Derrida
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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, exappropriation                     Derrida, exappropriation
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 30 juillet 2007 Orlolivre : comment ne pas tenir?

[Derrida, le propre, l'exappropriation]

Orlolivre : comment ne pas tenir? Autres renvois :
   

Derrida, auto-immunité

   
   
                 
                       

1. Une structure universelle?

Tout existant (un sujet désirant, une conscience, un vivant...) est porté par un double mouvement : d'un côté, pour survivre, il tente de s'approprier l'extérieur; de l'autre, pour exister, il lui faut la persistance de cette extériorité. Il y a toujours simultanément un "il faut" et un "j'échoue" (faillir). D'un côté, il entend son être comme son propre; de l'autre, ce propre est effacé dès l'origine (exappropriation).

 

2. L'humain?

Pour chaque être singulier, cette structure paradoxale se déploie. L'humain ne se différencie de tel animal ou végétal que par la singularité d'un rapport à soi qui s'inscrit, lui aussi, dans l'exappropriation (ou la supplémentarité, qui annonce la dislocation du propre). D'un côté, il nourrit sa passion du propre, de l'indemne (l'être dans sa propriété) par le travail, la langue, le perfectionnement ou la religion. Il multiplie les oeuvres ou les objets (economimesis) dans l'espoir de se trouver une identité stable. Mais les remèdes qu'il trouve ne sont que des pharmaka. L'exappropriation reste la condition du sens, du désir, de l'amour, du deuil, etc.... Partout, dans la famille, l'identité, l'ethos, le lieu, l'idiome, etc.. elle est à l'oeuvre. C'est un mouvement quasi-machinique qui attache et arrache, une injonction. Echouant toujours, l'homme implore, il déplore, il pleure.

On vit l'exappropriation comme une menace. Pour s'en protéger, on se réfugie chez soi avec ses proches, dans des pratiques magiques. On cherche à s'immuniser, à conjurer la peur d'une infection, on développe des rites, des institutions qui la reproduisent. Et la structure se répète.

La bêtise humaine, c'est de croire au propre du propre, au propre se posant, se posant lui-même, avec son bavardage infini et sa culture.

 

3. Impossibilité du propre.

Tout événement, toute écriture, toute technologie s'expose à l'exappropriation. Pour transmettre, pour produire, pour dessiner, il faut accepter de perdre jusqu'à la trace de son geste. Même quand on signe, en affirmant fièrement son nom, on en fait déjà son deuil. On met sa signature en abyme pour qu'elle disparaisse. Mëme quand on parle, la voix apparaît à la fois comme le plus identifiable et le plus étranger - et même le plaisir, la jouissance sont conditionnés par une revenance que jamais on n'est sûr de reconnaître, de se réapproprier.

Toute la pensée de Heidegger depuis Sein und Zeit est organisée autour de la valorisation du propre. Cette nécessité, cette préférence indéracinable, expliquent son incapacité de saisir ce qu'il en est de la femme, et son refus de poser la question de la différence sexuelle. Car la femme est ce qui, dans un écart abyssal, engloutit toute identité, toute propriété.

Artaud prenait l'exappropriation pour une trahison ou une imposture. Il la dénonçait, la déféquait. Plutôt que de la subir, il aurait préféré n'être pas né.

 

4. Prendre acte.

Pour définir son rapport au langage, Jacques Derrida avance une formule : Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne. C'est une formule contradictoire, incohérente, un double bind. La langue, on ne peut pas la posséder, même si c'est la seule qu'on parle.

En développant ses quasi-concepts (la différance ou la trace, l'archi-écriture), en mettant en avant un lieu où la loi du propre n'a aucun sens (Khôra), Jacques Derrida a pris toutes les précautions imaginables pour que sa pensée reste irréductible à toute réappropriation - théorique, philosophique, ontologique ou théologique. C'était (de son point de vue) une façon de prendre acte de sa circoncision sur le mode paradoxal qu'il a qualifié d'autofellocirconcision. En se disant Juif, il a reconnu comme sienne une loi dont il se tenait infiniment éloigné, séparé.

Sauf un schibboleth qui reste secret, même (et surtout) pour lui, le Juif n'a rien en propre. Il doit s'arracher à sa communauté pour rester juif.

