Derrida
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Derrida, ses livres                     Derrida, ses livres
Sources (*) : (D')après Derrida (ce qui s'en disperse)               (D')après Derrida (ce qui s'en disperse)  
Jacques Derrida - "Derrida, l'événement déconstruction - Temps Modernes 669/670", Ed : Temps Modernes, 2012,

"Derrida, l'événement déconstruction" (Jacques Derrida et autres, Les Temps Modernes n°669-670, juillet/octobre 2012) [TempsModernes669]

   
   
   
                 
                       

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sur le livre

 

Table

p3 : Avant-propos, par Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly

p5 : Salut éternel à Jacques Derrida, par Claude Lanzmann

 

p7 : La déconstruction et l'autre. Entretien avec Richard Kearney, par Jacques Derrida. Entretien réalisé à Paris, en 1981.

p30 : La mélancolie d'Abraham. Entretien avec Michal Ben-Naftali, réalisé en mars 2004 à Ris-Orangis.

 

p67 : Court traité de la décision en deux pages, par Hadrien Laroche

p106 : Monolinguisme et optimisme : Derrida, Candide et la culture, par Annabel Herzog

p120 : L'Impossible Monsieur Bébé, cette déconstruction incessante..., par Avital Ronell

p133 : Chez lui chez l'autre, par François Raffoul

p157 : La démocratie est-elle à venir? par Jacques Rancière

p174 : Comment dire "nous"? par Félix Heidenreich

p183 : In media res, par Stéphane Habib

p202 : L'enfance (sans origine) de la déconstruction, par René Major

p217 : La bête est sans pourquoi, par Gérard Bensussan

p234 : Non seulement un chien. Les bestiaires de Levinas et Derrida, par Orietta Ombrosi

p254 : Au commencement, le souffle... La genèse de la déconstruction, par Michel Naas

p274 : Dieu, peut-être. Esquisse d'un Dieu à venir et d'une nouvelle espèce de théologiens, par John D. Caputo

p289 : L'athéisme radical de Derrida, par Martin Hägglund

p306 : Not a notion what I meant : l'autre métaphysique, par Andrew Haas

p334 : Des motivations naturalistes et humanistes de la déconstruction, par Timothy Mooney

p357 : Le dialogue toujours différé de Derrida et Gadamer, par Jean Grondin

p376 : Correspondance de Jacques Derrida et Hans-Georg Gadamer

p391 : Déconstruire jusqu'à la résistance, par Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly

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Ce volumineux numéro spécial des Temps Modernes a pour titre : "Derrida, l'événement déconstruction". On peut s'interroger sur la signification de ce titre. S'agit-il d'analyser un événement qui a déjà eu lieu, sous la signature de Jacques Derrida? S'agit-il de prolonger cet événement de l'intérieur, comme si le même événement était toujours en cours, à travers des inédits signés par Derrida (ou avalisés par lui) ou des écrits récents d'autres auteurs? Ou bien s'agit-il d'un ou de plusieurs nouveaux événements, auxquel on pourrait rattacher le nom de Jacques Derrida (mais pas sa signature), malgré sa disparition?

Voyons le contenu du volume. On y trouve deux interviews inédites datées de 1981 et 2004, ainsi qu'une correspondance avec Gadamer, inédite elle aussi. L'intérêt de ces trois textes ne fait aucun doute. Ils contiennent des angles de vue et des formulations distinctes de celles qui ont déjà été publiées. On trouve aussi dans ce volume une excellente moisson d'analyses et de commentaires de textes derridiens réalisés par d'excellents spécialistes, dont l'originalité ne prête pas à contestation : Annabel Herzog qui trace un parallèle entre le Candide de Voltaire et le Monolinguisme de l'autre, Michel Naas qui propose une analyse de la place du souffle dans Foi et savoir, Felix Heidenreich qui se demande pourquoi Jacques Derrida a pris Carl Schmitt au sérieux, Gérard Bensussan qui resitue la passion derridienne de l'animal dans l'ample chaîne de la philosophie - tandis qu'Orietta Ombrosi critique le bestiaire trop anthropomorphique à son goût d'Emmanuel Lévinas (auquel, semble-t-il, elle préfère celui de Derrida), Jean Grondin avec une présentation avisée de la relation complexe entre Derrida et Gadamer, etc... Chacun de ces textes apporte sa pierre à l'édifice impressionnant de l'analyse toujours plus pointue du texte derridien. Mais cela conduit à une première interrogation :

