Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, auto - affection                     Derrida, auto - affection
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 13 octobre 2005 En s'auto - affectant, l'oeuvre ouvre un monde

[Derrida, pliure, auto-affection]

En s'auto - affectant, l'oeuvre ouvre un monde Autres renvois :
   

Derrida, l'hymen

   

Derrida, auto-immunité

   

Derrida, dédoublement, duplicité

Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir? Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir?

Derrida, s'entendre parler

                 
                       

Parmi les concepts attachés au nom et à l'oeuvre de Jacques Derrida, il est peu courant qu'on cite l'auto-affection. On préfère des mots plus emblématiques, voire médiatiques, comme différance, déconstruction, trace, hospitalité. Pourtant, l'auto-hétéro-affection apparaît dès les tous premiers opus de l'oeuvre, et ne cesse d'être relancée.

 

1. La parole, le logos.

Sans aucun détour par aucune extériorité, indépendamment de toute finalité externe, dans le temps même où je parle, je m'entends parler. Il est clair et évident pour moi que je comprends ma propre intention d'expression. Cette structure est, pour Derrida, l'essence de la parole. L'ouïe - ce sens interne et externe - produit simultanément la présence et la non-présence. S'appuyant sur le vécu de la voix, elle rend possible la subjectivité. Le sens propre des mots se donne à travers le signe, comme présence à soi du logos. En effaçant la matérialité du signifiant pour privilégier le sens, l'être présent, à l'écoute de la vérité, se donne la possibilité d'entendre la parole, y compris en l'absence de monde. Il évite ainsi toute aventure.

Pour Derrida, l'émergence de la parole, l'avènement du logos et celui de l'écriture alphabétique sont liés. Avec le cogito cartésien, c'est la conscience elle-même qui semble expérimenter l'auto-affection. Mais l'évidence du cogito tient-elle vraiment, ou uniquement, au sentiment du moi? Avant même cette évidence, un autre, accueilli en soi, peut tromper ou trahir. L'auto-affection est d'emblée ou d'entrée infectée par l'altérité. Il n'y a pas d'auto-affection sans hétéro-affection.

La figure de rhétorique impliquée par cette modalité de l'auto-affection est la fable. Une fable est une fiction, un récit, une parole qui se parle d'elle-même, qui se raconte elle-même, qui effectue son propre engendrement. Elle s'auto-interprète, se cite ou s'invente en inventant le récit de son invention. Francis Ponge a su, dans un certain poème intitulé "Fable" rendre compte de cette structure. Mais jamais la parole n'est entièrement circulaire. Comme le dit le poème, elle introduit l'autre en elle, elle brise le miroir.

 

2. Le vivant, le temps, l'auto-hétéro-affection.

L'affect, comme la sensation, ne devient actif que par le mouvement d'un objet extérieur. Ce rapport incalculable à l'autre, il le transforme en mouvement intérieur, il se sent lui-même. Sans cette possibilité, il n'y aurait rien de vivant. Cette structure universelle de l'expérience, où l'auto-affection est toujours habitée par une hétéro-affection plus vieille, plus originelle qu'elle, est l'autre nom de la vie, et aussi la source du temps. Pour constituer le même, l'auto-affection le divise. Pour se réapproprier l'autre, il faut qu'elle consacre sa dépossession. Le deuil de l'autre n'est pas accidentel, il est originaire, irréductible.

De même qu'on s'entend parler, on entre en rapport avec soi en se touchant. A travers cette opération du touchant-touché qui affecte tout vivant, l'expérience est travaillée par une division, elle accueille l'autre. Le vivant s'écarte de lui-même dans un mouvement où la déchirure n'est jamais dissociée de l'union (structure de l'hymen).

L'auto-affection sexuelle, ce qu'on appelle usuellement l'onanisme, est indissociable du mouvement du langage. La vie sexuelle est aussi liée à la masturbation que le langage à l'écriture. Dans les deux cas, on altère la présence par une autre présence, qui vient en plus. Ce supplément peut être vécu comme une menace, une faute.

Il n'existe aucun modèle préétabli pour répondre aux mutations venues de l'extérieur. Survivre, pour tout vivant, c'est laisser se transformer, se différencier radicalement, son rapport à soi. Cette logique n'est pas spécifiquement humaine : que ce soit pour l'homme, l'animal ou le végétal, le rapport à soi s'inscrit comme exappropriation. L'expérience dite "subjective" n'est qu'une non-identité à soi.

