Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, sur sa vie                     Derrida, sur sa vie
Sources (*) :              
Geoffrey Bennington - "Derridabase, par Geoffrey Bennington (in Jacques Derrida, co-écrit avec Jacques Derrida)", Ed : Seuil, 1991, Cette biographie a été établie à partir d'un résumé du texte publié sous le titre "Curriculum vitae", modifié et enrichi à partir d'autres sources

Biographie de Jacques Derrida (1930-2004)

   
   
   
                 
                       

- 1930 : Naissance de Jacques Derrida, le 15 juillet, à El-Biar (Alger, dans une maison de vacances).

- 1934 : La famille quitte la rue Saint-Augustin pour El-Biar. Achat d'une villa grâce à un prêt qui ne sera remboursé qu'à la veille du départ pour la France, en juillet 1962, au moment de l'indépendance de l'Algérie.

- 1935-1941 : Ecoles maternelle et primaire à El-Biar. En 40-41, " pétainisation " intense à l'école dans une Algérie qui n'a jamais été occupée et n'a jamais vu un soldat allemand. L'article 2 du Statut des Juifs du 3 octobre 1940 excluait les Juifs de l'enseignement et de la justice.

- 1941 : Jacques Derrida entre en sixième au lycée de Ben Aknoun, près d'El-Biar.

- 1942 : Le jour de la rentrée scolaire, Derrida est exclu du lycée et renvoyé chez lui. Déchaînement de l'antisémitisme désormais autorisé, violences physiques et verbales, y compris chez les enfants. Derrida est inscrit, jusqu'au printemps 1943, au lycée Emile-Maupas (nom d'une rue dans laquelle, derrière la cathédrale d'Alger, les enseignants juifs expulsés de la fonction publique avaient reconstitué un enseignement. C'est sans doute dans ces années que s'imprime le caractère singulier de l'appartenance de Jacques Derrida au judaïsme : blessure, certes, sensibilité douloureuse et exercée à l'antisémitisme comme à tout racisme, réponse d'un " écorché " à la xénophobie, mais aussi l'impatience devant l'identification grégaire, devant le militantisme de l'appartenance en général juive.

- 1943- 47 : Retour au lycée de Ben Aknoun. Scolarité désordonnée , chahuteuse et sportive. La course à pied, toutes sortes de compétitions y occupent une place prépondérante. Derrida rêve de devenir footballeur professionnel. Etudes inégales. Echec au bac en juin 1947. En même temps, malaise, inadaptation, retraite, " journal intime ", lectures intenses (Rousseau, Gide, Nietzsche, Camus).

- 1947- 48 : Classe de philosophie au lycée Gauthier à Alger (lectures marquantes de Bergson et de Sartre).

- 1948- 49 : L'orientation vers la philosophie se précise. Lecture " impressionée " de Kierkegaard et de Heidegger.

- 1949- 50 : premier voyage en " métropole " vers Marseille. Interne à Louis-Le-Grand. Derrida se rappelle des lectures intenses de Simone Weil, des " existentialistes ", les dissertations qualifiées de " plotiniennes " par Etienne Borne malgré la scolastique obligée de l'époque (Sartre, Marcel, Marleau-Ponty). Echec à l'école normale supérieure.

- 1950- 51 : Toujours en Khâgne à Louis-Le-Grand. Conditions de vie difficiles. Santé fragile. Rentre à El-Biar pour 3 mois.

- 1951- 52 : Troisième année de Khâgne à Louis-Le-Grand où il aura rencontré certains de ceux qui restèrent pour la plupart ses amis, qu'il les ait ensuite retrouvés ou non à l'Ecole normale supérieure où il entre à la fin de l'année (entre autres, L.Bianco, P.Bourdieu, M.Deguy, G.Granel, P.Nora, L.Marin, M.Serres).

