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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, limitrophie, limite et arrêt                     Derrida, limitrophie, limite et arrêt
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 12 novembre 2005 Orlolivre : comment ne pas se parergonaliser ?

[Derrida, limite, limitrophie]

Orlolivre : comment ne pas se parergonaliser ? Autres renvois :
   

La différance, inarrêtable

   

Derrida, l'aporie

   
Oeuvre, arrêt, différance Oeuvre, arrêt, différance
                 
                       

1. Toute limite est récusable, mais elle revient, irrécusable.

Jacques Derrida pense la limite à partir de sa célèbre formule : Il n'y a pas de hors-texte. [Pour une analyse de cette formule, cliquez dessus, SVP]. Si l'on prend cette formule au pied de la lettre, on peut la considérer comme universelle : s'il n'y a que du texte, alors rien ne le limite, rien ne le précède, rien ne l'intitule, rien ne l'isole, (etc.). Il ne peut y avoir ni limite, ni bord. Et pourtant, il y en a, car le texte n'est pas homogène - et donc la formule n'est pas universelle. Non seulement il y a dans le texte de l'autre, de l'hétérogène, de l'extériorité, mais en plus, il l'affirme. Ce texte qui n'a pas de dehors affirme son dehors, sans même avoir à transgresser aucune limite. Telle est l'aporie du texte, la structure aporétique d'auto-hétéro-affection que Derrida ne cessera jamais de pointer et de chasser dans le texte. Exemple : le titre, la signature ou la préface peuvent faire bord, mais ce cadrage est, comme tout cadrage, précaire et instable, il est par essence ambigu, voire illégitime. La mise en oeuvre de ce mécanisme porte chez Derrida encore un autre nom : la dissémination.

 

2. Limitrophie.

La limite derridienne n'est pas situable dans l'espace, ou si elle l'est, c'est seulement de manière oblique, un mot qui ne renvoie pas à une disposition, mais à une tension, une dissymétrie. On ne peut pas figurer les frontières par un trait ni un bord : ce sont des limitrophies complexes, plurielles, mobiles, hétérogènes et discontinues, qui peuvent se transformer, croître et (se) multiplier. Dans cet espace métaphorique où les mots transportent, font dériver ou déraper, la différance qui produit des chaînes dans le langage est inarrêtable. Elle travaille toujours à défaire ce qu'elle tisse. Chez Derrida, aucun fondement n'est solide, aucun seuil n'est indivisible. D'ailleurs le mot seuil lui-même est suspect : il marque une fin ou un commencement, on l'imagine comme une ligne qu'on pourrait franchir d'un pas, en un instant ponctuel. Mais supposer cela, c'est séjourner quelque part, dans la sécurité d'un lieu clos (une famille, une ville, une nation), dans une architecture stable ou au-dessus de la solidité d'un sol. En privilégiant les limitrophies par rapport aux limites, la déconstruction délégitime toute assurance d'un seuil. Même la mort est inconcevable dans une logique binaire. Et Derrida privilégie les auteurs qui, selon lui, laissent les limites interminablement ouvertes : Heidegger, Freud, Lévinas.

 

3. Parergon.

Tout encadrement est soumis à la logique du parergon. Fixer une oeuvre, c'est la mettre en mouvement; la border, c'est y ajouter d'autres suppléments. L'objet-texte n'est pas le résultat d'une délimitation, mais le reste d'une pliure, d'un entre-deux qui, comme l'hymen, ne commence ni ne finit jamais. D'une part, une oeuvre arrête la différance (cadre, parergon), mais d'autre part, elle bute sur l'impossibilité de cet arrêt. Elle coagule, elle entoure, elle cicatrise, tout en tenant ouvert l'espacement.

Cela vaut aussi pour la bordure complexe qui conjoint / sépare les humains des animaux - les efforts séculaires de la tradition judéo-grecque pour la réduire à des critères simples (du type : le langage, le rire, l'aptitude à "feindre la feindre", etc...) sont voués à l'échec.