 

3. Exappropriation.

Quand "ça parle", quand une bouche s'ouvre, quand un "Je" se touche, un supplément vient altérer le moi. En répétant son propre souffle, l'esprit peut [en langage hegelien] déployer sa liberté - chaque fois différemment. La marque se met en marche, circulant sur elle-même. Elle se répète, se parasite, se replie sur soi. Chaque pli figure cet autre qu'elle porte en elle. Limitée seulement à la marge, elle produit l'écart, l'espacement, l'entre-deux.

La langue s'affecte du dehors, en excès sur elle-même. Elle se perturbe, se pervertit et se déconstruit déjà. Il lui faut cet hôte incompréhensible, insensé ou déjà mort, pour se déplier. Le rapport à soi, qui est aussi rapport à la folie, est fissuré. Le "oui" est toujours double : il y a celui de l'autre et celui qui s'adresse à l'autre. Le reste en découle jusqu'à Kant, la morale, la liberté et l'autonomie.

C'est le moment unique, singulier, non-reproductible, où la trace s'imprime sans se distinguer encore du support (ou subjectile). On ne peut pas reproduire ce moment, mais on peut à nouveau l'expérimenter (touchant-touché, imprimant-imprimé).

En langage heideggerien, on dira que l'être du Dasein est déjà dissocié, dispersé, délié, jeté dans une disséminalité originelle, un rapport à soi désuni, désaccordé.

 

4. Déconstruction.

Freud rêvait de ressusciter la trace originelle, ce moment unique et singulier d'auto-affection pure, de le ramener à la vie. Mais il a démontré lui-même, par sa théorie de l'après-coup, que ce temps restait secret, scellé dans la cendre, que le rêve de restitution d'un fantasme ou d'un trauma originel était impossible.

Le mouvement d'auto-affection ne peut pas se rassembler. Si l'Un se constitue (ou s'institue), ce ne peut être que par violence. Il est alors travaillé du dedans par la division (comme Hegel l'a démontré à propos de l'amour dans la famille). Tous les concepts qui se présentent dans l'évidence de leur signification (les concepts de la métaphysique) procèdent ainsi, mais ils ne peuvent qu'échouer à dire le mouvement de la différance pure.

 

5. Le souverain.

Quand il s'interroge sur l'émergence des langues, Jean-Jacques Rousseau se demande comment l'état de nature peut, de lui-même, sortir de lui-même. Il invente alors une fiction où la nature, par auto-affection, produit cet élément hétérogène qu'est le social. On retrouve cette fiction par l'opération du souverain : entre la bouche et l'oreille, il vocifère, dévore et en même temps oblige à entendre, écouter, obéir.

Quand l'homme se pose lui-même, s'autopose, affirme par sa culture et ses réalisations le propre du propre, il frôle la bêtise.

 

6. Figures de l'auto-hétéro-affection.

L'une des figures de l'auto-affection est la marche. Le pas, cette succession de rapprochements et d'éloignements emboîtés les uns dans les autres, ouvre dans son mouvement sa propre distance. Il ne peut se dire qu'au présent, mais se soustrait à la présence et à l'identité. Quand il est, il n'est pas, et quand il s'accomplit, il se retire. Il ne se pense pas à partir d'un commencement, mais d'une force toujours excessive qui engage un "je" (mort), entre un pas encore et un déjà plus.

Dans une auto-affection, c'est la structure du X sans X qui opère : le même qui, en s'écartant de soi, laisse venir la trace de ce qui a toujours été dissimulé, le tout autre.

 

7. Oeuvre, art, esthétique.

Œuvrer, c'est donner. Reprenant l'analyse des pratiques de don développées par Marcel Mauss sous le nom de potlatch, Derrida fait remarquer qu'une force mystérieuse déclenche un désir de restitution, de contre-don. Donner, c'est créer simultanément du donné et du donnant, c'est introduire le temps dans l'échange (la restitution est toujours différée). C'est cet écart qui peut devenir excessif, induire une réciprocité sans bornes, une folie dépensière. Quand la dépense n'est pas anticipée, elle cause une surprise et un plaisir. Elle produit un mouvement qui va au-delà de soi, un rire, une jouissance qui peut être comparée au plaisir désintéressé kantien produit par le jugement esthétique, le beau. Le sujet s'affirme et s'annule dans un "je-me-plais-à", ou encore "Je-me-plais-à-me-plaire-à", pure auto-affection habitée par l'hétéro-affection du tout-autre.