- 1952 - 53 : Ecole normale supérieure. Y fait dès le premier jour la connaissance d'Althusser (né lui aussi à Alger) dont il devient l'ami et sera plus tard, près de 20 ans, le collègue. Début d'un cursus normal, après quelques nouveaux échecs.

- 1953 - 54 : Voyage à Louvain (Archives-Husserl). Ecrit " Le problème de la genèse dans la philosophie de Husserl " (mémoire d'études supérieures) publié en 1990 aux Presses Universitaires de France. Se lie d'amitié avec Foucault dont il suit les cours.

- 1956 - 57 : Reçu à l'agrégation, reçoit une bourse de " special auditor " à l'université de Harvard, à Cambridge. Lit Joyce. En juin 1957, à Boston, mariage avec Marguerite Aucouturier (ils auront deux fils, Pierre, né 1963 et Jean, né en 1967).

- 1957- 59 : Service militaire en pleine guerre d'Algérie. Demande à être affecté à un poste d'enseignant dans une école d'enfants de troupe (Koléa, près d'Alger). Pendant plus de deux ans, soldat de deuxième classe en vêtement civil, il enseigne le français et l'anglais à de jeunes Algériens ou Français d'Algérie. Vit avec Marguerite et ses amis Bianco dans une villa de Koléa, enseigne dans une école privée et traduit des articles de presse. Voit souvent Bourdieu à Alger. Derrida a toujours condamné la politique coloniale de la France en Algérie mais a espéré, jusqu'au dernier moment, en 1962, qu'une forme d'indépendance serait inventée qui rendrait possible la cohabitation avec les Français d'Algérie. Il a même fait pression sur ses parents pour qu'ils ne quittent pas l'Algérie en 1962. Derrida parle souvent de sa " Nostalgérie ".

- 1959-1960 : Première conférence, retour en France, premier enseignement, au Lycée du Mans, en hypokhâgne, avec son ami Genette (rencontré rue d'Ulm). Premier voyage à Prague dans la famille de Marguerite.

- 1960-1964 : Enseigne à la Sorbonne (" philosophie générale et logique " : assistant de S. Bachelard, G. Canguilhem, P ; Ricoeur, J. Wahl). Second voyage à Prague. Indépendance de l'Algérie : toute la famille se réinstalle à Nice. Première conférence au Collège de Philosophie (sur Foucault et en sa présence). Premières publications dans Critique et dans Tel quel. Rencontre Philippe Sollers. Prix Jean-Cavaillès (prix d'épistémologie moderne) pour l'Introduction pour l'Origine de la géométrie. Admis au CNRS dont il démissionne aussitôt pour enseigner à l'ENS où il est invité par Hyppolite et Althusser. Il y restera, avec le titre de maître-assistant, jusqu'en 1984. En 1968, Bernard Pautrat y deviendra son autre collègue.

- 1966 : A l'invitation de René Girard, participe à Baltimore (université Johns Hopkins) à un grand colloque devenu célèbre depuis lors - et qui marqua le début d'une intensification spectaculaire dans l'accueil fait à certains philosophes ou théoriciens français aux Etats-Unis. Derrida y rencontre Paul de Man et Jacques Lacan, y retrouve Barthes, Hyppolite, Vernant, Goldman.

- 1967 : Conférence à la Société française de philosophie (La différance). Entre au conseil de rédaction de Critique, dont il démissionne discrètement en 1973. Publie ses trois premiers livres.

- 1968 : Derrida semble plutôt en retrait, voire réservé sur certains aspects du mouvement mai 68, bien qu'il participe aux défilés et organise la première assemblée générale à l'ENS. Rencontres fréquentes, au cours de ces semaines, avec Maurice Blanchot. En juillet 68, début d'une série de séminaires à l'université de Berlin (à l'invitation de Peter Szondi). A partir de 68, Derrida voyage de plus en plus, en Europe et hors d'Europe.

- 1971 : Premier retour en Algérie depuis 62. Revoit le " jardin ". Conférences et enseignement à l'université d'Alger. Conférence au Congrès des sociétés de philosophie française à Montréal (" Signature, événement, contexte ").