 

4. Sans limite.

Ce qui arrive aujourd'hui dans le champ politique - la destruction des limites classiques (celles qui séparent l'ami de l'ennemi, le public du privé ou les bornes des Etats ou des institutions) favorise le déchaînement de l'hostilité pure. Mais cela permet en même temps l'irruption de concepts que nul n'aurait pu anticiper.

Ainsi les concepts purs inconditionnels de l'hospitalité, du pardon ou du don sont-ils, eux aussi, illimités. Au don pur, il ne peut y avoir aucune borne. On peut le comparer, de ce point de vue, à la circoncision : même cicatrisée, même glorieuse, elle reste une blessure dont l'apaisement n'est jamais complet. Comme l'héritage juif, elle est inarrêtable.

 

5. Autres seuils.

Pourtant il reste des seuils. Mais les clés pour les franchir (si elles existent) nous manquent.

Entre le calculable et l'incalculable, entre le prononçable et l'imprononçable, les seuils n'ont pas de lieu. On ne peut ni buter contre eux, ni les franchir.

 

 

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Propositions

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Toute déconstruction commence par déconstruire l'indivisibilité d'un seuil et la solidité d'un fondement

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La limite en général, comme le tympan, est oblique

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La dissémination circule infiniment sur elle-même; sa marche n'est limitée qu'à la marge, par pliure

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La préface, qui n'est ni dans le texte, ni hors-texte, pose la question du hors-livre, du liminaire : une démarcation qui met le texte en marche (ce qui se lit de la dissémination)

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Dans une conception moderne du texte et de l'écriture, il n'y a ni préface, ni programme, ni rien qui précède le texte

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La consumation du livre, comme celle de l'hymen, ne commence ni ne finit jamais

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Au commencement est un seuil, dont la clé vient à manquer

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L'hymen "a lieu" dans l'entre (antre), dans l'obscurité d'une caverne, entre le dedans et le dehors de la femme

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Le "parergon" est un supplément à l'oeuvre d'art, ni intérieur ni extérieur, qui la délimite, la cadre et la borde

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[Derrida, le cadre : il soutient et contient toujours ce qui, de soi-même, s'effondre]

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Un titre borde et cadre un texte : sa voix commande de haut, elle assourdit et suspend

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Le don (s'il y en a) ne peut être limité par aucune ligne, aucun bord, aucun trait indivisible

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Heidegger, Freud ou Levinas, témoins d'un questionnement qui laisse les frontières interminablement ouvertes, restent contaminés par une bio-anthropo-théologie cachée

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La possibilité du jeu est le point où, à l'intérieur des machines, le calcul trouve sa limite

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Entre "humain" et "animal", la rupture est abyssale mais la frontière ni une ni indivisible : c'est une limitrophie complexe, plurielle, que l'homme raconte autobiographiquement

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Il ne s'agit pas d'effacer toute limite entre l'animal et l'humain, mais de contester l'unité d'une limite qui se réduirait à la mémoire pensante

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Entre la feinte animale et l'aptitude à "feindre la feinte" supposée exclusivement humaine par Lacan, il est impossible d'assigner une limite stable et indivisible

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Tout ce qui détruit les limites classiques du politique favorise le déchaînement de l'hostilité pure : dépolitisation, surpolitisation, hyperbolisation du politique

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Ce qui fait oeuvre, c'est l'arrêt de la série, la séparation de corps : ça suffit!

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Schibboleth est le seuil de l'imprononçable

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La mort, seule impossibilité ou aporie qui puisse apparaître comme telle, n'"arrive qu'à effacer" toute délimitation anthropologique, problématique ou conceptuelle

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La circoncision est un épanchement sanguin strictement cautérisé, coagulé, cicatrisé

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On ne peut arrêter en soi l'obscure et incertaine expérience de l'héritage juif

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