Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, une fois, une seule                     Derrida, une fois, une seule
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 17 novembre 2009 L'oeuvre, une seule fois

[Derrida : une fois, une seule fois, une fois unique]

L'oeuvre, une seule fois Autres renvois :
   

Derrida, l'événement

   

Derrida, date et signature

   

Derrida, reste, restance

Orlolivre : comment ne pas avoir lieu? Orlolivre : comment ne pas avoir lieu?

Derrida, cet unique instant

                 
                       

1. L'archi-écriture, le nom.

Derrida nomme archi-écriture une force qui, dès le premier matin du langage, efface le propre, le rature dans un système d'oppositions. Le "propre" ici est pris dans un sens large : proximité à soi, présence à soi de la chose unique, non substituable. Dès qu'on parle, dès qu'on entre dans le milieu du langage, on perd la singularité. Cette violence originaire est la condition de possibilité du discours. Il faut que le nom propre, s'inscrive. Par ce geste, l'autre perdu, ininscriptible, interdit, est caché, effacé, oblitéré. Toute société capable de produire une telle disparition pratique l'écriture, même si elle ne dispose pas du système de signes conventionnels qu'on nomme ainsi.

Pourtant, quelque chose résiste. D'un côté, il n'y a pas de reste à la nomination. Ce qui n'est arrivé qu'une seule fois est perdu, irrémédiablement. Mais d'un autre côté, ce moment énigmatique, secret, réduit en cendre, qui n'apparaît jamais comme tel, peut être lu dans les commémorations, les bénédictions ou les malédictions, dans les héritages, dans les spectres, dans les alliances et dans les oeuvres. Les mots qui reviennent ne suffisent pas à le faire revenir, mais ils laissent entendre qu'ils en tiennent lieu.

 

2 Ce qui arrive.

La métaphysique [ou la tradition greco-occidentale] est en quête du premier mot de l'être, du mot propre. Elle le suppose caché, dissimulé, voilé. S'il est dévoilé par le logos ou la connaissance, il surgira dans sa vérité. Mais cette tradition se déconstruit. Ce qui arrive est imprévisible. Il n'y a pas de retour du nom unique, mais un anneau qui se répète en spirale, autour du même. S'il produit ou reproduit quelque chose, ce n'est pas de l'identique ni de l'originel, mais de l'archive ou du supplément.

Dans son théâtre, dans ses écrits et dans ses dessins, Antonin Artaud visait le retour d'un tel moment perdu, vécu comme seule et unique authenticité. Il vivait sa propre naissance comme une expropriation et voulait en effacer la répétition. Seuls les gestes antérieurs à toute dissociation, rejoués dans les proférations de la voix ou l'affirmation de la cruauté, lui semblaient supportables. Mais ce moment d'origine (ou substitut de naissance) qu'il aurait voulu retrouver étant inaccessible, il ne pouvait qu'être trahi.

A chaque événement, une autre chose, unique, arrive. La naissance d'un enfant est la figure première de ce type d'événement. L'enfant est l'arrivant absolu, l'origine d'un monde. Même quand sa venue est préparée, attendue, organisée, elle reste aléatoire, irréductiblement imprévisible. Dès qu'on nomme l'enfant, dès qu'on l'inscrit dans une généalogie, on l'efface comme chose singulière, mais on ouvre la possibilité que la marque soit répétée autrement.

 

3. Irrépétable, retour, métonymie.

Chaque répétition constitue une loi et la transgresse, chaque répétition inscrit irréductiblement l'altération dans la répétition. Répéter, c'est faire arriver une autre fois une chose unique, inanticipable. La déconstruction porte témoignage de cet événement, y compris dans ce qui se présente comme reproduction technique, artefact ou simulare.

Ce qui n'a lieu qu'une fois est imprononçable, irrépétable : la naissance, la circoncision, l'amitié (chaque fois unique), et aussi la mort, la Shoah. On ne peut ni restituer, ni restaurer ce moment. On l'oublie ou on le touche, comme un talith, ce châle qui n'enveloppe qu'un corps. Cette autre logique n'appelle pas le retour de l'événément, mais l'autre événement, qui se substituera au premier. Ce qui est appelé n'est pas l'Un (l'indemne), c'est (Un + n). Le nouvel événement, quand il arrive, ne réitère pas le non réitérable. Il survient à nouveau, une fois pour toutes.

Une photographie renvoie à un référent daté, une marque unique, singulière, irremplaçable. Barthes nommait punctum certaines de ces marques qui le touchaient particulièrement, déclenchaient en lui un mouvement d'affect et d'analyse. Ce qui, alors, est à l'oeuvre, est une dynamique contrapuntique, musicale, une force métonymique. En pensant l'hétérogène, la singularité, la déconstruction se donne pour tâche de penser l'autre événement à venir, par exemple la rencontre de l'autre, la démocratie.

 

4. L'oeuvre.

Une oeuvre ne se fait qu'une fois. En témoignent la signature associée à une date (ce nom propre de l'événement, irréductible au concept), et le subjectile, son corps unique. Malgré les analyses, les commentaires, les interprétations, les descriptions, les légendes, les explications contextuelles et savantes, les cartels ou cartouches (eux aussi datés) ou tout autre encadrement, cette première fois ne se laissera pas répéter ni retrouver.