 

 

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Propositions

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"Il faut" un mouvement d'appropriation fini, une exappropriation : le "faillir" de ce "il faut" est l'existence même en général

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Un mouvement quasi-machinique d'exappropriation attache et arrache, selon une logique d'auto-immunité, à la religion, la famille, l'identité, l'ethos, le lieu, l'idiome, etc...

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Le "graphein" (archi-écriture) est effacement originaire du nom propre, oblitération du propre qui se produit dès le premier matin du langage

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La différance relève d'une théologie négative, irréductible à toute réappropriation ontologique, théologique ou philosophique

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Le pharmakon n'a ni identité idéale, ni essence stable, ni caractère propre

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La distinction homme - animal - végétal est un dogme; s'ils se différencient, ce n'est que par un autre rapport à soi, toujours inscrit dans l'exappropriation

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Le nom Khôra en appelle à un X où la loi du propre n'a plus aucun sens, et qu'il faut garder, qu'il nous faut lui garder

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L'écriture est déjà une télétechnologie, avec ce que cela comporte d'exappropriation originelle

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Jacques Derrida : "Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne"

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Pour les autres, la voix est ce qu'il y a de plus identifiable; mais pour soi, au contraire, elle est ce qu'on ne peut pas se réapproprier

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Artaud dit la vérité contre laquelle il proteste avec violence : tout moi, en son nom propre, est appelé à l'expropriation familiale du nouveau-né

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Il n'y a ni essence, ni vérité de la femme : elle écarte et s'écarte d'elle-même, elle engloutit toute identité, toute propriété, dans un écart abyssal

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L'ex-appropriation est la condition du sens, du désir, de l'amour, du deuil

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Un événement ne s'identifie jamais avec lui-même : il s'ex-approprie, se perd dans la répétition où il se rend lisible

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L'exappropriation, c'est que, pour transmettre, il faut se séparer du geste de laisser en son nom une trace

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Signer, c'est affirmer de façon fière, triomphante, quelque chose dont on a déjà fait son deuil

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Il n'est de plaisir ou de jouissance que dans la trace, la revenance de ce pas que jamais je ne suis sûr de reconnaître, de me réapproprier

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L'indemne, c'est l'être dans sa propriété

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Si je veux être chez-moi, ici-maintenant, avec mes proches, c'est pour répondre à la menace d'expropriation dont les télé-technologies sont une forme

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L'indemne, le propre, n'est-ce pas la chose même de la religion?

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La bêtise est le propre du propre, le propre s'autoposant, se posant lui-même, dont l'homme avec sa culture est le témoin autoproclamé le plus bavard

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Ainsi s'entend l'être : son propre

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La supplémentarité rend possible tout ce qui fait le propre de l'homme

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L'art participe d'une economimesis : économie pure où le propre de l'homme se réfléchit dans sa productivité

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Dans l'"autofellocirconcision" derridienne, le propre se reconnaît comme frappé d'exappropriation

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On ne peut mettre en oeuvre le concept de soin, de souci, de solicitude, sans entourer le "soigné" de limites réappropriatrices

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L'essence de l'oeil est le propre de l'homme : par l'imploration, les yeux sont dissociés de leur fonction organique afin de pleurer, déplorer

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La perfectibilité est le propre de l'homme, car elle ne s'épuise pas dans la présence

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Marx détermine la différance comme travail, pratique et retard à la réappropriation

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La technoscience, qui arrache à toute identité et filiation propres, favorise un usage magique, archaïque, de la machine et des artefacts

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Dans l'acte de tracer, le trait du dessin s'éclipse, se retire; dans ce qu'il sépare ou différencie, rien ne lui appartient, pas même sa propre trace

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Toute l'analytique existentiale de "Sein und Zeit" est organisée autour de la valorisation du propre - qui ne s'interrompt jamais chez Heidegger

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Les Ephraïmites, qui ne peuvent pas prononcer schibboleth, sont incirconcis de la voix - comme on peut l'être des lèvres, de la langue, des oreilles ou du coeur

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Le judaïsme est une loi révélée, vide de tout contenu, qui n'apporte ni connaissance, ni vérité, dont le secret est séparé, coupé, infiniment éloigné, exproprié

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Le Juif n'a rien en propre, sauf son nom, qui est imprononçable : schibboleth

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