Pour que la chose s'affecte elle-même, il faut qu'elle se vive comme propre, pure, non souillée. L'infection menace, mais on prend le parti de l'ignorer. Ainsi le philosophe peut-il imaginer que l'imagination ne puisse être éveillée par aucune autre faculté, que la poésie doive faire son deuil de tout ce qui s'impose de l'extérieur. Mais, selon Derrida, c'est justement là où la productivité la plus libre semble s'accomplir que s'invente l'autre. Là où l'oeuvre ne semble être divisible que par elle-même, elle se dissémine. Là où elle ne parle elle-même que d'elle-même, elle appelle réponse, responsabilité et auto-affection. Toute scène primitive pourrait être vue comme une expérience de ce type, un hétéro-événement qu'on peut symboliser, idéaliser, transformer en modèle quasi-transcendantal ou en oeuvre.

On pourrait, à partir de l'auto-affection, penser l'art. La question des sources devrait alors être repensée en tant qu'elles répètent, dans l'oeuvre, la différence de l'autre. Mais ce n'est pas de l'extérieur qu'on peut déconstruire un texte ou une oeuvre. S'il y a déconstruction, elle s'opère dans l'expérience même de ce texte, ou de cette oeuvre.

Avec la mutation du livre, c'est tout le rapport du vivant à soi et à son milieu qui est bouleversé. Les yeux, les mains, le corps vertical, le cerveau sont impliqués dans cette transformation, sans qu'il soit possible d'en prévoir les conséquences à long terme.

 

8. Autocirconcision.

Peut-être la question de l'auto-affection hantait-elle Jacques Derrida depuis son enfance. C'est ce qu'il laisse entendre en tous cas, à plusieurs reprises, quand il raconte la culture des vers à soie qui semble produire, d'eux-mêmes, tout autre chose (un autre vivant); quand il évoque le talith dont s'enveloppe le fidèle juif quand il prie; ou encore le michkan (Tabernacle) qui, replié sur soi, enveloppe l'espace vide. Chaque fois, des tissus ou textures, rabattues sur elles-mêmes (qu'on peut lire comme des textes), semblent produire l'excédent.

Plus tard, le mouvement d'auto-affection a pris tournure de fantasme - toujours pris dans une thématique rattachée à la tradition juive. L'écriture, devenue si pregnante dans la vie effective, est décrite comme un acte d'auto-chirurgie, rituel d'auto-circoncision qui coupe le corps, ou encore acte érotique d'autofellocirconcision qui frappe le corps d'exappropriation. Ainsi l'auto-affection laisse-t-elle une trace dans le monde, un signifiant à la fois extérieur et irréductiblement abrité dans une intériorité (une intimité).

 

 

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Propositions

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L'auto-affection est une structure universelle de l'expérience

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L'affect, qui est le rapport du vivant à l'autre, est incalculable, irréductible, étranger à toute machine

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L'auto-affection derridienne est toujours habitée par une hétéro-affection plus vieille, plus originelle qu'elle

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Deuil, spectralité ou sur-vie sont des catégories irréductibles, car il n'est pas d'auto-affection sans accueillir l'autre en soi - ce qui engage le politique en son essence

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La pliure est une auto-affection : chaque pli déterminé se plie à figurer l'autre et à re-marquer ce pli sur soi de l'écriture

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"Oui oui"; tout discours est entre deux "oui", celui qui s'adresse à l'autre pour lui demander de dire oui, et le oui d'un autre, déjà impliqué dans le premier "oui"

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Qu'en est-il de la voix et du temps? Tous deux reproduisent l'auto-affection pure, ce pur mouvement qui n'est engendré par rien, et dont on ne peut parler que par métaphore

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Le temps, repensé à partir de la différance dans l'auto-affection, fissure la possibilité d'une simple identité à soi

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Dans la chose donnée, qui appelle le don, le "ça donne" ne se distingue pas du "ça donné", il est donné-donnant

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Le point-source du temps est auto-affection pure

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La voix est vécue comme une auto-affection absolument pure d'un type unique, car "je m'entends parler" sans aucun détour ni par le monde, ni par le non-propre

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L'auto-affection pure de la voix rend possible la subjectivité

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Entre la bouche et l'oreille, une oralité exemplaire (exemploralité) met en jeu la structure auto-affective du "s'entendre-parler"

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Quand "ça parle" ou "ça exprime", la bouche s'affecte elle-même puisqu'elle ne prend rien au-dehors et prend plaisir à ce qu'elle met dehors