- 1972 : Colloque " Nietzsche " à Cerisy (avec Deleuze, Klossowski, Kofman, Lacoue-Labarthe, Lyotard, Nancy, Pautrat, etc.). Trois nouveaux livres, numéros spéciaux des Lettres françaises et du Monde. Rupture définitive avec Sollers et Tel quel.

- 1974 : Inaugure la collection " la philosophie en effet " avec S. Kofman, Ph. Lacoue-Labarthe et J.-L. Nancy aux éditions Galilée récemment fondées par Michel Delorme qui l'accueillera de nouveau après un passage chez Aubier-Flammarion. Rédige l'Avant-projet pour la fondation du Groupe de recherches sur l'enseignement philosophique (Greph) et fonde ce groupe avec des amis, collègues et étudiants, l'année suivante.

- 1975 : Participe à la Décade de Cerisy sur Ponge qu'il avait rencontré chez ses amis Yves et Paule Thévenin depuis 1965. Après avoir été surtout lié à l'université Johns Hopkins, commence à enseigner quelques semaines par an à Yale, auprès de Paul de Man et Hillis Miller. Début de ce qu'on a appelé un peu abusivement l'Ecole de Yale (H. Bloom, P. de Man, J. Derrida, G. Hartmann, J. H. Miller), des débats et des guerres autour de l' " invasion " de la " deconstruction in America ".

- 1979 : Prend l'initiative, avec d'autres, des Etats généraux de la Philosophie qui se tiennent à la Sorbonne (Cf. Du droit à la philosophie). Premier voyage en Afrique noire pour la conférence de Contonou.

- 1980 : Soutenance d'une thèse d'Etat à la Sorbonne. Ouverture du Congrès de philosophie de langue française à Strasbourg. Décade de Cerisy " A partir du travail de J. Derrida " et organisée par Lacoue-Labarthe et Nancy, sans doute les philosophes français les plus proches de Derrida par la pensée et l'amitié depuis plus de 20 ans (Cf. Les Fins de l'homme).

- 1981 : Avec Vernant et quelques amis, fonde l'Association Jan-Hus (aide aux intellectuels tchèques dissidents ou persécutés) dont il est, depuis lors, le vice-président. La même année, se rend à Prague pour y animer un séminaire clandestin. Suivi pendant plusieurs jours, interpellé à la fin du séminaire, finalement arrêté à l'aéroport et, après une opération de police sur sa valise où l'on feint de découvrir une poudre brune, emprisonné sous l'inculpation de " production et trafic de drogue "). Campagne de signatures pour sa libération. Libéré de Thécoslovaquie après l'intervention de François Mitterand et du gouvernement français.

- 1982 : Joue avec Pascale Ogier dans le film de Ken McMullen, Ghost Dance. Chargé par J. P. Chevènement de coordonner une mission (composée de F. Châtelet, J. P. Faye et D. Lecourt) en vue de la fondation du Collège international de philosophie. Premiers voyages au Japon et au Mexique. Premier d'une série de voyages au Maroc, à l'invitation de son ami Abdelkebir Khatibi. Séminaire régulier à San Sebastian. Nommé A. D. White Professor at large à Cornell University.

- 1983 : Fondation du Collège international de philosophie dont Derrida est le premier directeur élu. Participe à l'organisation de l'exposition " Art contre Apartheid ", et aux initiatives en vue de créer la Fondation culturelle contre l'apartheid (dont Derrida fait partie du conseil de tutelle) et au comité d'écrivains Pour Nelson Mandela. Elu à l'école des hautes études en sciences sociales (direction d'études : Les institutions philosophiques). Mort de Paul de Man (sur l' " affaire de Man " qui éclate en 1987, en même temps que l' " affaire Heidegger ", voir Mémoires - pour Paul de Man et De l'esprit).

