Francis Ponge prend le parti-pris des choses. S'il signe son texte, de son propre nom, c'est parce que la chose est muette. Il se l'approprie, mais dans la perspective d'une écriture qui lui soit propre, à elle, c'est-à-dire de sa réappropriation. Il ne sera pas dit qu'il aura signé à sa place : c'est son propre à elle qui s'affecte. D'où son obsession de la propreté. Qu'il s'agisse de lessiveuse ou d'étagère, le sale, le sali, le mouillé, le souillé, l'infecté, le froissé, le trouble, le sordide, l'ignoble, tout cela menace le debout, le stable, le pur, l'hygiénique, le nettoyé, le rincé, le séparé, l'identifié, le franc [comme Francis], le français (le bon usage de la langue), le frais.

L'écriture dictée par la chose, celle qui lui est appropriée, combat l'expropriation. Pour Ponge, c'est un défi que le texte doit relever, c'est l'engagement pris par la signataire.

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Il en est ainsi dans tout mouvement d'auto-affection : n'est affectée qu'une chose qui se vit comme propre. C'est le cas de l'éponge, cet objet équivoque, vivant, animal-végétal, capable d'absorber et de rejeter, de retenir et d'effacer, de se souiller et de purifier.

De même que le savon ne devient lui-même qu'en se réduisant, en laissant partir sa substance avec la saleté d'un autre, l'éponge ne devient elle-même que par sa capacité à absorber en elle la crasse, dont elle se débarrassera ensuite. L'hétéro-affection est la condition de l'auto-affection.