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La voix opère comme auto-affection d'une différence pure

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Le sujet est un "Je" sans visage et sans corps, sauf au lieu de la pure auto-affection où ce "Je" se touche : la bouche

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L'esprit répète son propre souffle, en déployant l'infinie liberté d'une auto-affection

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Sevrés de toute finalité externe, nous intériorisons par la bouche notre existence libre et autonome, c'est-à-dire morale

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La folie, cette "absence d'oeuvre", est la part de silence irréductible contre laquelle le langage peut surgir - et il ne peut surgir, par essence, que contre elle

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Une dissémination originaire appartient à l'être du Dasein : il s'auto-affecte dans un rapport à soi déjà dispersé (espacement, entre-deux)

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[Le "se toucher" semble livrer le modèle transcendantal du "manger", du "baiser" et du "s'entendre-parler de la voix"]

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Dans l'événement aporétique, la parole s'affecte du dehors, sa valeur d'acte et de vérité se déconstruit

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Avec la déconstruction, quelque chose arrive à la langue : jouissant d'elle-même, elle accueille un hôte incompréhensible qui l'oblige à parler autrement

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Il y a, dans la déconstruction, une figure auto-interprétative [auto-affection] qui n'impose sa nécessité qu'en accumulant les forces qui tentent de la refouler [auto-immunité]

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On n'explique pas un texte, mais on peut rendre compte de son héritage, le "déplier"

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La déconstruction ne s'"applique" jamais de l'extérieur; c'est l'expérience qu'un texte fait de lui-même, sur lui-même

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Le sujet est produit, comme rapport à soi dans la différence d'avec soi, dans le mouvement de la différance

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Il n'y a ni essence, ni vérité de la femme : elle écarte et s'écarte d'elle-même, elle engloutit toute identité, toute propriété, dans un écart abyssal

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L'hymen, se divisant, se rapporte à lui-même par des pliures dont rien, dans sa syntaxe, ne peut arrêter le jeu

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La dissémination circule infiniment sur elle-même; sa marche n'est limitée qu'à la marge, par pliure

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Pour que la chose s'affecte elle-même, il faut qu'elle se vive propre, non souillée, devant l'infection qui menace

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Dans l'"autofellocirconcision" derridienne, le propre se reconnaît comme frappé d'exappropriation

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L'auto-affection du moi est comparable à l'onanisme : altérer la présence en restituant une autre présence qui n'est que représentation, supplément, altération

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La bêtise est le propre du propre, le propre s'autoposant, se posant lui-même, dont l'homme avec sa culture est le témoin autoproclamé le plus bavard

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X sans X : En écartant le même du rapport à soi, ce re-trait le soustrait à son identité et laisse la trace de ce qui a toujours été dissimulé, le tout autre

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L'amour, noyau essentiel de la famille telle que décrite par Hegel, est aussi ce qui la divise, la partage, la travaille du dedans (auto-affection) et la conduit à sa perte

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L'itérabilité de la marque ne laisse intacte aucune opposition; elle porte en soi son autre, sa re-marque qui la parasite et lui interdit de sa rassembler auprès de soi, de se réapproprier

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Dans sa référence à soi, le travail du je commence par une énonciation impossible, un "Je suis mort" passé et aussi imminent, qui pointe depuis le futur

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On ne peut retrouver la trace singulière, originaire, archivante, celle de l'autre en soi, car à l'instant de son impression, elle ne se distingue pas encore du support

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Le sentiment du moi, son auto-affection ou sa jouissance ne tiennent pas à l'évidence du cogito, mais au témoignage d'un autre qui, avant tout acte de foi, peut trahir

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Suspendu à l'événement d'un "Viens", pas encore affecté ou déjà plus (Je m'---), le "Je" va vers ce qu'il appelle : un "Je mort"

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Dans la structure générale de l'auto-affection, l'opération du touchant-touché accueille l'autre

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Travaillée par une division, l'opération d'auto-affection accueille l'autre

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L'invention s'invente en inventant le récit de son invention : c'est une fable, un événement de langage où adviennent, en une fois, le même et l'autre

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Le beau est une structure d'hétéro-affection pure : auto-affection affectée de l'objectivité pure du tout-autre

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Dans le jugement esthétique, l'hétéro-affection la plus irréductible habite l'auto-affection la plus close

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Le "plaisir désintéressé" produit par l'objet beau ou sublime est un "se-plaire-à" : une auto-affection purement subjective

