Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'hymen                     Derrida, l'hymen
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 3 février 2010 Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir?

[Derrida, l'hymen]

Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir? Autres renvois :
   

Derrida, la femme

   

Derrida, pliure, auto-affection

   

Derrida, l'"entre", l'espacement

En s'auto - affectant, l'oeuvre ouvre un monde En s'auto - affectant, l'oeuvre ouvre un monde

Derrida, la mère, la matrice

                 
                       

1. La loi de l'hymen.

Dans la langue française, le mot hymen a un double sens. C'est une membrane qu'on déchire, mais c'est aussi une union nuptiale. Jacques Derrida joue sur cette duplicité pour élargir la signification du mot, jusqu'à en faire un concept.

L'hymen n'est pas un objet. C'est une loi inquiétante, étrange et familière comme la répétition freudienne ou comme la circularité du plaisir, qui ne se prend que pour se perdre. Quelque chose, en soi, se répète, mais au lieu de se replier sur soi, ça s'éloigne du propre. Ça se déchire, ça se dédouble, ça s'écarte, ça ouvre une extériorité qui ne relève ni de la mimesis, ni de la représentation, ni de la référence. Il faut que ça se dissémine. Telle est la loi de l'hymen, qu'on ne peut pas ne pas suivre, même si on s'entoure de toutes les précautions du discours, du système et de la structure. Cette loi est celle de la différance, de l'archi-écriture. L'être s'écarte et relance sans cesse la production textuelle.

L'hymen est dans (la femme), dans l'obscurité de son antre, et aussi entre le dehors et le dedans, à la limite. On peut déchirer cette membrane, cette paroi vaginale et virginale, mais même après qu'elle ait été déchirée, on ne la franchit pas, elle reste un bord. On ne peut pas la crever sans violence, mais elle ne se crève jamais complètement, elle reste en suspens. La déchirure tient et ne tient pas, elle a eu lieu et elle n'a pas eu lieu, elle entretient l'espacement. On la consomme sans la briser, on la consume pour le plaisir. Même consumé, l'hymen continue à se plier. Rien ne peut arrêter le jeu de cette pliure.

 

2. Le texte-hymen.

La loi de l'hymen vaut pour le texte et aussi pour le livre. Son secret doit rester intact. Pourtant quelque chose se marque, entre le dehors et le dedans, dans le pli de l'hymen. Les feuilles se plient et se replient; elles interrompent la virginité du texte (sa continuité) par des marques. Le texte devient un signe, une représentation, une présence, un objet indépendant, un livre. En lui se produisent de la mimesis, de la dissémination. Par pliure l'hymen s'est déchiré. Les lèvres du livre ont été écartées. Il y a eu coupure, mais l'objet est fermé. Il reste intact. L'oeuvre reste inachevée : sa limite n'est ni son cadre, ni le moment où l'artiste arrête de travailler, elle est dans la pliure qu'elle effectue sur elle-même, qui la ferme [garder le secret] mais laisse ouverte la différance.

Lire, interpréter, traduire, c'est s'unir au texte et l'ensemencer, le déchirer, en faire un lieu, un hymen où passera, une fois, une seule, le nouveau-né. En se divisant, la membrane se rapporte à elle-même, elle met en marche et en oeuvre une loi d'extériorité et d'étrangeté. Dans cette opération, c'est le livre lui-même qui se consume. Mettant en jeu sa limite, son bord, il perd son identité stable. La pliure n'est pas sans reste : elle laisse des marques, des traces, des plis et des replis, de l'écart et du surnombre.

En inscrivant une différance sans présence, la consumation de l'hymen suspend les différences. Elle ajoute le livre à la nature, le remet en jeu. On le viole sans le détruire, sans dévoiler aucune vérité, et il se recoud dans le texte.

 

3. Auto-affection, autres hymens.

La thématique de l'hymen est étroitement liée à celle de l'auto-affection. En se divisant, l'hymen se rapporte à lui-même et à l'autre. On peut comparer ce mouvement avec celui que Freud a repéré dans le jeu dit du Fort/Da (ou fort:da). Trop proche, il fallait que l'enfant éloigne la bobine, et trop lointaine, il fallait la rapprocher. Ainsi se met en route la logique du pli.

Ce qui arrive aujourd'hui, comme à l'époque de Mallarmé et comme dans l'oeuvre de Francis Ponge, c'est que nous sommes voués à devenir, entre hier et demain, les éponges équivoques et indécidables de cette consomption. Mais d'un autre côté, en la prenant sur soi, on peut laisser venir, entre vie et mort, une force plus grande encore : la vie plus que la vie.

 

 

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Propositions

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Par la loi de l'hymen, la théorie derridienne du double prolonge l'inquiétante étrangeté freudienne

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"Il faut" la dissémination, car c'est la loi de l'hymen

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Dans sa généralité, l'écriture est assujettie à la loi de l'hymen : écarter la référence

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L'hymen "a lieu" dans l'entre (antre), dans l'obscurité d'une caverne, entre le dedans et le dehors de la femme

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En jetant et faisant revenir la bobine, l'enfant du Fort/Da - ou Fort:Da - associe dans un hymen la dissociation et la conjonction, la séparation et la dissémination

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Le plaisir, Freud ne sait pas ce que c'est : concept inconcevable, passage qui n'arrive qu'à s'effacer, hymen qui revient à son point de départ, stricture qui se lie elle-même

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L'hymen, se divisant, se rapporte à lui-même par des pliures dont rien, dans sa syntaxe, ne peut arrêter le jeu

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La consumation du livre, comme celle de l'hymen, ne commence ni ne finit jamais

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L'objet-texte [livre, oeuvre] est le reste d'une pliure qui déchire l'hymen, laisse le texte vierge et intact le secret

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La dissémination dans le repli de l'hymen, telle est l'opération mallarméenne

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Il n'y a pas de vérité du dévoilement : seulement un clin de l'hymen, une chute rythmée, une cadence inclinée

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En faisant surgir un livre qui s'ajoute à la nature, dans un simulacre de duplication, la dissémination remet la philosophie en scène

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Le contrat de traduction - hymen ou contrat de mariage - promet une semence, l'invention d'un enfant qui donnera lieu à histoire et croissance

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La consumation de l'hymen est fusion entre-deux, accomplissement de désir qui suspend les différences en inscrivant une différance sans présence

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Au jour où nous sommes comme au temps de Mallarmé, la crise de l'opposition alternative est un hymen entre "hier" et "demain"

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Francis Ponge est une éponge, un subjectile équivoque, aussi indécidable qu'un hymen

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La "vie plus que la vie", c'est prendre sur soi une force trop grande, incapable d'être ruinée par rien, acquiescer à cette Chose : l'"arrestance" d'un autre hymen

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