Derrida
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TABLE des MATIERES :

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DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Le livre de Tobie                     Le livre de Tobie
Sources (*) : L'humain, un être de supplément               L'humain, un être de supplément
Jacques Derrida - "Mémoires d'aveugle, L'autoportrait et autres ruines", Ed : RMN, 1990, p35-6

 

Le Christ guerissant les aveugles (Federico Zuccaro) -

Derrida, le dessin

Pour avoir enseveli les morts, Tobit reçoit en surabondance une bénédiction dont il doit se faire le scribe

Derrida, le dessin
   
   
   
Avant l'oeuvre, une surabondance Avant l'oeuvre, une surabondance
Derrida, bénédiction, malédiction               Derrida, bénédiction, malédiction  
Il faut à l'oeuvre un sacrifice, un retrait                     Il faut à l'oeuvre un sacrifice, un retrait    

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1. Sur le livre de Tobie.

Le Livre de Tobie, probablement rédigé par un locuteur hébreu de l'époque du second temple, a été retenu par le Concile de Trente (1546) dans le canon catholique, mais il n'a jamais fait partie du canon juif, et n'est pas commenté par les sources talmudiques. L'histoire est celle d'un Israëlite membre de la tribu de Nephtali déporté à Ninive. Tobit vivait vers 722 avant J-C, date de la déportation des dix tribus d'Israël. Bien qu'exilé et aussi orphelin, il tenait à ensevelir ses compatriotes privés de sépulture. Persécuté par les pouvoirs en place, victime d'une maladie des yeux (peut-être liée à sa fréquentation des cadavres), il devient aveugle et est réduit à la misère. Son fils Tobie part à sa demande recouvrer une somme d'argent chez un cousin éloigné. Guidé par l'ange Raphaël, il y rencontre son épouse prédestinée, Sarah, victime d'un démon qui fait périr ses fiancés (il s'agit d'éviter les mariages mixtes). L'ange assure Tobie qu'il ne subira pas le même sort et lui fournit le remède qui guérira son père de sa cécité.

 

2. Ecriture et oeuvre.

On peut, reprenant l'une des remarques de Jacques Derrida, analyser ce récit à partir de la fin (12ème chapitre sur 14, versets 20 et 21). Après que Tobie ait rendu la vue à son père grâce à l'intercession de l'ange Raphaël, celui-ci prend les parents (Tobit et Anna) à l'écart et leur dit : (1) Dans la traduction de la Bible de Jerusalem (Ed du Cerf) : "Alors, bénissez le Seigneur sur la terre, et rendez grâces à Dieu. Je vais remonter à Celui qui m'a envoyé. Ecrivez tout ce qui est arrivé. Et il s'éleva. Quand ils se redressèrent, il n'était plus visible. Ils louèrent Dieu par des hymnes; ils le remercièrent d'avoir opéré de telles merveilles : un ange de Dieu ne leur était-il pas apparu!". (2) Dans la traduction de la Pléiade utilisée par Jacques Derrida, le texte grec, qui traduit lui-même un original hébraïque perdu, est traduit de la façon suivante : "Eh bien, rendez grâces à Dieu, car je remonte vers celui qui m'a renvoyé, et écrivez dans un livre tout ce qui s'est accompli. Ils se relevèrent et ne le virent plus. Ils confessèrent les oeuvres grandes et admirables de Dieu et comment leur était apparu l'ange du Seigneur". (3) Et voici la traduction de Chouraqui : "Maintenant, célébrez l'Elohim : oui, je monte vers celui qui m'a envoyé. Ecrivez dans un acte tout ce qui est arrivé. Ils se lèvent mais ils ne le voient plus. Ils célèbrent ses oeuvres, grandes et merveilleuses : oui, un Messager de Yhvh leur était apparu".

L'ange Raphaël n'est qu'une apparition, un simulacre de visibilité, sans corps ni désir. Derrida commente ainsi l'injonction qu'il prononce :

"Or c'est depuis cette "vision" de l'invisible qu'il donne, aussitôt après, l'ordre d'écrire : il faut inscrire la mémoire de l'événement pour rendre grâce. Il faut s'acquitter avec des mots sur un parchemin, autrement dit des signes visibles de l'invisible" (Mémoires d'aveugle p35).

Quant Tobit et Anna veulent remercier l'ange, celui-ci leur explique qu'il n'attend pas des remerciements, mais une oeuvre. Oeuvrer, c'est témoigner d'une autre oeuvre, invisible, celle d'un ange ou d'un Dieu, qui ne se manifeste que par des visions ou hallucinations. Il faut témoigner de ces visions. Dans la traduction de la bible de Jerusalem, d'inspiration religieuse, ce témoignage s'exprime par un hymne, une louange. Dans la traduction littéraire de la Pléiade, c'est un livre, et chez Chouraqui, c'est un acte.

 

 

3. L'ensevelissement, le rapport de l'oeuvre à la mort.

- Au début du récit, on explique que Tobit a perdu sa fortune car il considérait comme un devoir d'ensevelir les morts sans sépulture (ses frères persécutés ou d'autres membres des dix tribus déportées à Ninive en 722). Son devoir, avant toute considération économique, était de donner un tombeau.

- C'est en ensevelissant les morts qu'il a été contaminé par une maladie qui lui a fait perdre la vue : double punition, par les pouvoirs politiques et dans son corps.

- Avant que son fils ne parte en voyage, il n'a qu'une demande à lui faire : l'ensevelir décemment. Après son retour, il répète une seconde fois cette même demande.

Raphaël, l'ange qu'on ne peut voir que dans des visions et qui rend la vue, est aussi celui qui accompagne Tobit lors des ensevelissements. "Le linceul de la mort se tisse comme un voile de la vision" écrit Derrida.

Mourir, c'est perdre la vie et la vue, mais cela n'arrête pas la dette. Pour s'en acquitter, il faut oeuvrer. Oeuvrer, ce n'est pas seulement enterrer les morts, c'est faire l'archive de ce qui arrive.

 


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