signifié et de défaire l'édredon du symbolique

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Sachant que la saturation sémantique est impossible, nous laissons aujourd'hui la dissémination nous faire perdre la tête

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Dès le commencement, le discours d'assistance qui force à dire "je" (simulacre d'identité) prolifère avec le texte

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Le premier effet de la dissémination, c'est que les valeurs de responsabilité ou d'individualité ne peuvent plus dominer

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La dissémination figure ce qui ne revient pas au père

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La dissémination est la possibilité de déconstruire l'ordre symbolique dans sa structure générale et dans les formes de la socialité, de la famille et de la culture

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Le don est toujours menacé par une folie disséminatrice, où la dépense n'attend aucun retour

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Un texte est destiné à partir en cendre ou en fumée, il raconte une histoire de don, de dissémination absolue, qui lui fait déborder son cadre

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Ce qui est beau, c'est la dissémination : une coupure pure, sans négativité, un pur parergon supplémentaire sans thème, ni texte, ni représentation, ni signification

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Il ne peut pas y avoir de pensée ni d'écriture rigoureuse de la dissémination

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Pas plus que la castration, la dissémination ne peut devenir un signifié originaire, le lieu propre de la vérité

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La dissémination est la forme langagière de la dissension sexuelle, ce mal qui vient perturber la dualité apaisée des sexes (Geschlecht)

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Il faut élucider la différence sexuelle à partir de la jetée disséminale, et non l'inverse

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Assumer ou dénier la castration, cela revient au même : c'est donner un sens au phallus, lequel n'a ni lieu, ni trajet, ni signification, ni aucune possibilité de relève

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La dissémination se lit comme une sorte de matrice théorique de la sexualité féminine

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"Une dispersion sans diaspora", telle est la double signification de la grenade : force de dissémination, et aussi mort et destruction

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L'Orloeuvre est travaillée par la dissémination

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Un retrait (tsimtsoum) maintient à jamais l'espacement qui génère le texte

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Jacques Derrida signe "Ich", l'homme hébraïque, mais comme un chiasme : inversé, disloqué, disséminé

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Dans le rapport à la loi comme dans le rapport sexuel, le Tabernacle reste vide et la dissémination fatale

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Dans "La Dissémination", Derrida commente en abîme un texte de Philippe Sollers qui décrit l'engloutissement de la représentation classique sous le nombre

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La Dissémination (Jacques Derrida, 1972) [LD]

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