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Donner par surprise à l'autre, tel est le plus grand plaisir qu'on puisse se donner, celui qui fait surgir le nouveau au plus proche de la cause de soi, de l'auto-affection

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Tout commence dans le pli de la citation

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L'oeuvre n'est divisible que par elle-même, rien ne l'affecte du dehors, jusque dans la dissémination de sa lignée

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Dans l'expérience de l'art, c'est l'oeuvre qui, par son "subjectum", est l'autorité souveraine qui exige, ordonne, appelle réponse, responsabilité, transformation

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Les sources d'une "oeuvre" ou d'une "pensée" étant hétérogènes, on ne peut y "revenir" qu'en s'en écartant, en se laissant diviser par la différence de l'autre en soi

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Ecrire un livre est une auto-circoncision, une auto-chirurgie

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Avec la mutation du livre, ce qui se transforme est un rapport du vivant à soi : entre corps, mains, visage, yeux, bouche, cerveau, temps, station debout et distribution du discours

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La distinction homme - animal - végétal est un dogme; s'ils se différencient, ce n'est que par un autre rapport à soi, toujours inscrit dans l'exappropriation

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Tous les concepts de la métaphysique recouvrent l'étrange mouvement de la différence pure - ou auto-affection

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Le logos ne peut se produire comme auto-affection qu'à travers la voix, dans l'évidence de la présence à soi-même

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L'écriture alphabétique s'est imposée car elle est liée à l'événement de la voix dans une auto-affection supposée vivante

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Le logos, qui est la parole comme auto-affection, se produit dans l'histoire par le détour d'une écriture, en rendant la voix à un silence dynamique

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L'Un ne peut s'affirmer et s'instituer que dans la répétition où, pour se garder de l'autre, il se fait violence

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Freud voudrait ressusciter la trace originelle et unique, à l'instant même de son impression, à même le subjectile

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L'auto-affection laisse une trace de soi dans le monde : un signifiant inexpugnable dans une extériorité irréductible

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D'elle-même, la faculté sensitive ne se sent pas; sans le mouvement d'un objet extérieur, elle ne s'auto-affecte pas

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Dans l'Ulysse de Joyce, ce qui fait rire est l'ouverture du cercle qui renvoie de soi à soi : le "oui" affirmé/appelé implique un autre "oui" au-delà du "oui", un "oui-rire"

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Chez Rousseau, l'imagination est déterminée comme différance : faculté virtuelle la plus active, elle est en réserve dans la nature et la transgresse

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L'imagination ne peut être éveillée par aucune faculté : elle est pure auto-affection

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La fable est parole; en parlant d'elle-même, elle "fait" la vérité

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La parole poétique est l'équivalent analogique général des Beaux-Arts, la valeur des valeurs : en elle s'effectue le travail de deuil qui transforme l'hétéro-affection en auto-affection

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Il n'y a pas de "pensée derridienne de l'art", mais un rapport au tout-autre par déconstruction, dissémination, différance, auto-affection, économimesis, et plus...

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Une oeuvre peut être vue comme événement d'auto-affection de la scène primitive

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Vouloir distinguer le mouvement du langage et l'auto-affection sexuelle est le voeu logocentrique par excellence

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Entre la bouche et l'oreille, la puissance de dévoration / vocifération du souverain oblige à entendre, écouter, obéir

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Dans tout récit, il y va d'un "pas" qui rapproche et éloigne, ouvre à lui-même sa propre distance, ne se forme que pour se soustraire à la présence et l'identité

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D'une force excessive par rapport à elle-même, la pensée chez Blanchot ne pense pas "à-partir-de", mais reconduit au "venir-de-partir" , avant l'éloignement du proche

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Dans la fiction rousseauiste, la nature sort de soi par un point d'inversion, imprévisible, d'extériorité / supplémentarité, où les virtualités déjà présentes font irruption

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Pour élaborer sa théorie de l'auto-affection de la voix, Jacques Derrida s'inspire de Heidegger

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Le michkan (Tabernacle, ou Demeure du Saint des Saints) est fait de textures (ou tentures, ou tapis, ou étoffes, ou bandes) dont il faut sans cesse remployer l'excédent

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Le talith est comme le vivant : c'est la possibilité de l'auto-affection

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Un souvenir d'enfance de Jacques Derrida : le ver à soie s'auto-affecte jusqu'au moment de "véraison" unique, imprévisible, où se perce l'écorce

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"J'ai dû me porter moi-même lors de ma circoncision" : pour qui sait lire, cela s'écrit dans la différance

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