Chaque poème, unique, inscrit une date, et s'adresse à une autre date (celle du lecteur). Cette adresse hétérogène signe l'oeuvre par excellence, l'essence de l'oeuvre. Dans la solitude, elle résiste à la pensée. Tant qu'elle tient à cette hauteur, elle est illisible, mais si elle devient lisible, elle perd son secret, elle trahit la singularité de son idiome, de sa date, comme celle du destinataire.

La responsabilité du lecteur (ou de l'auditeur ou du spectateur) est aporétique. D'un côté, il faut qu'il sauve la singularité de l'idiome (ses inventions verbales, ses syntagmes intraduisibles). C'est la loi régulatrice qui devrait gouverner toute lecture. Mais d'un autre côté, cet idiome qu'il préserve, proféré une fois unique, est inaccessible, intraduisible, exceptionnel, extraordinaire. Il participe de ces décisions dont il est impossible de former un concept universel.

 

 

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Propositions

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Penser l'unique dans le système, l'y inscrire, tel est le geste de l'archi-écriture

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Le "graphein" (archi-écriture) est effacement originaire du nom propre, oblitération du propre qui se produit dès le premier matin du langage

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Le secret du secret, c'est le respect de l'absolue singularité, la séparation infinie de ce qui me lie à l'unique

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Dès qu'on parle, dès qu'on entre dans le milieu du langage, on perd la singularité et avec elle la liberté, la responsabilité et la possibilité de décider

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Les mots sont des spectres : avec eux revient l'origine, et aussi la perte inéluctable de l'origine

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Dans l'anneau, l'unique s'allie avec lui-même comme autre, il répète son retour autour du même

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La date est le nom propre de l'événement singulier, capable de survivre

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Comme tout ce qui n'a lieu qu'une fois, la date résiste à la pensée

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La date opère toujours comme un schibboleth : elle manifeste qu'il y a de la singularité chiffrée, irréductible au concept et au savoir

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Par essence une signature est toujours datée, et l'inscription d'une date ne va jamais sans une espèce de signature

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Le subjectile est le corps unique de l'oeuvre, en son premier événement, qui ne se laisse pas répéter

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On ne peut retrouver la trace singulière, originaire, archivante, celle de l'autre en soi, car à l'instant de son impression, elle ne se distingue pas encore du support

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Une déconstruction conséquente est une pensée de la singularité, donc de l'événement

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La singularité de l'événement, voilà la chose de la différance

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L'itérabilité transgresse le code ou la loi qu'elle constitue; elle inscrit a priori, de façon irréductible, l'altération dans la répétition

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Toute oeuvre ou écriture est un crime, un parjure - car, pour être lisible, elle perd le secret, trahit la singularité du destinataire

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Ce qui, dans l'espérance heideggerienne, relève de la métaphysique, est la quête du mot propre (premier mot de l'être), du nom unique

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"Tout faire pour sauver, dans la langue et dans l'image, la singularité de l'idiome intraduisible" - tel est le souci principal, la responsabilité à prendre

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L'événement qui mériterait, une seule et unique fois, à telle date, le juste nom d'amitié, supposerait l'expérience d'une alliance improbable, la pensée d'un concept du "peut-être"

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La responsabilité étant toujours unique, exceptionnelle, extraordinaire, on ne peut pas en former un concept universel

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Il arrive aujourd'hui à la poésie une expérience absolument nouvelle : la date reste en mémoire, singulièrement et en toute clarté

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La première figure de l'arrivant absolu, de l'origine d'un monde, c'est la naissance d'un enfant

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La force métonymique d'une photographie est celle qui est à l'oeuvre dans tout rapport (sans rapport) à une marque unique, singulière, irremplaçable : punctum ou référent

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La "performance sans présence", autre nom de l'oeuvre performative, c'est cet acte qui produit l'oeuvre en disant : "Ça suffit!", au bord du secret

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Artaud a voulu effacer la répétition en général, qui était pour lui le mal; seuls le geste ou la parole qui n'ont lieu qu'une fois et qui sont oubliés sans réserve sont dignes de son projet

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En enseignant l'unique, antérieur à la dissociation, où s'enracinent les différences, Antonin Artaud résiste aux exégèses cliniques ou critiques qui réduiraient son unicité

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Artaud dit la vérité contre laquelle il proteste avec violence : tout moi, en son nom propre, est appelé à l'expropriation familiale du nouveau-né

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Dire "La Shoah est un événement unique" ouvre la question de la signification du mot "unique" en général et dans ce cas singulier

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La circoncision n'a lieu qu'une fois

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L'irréductible référence à l'Un sépare la logique du talith de celle du voile : (Un + n) ne se multiplie que la première fois

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Le talith enveloppe un seul corps, unique, pour la prière, la bénédiction et aussi pour la mort

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La circoncision, qui se joue "une fois pour toutes" en détachant la partie du tout, n'est pas une métonymie parmi d'autres : c'est une métonymie des métonymies

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