- 1984 : Second voyage au Japon. Francfort : conférence dans le séminaire d'Habermas et conférence d'ouverture du colloque Joyce à Francfort (Ulysse Gramophone). Il est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Marié à Marguerite Aucouturier, il a un enfant de sa relation avec Sylviane Agacinski.

- 1985 : Premier voyage en Amérique latine (Montevideo, Buenos Aires ; deuxième rencontre avec Borges ; la première avait eu lieu dans un avion entre Ithaca et New York).

- 1986 : A l'invitation de Bernard Tschumi, commence à travailler avec l'architecte américain Peter Eisenman à un projet pour le parc de la Villette (Choral Work). Cette collaboration donnera lieu à de nombreuses rencontres et publications dans le milieu des recherches architecturales. Collabore à un film sur Caryl Chessman (avec J. Ch. Rosé).

- 1987 : " Joue " dans l'ŠSuvre du vidéo-artiste Gary Hill, Disturbance (voir " Videor "). Lit Feu la Cendre avec Carole Bouquet pour " La Bibliothèque des voix " (Des femmes).

- 1988 : Troisième voyage à Jérusalem. Rencontre avec des intellectuels palestiniens et territoires occupés (Interpretations at war, 1990). Troisième chute de Georgette Derrida, depuis lors hospitalisée à domicile.

- 1989 : Discours d'ouverture du grand colloque organisé par Cardozo School of Law à New York) sur Deconstruction and the possibility of justice. Ce colloque marque une scansion importante dans le développement rapide des recherches " déconstructrices " en philosophie ou en théorie du droit (Critical legal studies) aux Etats-Unis. Coprésident, avec J. Bouveresse, de la Commission de réflexion pour l'épistémologie et la philosophie.

- 1989 : Discours d'ouverture du grand colloque organisé par Cardozo School of Law à New York) sur Deconstruction and the possibility of justice. Ce colloque marque une scansion importante dans le développement rapide des recherches " déconstructrices " en philosophie ou en théorie du droit (Critical legal studies) aux Etats-Unis. Coprésident, avec J. Bouveresse, de la Commission de réflexion pour l'épistémologie et la philosophie.

- 1995 : membre du comité de soutien à Lionel Jospin.

- À partir de 2003, Jacques Derrida souffre d'un cancer du pancréas et réduit considérablement ses conférences et ses déplacements.

- Il meurt le 9 octobre 2004 dans un hôpital parisien, à l'âge de 74 ans. Il est enterré le 12 octobre 2004.

 

 

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Propositions

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Il y a deux "r" dans le nom de Derrida, comme dans "rire", et deux "d", comme dans "dédoubler"

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L'oeuvre de Jacques Derrida, entreprise autobiographique la plus périlleuse, courageuse et folle de ce temps, peut se lire : "Voici le circoncis"

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Jacques Derrida, né un an après la mort de son frère Paul Moïse, a hérité du talith de son grand-père maternel, Moïse

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Jacques Derrida, qui se sent double, est presque le jumeau d'un frère mort

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Circoncision, je n'ai jamais parlé que de ça : limites, marges, marques, clôture, anneau, alliance, don, sacrifice, écriture du corps, pharmakos, coupure, ...

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Artaud dit la vérité contre laquelle il proteste avec violence : tout moi, en son nom propre, est appelé à l'expropriation familiale du nouveau-né

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Du jour de sa naissance, l'enfant n'appartient plus à sa famille; coupure ou cicatrice, c'est l'eschatologie de la circoncision

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Jacques Derrida a reçu le nom hébraïque d'Elie : signe d'élection, don caché, appel silencieux d'un prophète qui, à chaque circoncision, rappelle l'alliance

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Peut-être la prévalence de la question du deuil dans l'œuvre derridienne est-elle liée au nom de son père, "Aimé Haïm Derrida", dans lequel la vie est inscrite

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Le "je" de Jacques Derrida s'est formé dans une expérience insituable de la langue : un interdit qui renvoyait ailleurs, à l'autre, à une autre langue