1. Ces textes écrits par des philosophes compétents, dont la familiarité avec leur thème ne fait aucun doute, en quoi font-ils événement? En quoi participent-ils de l'événement déconstruction qui procure à ce volume des Temps Modernes son titre?

Pour répondre à cette question, une première observation s'impose. La revue Les Temps Modernes n'est pas une revue de philosophie. Elle aborde les sujets les plus variés sous les angles les plus divers. Et pourtant, lorsqu'elle se penche sur Derrida déconstructeur, elle semble privilégier des approches qu'on peut, sans que cela ne soit péjoratif d'aucune façon, qualifier d'académiques. Mais continuons notre exploration du volume. On y trouve des textes d'auteurs reconnus qui poursuivent un travail entrepris depuis longtemps : René Major sur la Lettre volée, Jacques Rancière sur sa critique de la théologie que sous-tend (selon lui) la pensée derridienne, Avital Ronell dans un vaste périple autour de l'enfance. Ces textes ne relèvent ni du commentaire ni de l'hagiographie derridienne, nul ne peut en contester la pertinence, et pourtant l'on voit mal en quoi, eux aussi, ils constituraient un événement-déconstruction. Si nous faisons ce constat, ce n'est en aucune façon pour critiquer les initiateurs du volume, Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly. Au contraire, ces deux philosophes posent en conclusion une excellente question : "A quoi bon la déconstruction?". Ils esquissent même un début de réponse : la déconstruction ouvrirait le chemin d'une résistance interminable, d'un devoir qui "ouvre à l'urgence de penser là où se produit l'impensable, de décider là où prolifère l'indécidable, de répondre là où sévit l'irrésolution et de questionner là où parvient l'inquestionnable". La déconstruction, ajoutent-ils, "rend justice à tout ce qu'elle n'est pas, ne doit pas être et ne peut pas être". Prenons-les au mot, avec le risque d'un détournement intempestif de leur pensée, et posons une deuxième question.

2. Une déconstruction qui resterait indéfiniment dans les bornes du philosophique, qui ne sortirait pas du cadre convenu [voire académique] du commentaire érudit du texte derridien, mériterait-elle encore le nom de déconstruction? Et [a fortiori] mériterait-elle encore le nom d'événement?

Vous direz : cette deuxième question n'est pas très honnête, car elle contient implicitement sa réponse. Evidemment non. Mais alors quel est le statut d'un volume remarquable comme celui qui constitue la 669-670ème livraison des Temps Modernes? Proposons la réponse suivante : son titre en trois mots, "Derrida l'événement déconstruction" ne serait pas une assertion, mais un appel, une promesse. Il nous inviterait à partir du texte derridien (premier mot) non pas pour en débusquer ou reproduire l'événement fondateur, mais pour ouvrir à une autre urgence, celle de l'autre événement que rien dans le texte derridien n'anticipe ni ne prévoit (deuxième mot), et que rien dans les définitions antérieures de la déconstruction ne définit (troisième mot). Ce titre laisserait entendre qu'il n'y aurait pas d'autre façon de rendre justice au texte derridien que de faire tout autre chose que ce qui est fait dans ces textes réunis en volume, et même dans les textes de Derrida lui-même. Car un événement véritable, un événement proprement dit, n'est-il pas radicalement inconditionné?

Mais continuons l'examen de ce numéro spécial. On trouve des textes qui apportent une contribution originale sur certains concepts pour lesquels la contribution de Jacques Derrida a été décisive. Dans sa réponse à l'une des questions de Richard Kearney (p9), Derrida précise que la déconstruction s'efforce d'interroger la philosophie depuis le lieu d'une altérité irréductible, un non-lieu où elle apparaîtrait autrement, se réfléchirait comme autre qu'elle-même. Lorsqu'Hadrien Laroche déploie le concept de décision et François Raffoul celui d'hospitalité, se limitent-ils à un travail philosophique classique (académique), ou bien s'interrogent-ils à partir d'un lieu autre que la philosophie, un lieu où chacun serait impliqué par le concept de décision ou celui d'hospitalité? A lire leur texte de plus près, on a l'impression qu'ils ne s'aventurent dans ce non-lieu que très prudemment (s'ils s'y aventurent), et seulement dans la mesure où leur parcours a déjà été balisé par d'autres philosophes, y compris Jacques Derrida - dont la place alors n'est plus celle de l'événement-déconstruction, mais celle d'une tradition de référence. Ceci nous conduit à une troisième question :

3. Huit ans après la mort de Jacques Derrida, les auteurs qui continuent à analyser le texte derridien dans les termes mêmes de Jacques Derrida font-ils encore événement-déconstruction, ou n'opèrent-ils que comme experts en philosophie?

C'est la question la plus complexe et la plus scabreuse, car il pourrait sembler difficile à comprendre que des auteurs fassent tout autre chose que Jacques Derrida (prolonger la tradition philosophique) en faisant apparemment la même chose que lui (déconstruire cette même tradition). Pour poursuivre la déconstruction - qui est aussi une destruction des fondements, il faudrait rompre avec une certaine modalité (fondatrice) de la déconstruction. Peut-être est-ce que cela commence à arriver avec le numéro 669-670 des Temps Modernes, ou peut-être est-ce simplement la question qu'on peut poser à partir de ce numéro.

Il n'est pas difficile de prévoir que d'autres revues, d'autres livres, d'autres numéros spéciaux prendront la suite de l'excellent numéro n°669-670 des Temps Modernes dans la tâche infinie qui attend les herméneutes et les experts. Ils sont et ils seront d'excellents herméneutes et d'excellents experts, mais probablement pas des déconstructeurs. En disant cela, je ne cherche ni à dévaloriser ces textes ni à nier leur importance. Je tente au contraire d'y mettre en oeuvre la méthodologie qui pourrait ouvrir à une nouvelle déconstruction. Il faudrait, dans ces textes ou dans d'autres, discerner les éléments mineurs qui (le plus souvent sans l'avoir voulu) résistent à la monumentalisation du texte derridien, les éléments illisibles sur lesquels d'autres éléments pourraient se greffer (sans jamais garantir la lisibilité des premiers). La déconstruction, (s'il y en a), ne sert pas deux fois le même plat.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

La pensée de la déconstruction n'est ni grecque, ni juive; et pourtant c'est une pensée de cet autre du Grec : le Juif en tant qu'autre

Ce qu'on appelle aujourd'hui "moderne" ou "nouveau" est aussi quelque chose d'extrêmement ancien, d'archi-dissimulé

"Déconstruction", "différance", "dissémination" ou "trace" sont des "non-concepts" : des mots intraduisibles qui n'ont pas de contenu sémantique au-delà du langage

L'écriture performative de Jacques Derrida, qui transforme l'usage et le sens des mots, n'est jamais dépourvue d'affect

Jacques Derrida s'efforce d'interroger la philosophie depuis le lieu où elle se réfléchirait comme autre qu'elle-même, un non-lieu qui lui serait radicalement irréductible

Ce qui se passe dans "Glas", c'est que le texte se met à produire son propre langage, qui émerge comme une mutation monstrueuse, sans tradition ni précédent normatif

"Derrida, l'événement déconstruction" (Jacques Derrida et autres, Les Temps Modernes n°669-670, juillet/octobre 2012) [TempsModernes669]

 


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Sources
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