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Par la déconstruction, Jacques Derrida a voulu réparer l'injustice faite à son père

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Un souvenir d'enfance de Jacques Derrida : le ver à soie s'auto-affecte jusqu'au moment de "véraison" unique, imprévisible, où se perce l'écorce

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Jacques Derrida fut exposé très jeune aux paradoxes d'une perte d'appartenance, à la fois libératrice et déterminée par un mal radical

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La question de l'"être-juif" organise à peu près toute la position citoyenne de Derrida et structure la logique de son travail de pensée et d'écriture

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Il fallait que Derrida fasse son deuil du dessin, qu'il se retire de la visibilité, pour qu'à travers l'aveuglement des pères il s'envoie à lui-même une élection secrète, indéchiffrable

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Le premier texte publié par Jacques Derrida (1947) évoque sa mort, et son dernier texte (2004) sa survie

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Ce qui met Jacques Derrida en mouvement - la promesse d'un tout-autre, ailleurs, dans l'attente d'une langue - est inexplicable sans sa généalogie judéo-franco-maghrébine

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En l'absence de langue maternelle, quand le passé est indisponible, surgit le désir d'écrire pour restaurer une langue originaire - comme promesse d'une langue à venir

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[Derrida, le talith]

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J'ai perdu l'anneau de mon père, cette partie de moi dont le secret est jeté dehors, dans le pli d'un retour sur soi, d'un nouveau départ décisif pour l'alliance

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Dans le mot "Derrière", Jacques Derrida reconnaît, en lettres dorées sur sa tombe, le nom de son père

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Jacques Derrida déclare que, dans Glas, son nom, son corps, son corpus et son seing sont mis en pièces

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Il s'agit pour Derrida de montrer que, pour lui aussi, l'oeuvre est le glas du nom propre : elle est le lieu où le nom résonne, se dissémine, s'encrypte et se met au tombeau

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Dessin d'après Glas, rebaptisé "Ich" par Jacques Derrida, divisé au moins trois fois par une voix triplement hétérogène

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Un Livre d'Élie (non biblique), signé Jacques Derrida, est resté sous forme de carnets

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"Un texte, ça produit d'autres oreilles, des oreilles que je ne vois pas, que je n'entends pas moi-même, des choses qui ne me reviennent pas"

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Il faut à Derrida, pour soutenir le meurtre du logos paternel, un "autre parricide", inimitable : celui qui est porté par le style

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[Jacques Derrida] voulait, avant tout, faire un livre, pour [52] raisons qui restent secrètes, obscures, encryptées - détruites

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"Je n'ai qu'un projet de livre, celui que je n'écrirai pas"

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"Viens!" - il faut que je suive la langue jusqu'au point où les décisions ne sont plus possibles, vers une chose illisible, inouïe, qui rassemble la vie et la mort

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La seule jouissance pensable, c'est celle d'une voix purement idiomatique, fantômatique, tremblante : un désir, un rêve, une promesse, une Nécessité

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Il y a dans les textes philosophiques une voix cachée, une parole dissimulée que l'institution universitaire vient recouvrir avec une violence inouïe

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Le philosophe, c'est celui qui pense et désire la garde : il garde la garde pour garder la mémoire, pour se faire le gardien de la vérité - et aussi de la non-vérité

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L'oeuvre d'un auteur (son corpus) et sa vie (son corps) sont traversées par la force et la dynamique d'un bord - qui n'est jamais indivisible

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Déclaration de Jacques Derrida : "Je dois, à Jérusalem, parler de la trace dans son rapport à la théologie négative - mais sans rien dire du plus proche : le Juif, l'Arabe"

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Elie est le prophète dont la venue est imprévisible, incalculable - mais pour lequel une place doit être gardée

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En signant du nom du prophète Elie, Jacques Derrida rit tout bas de la signature, il contresigne par un "oui-rire" le fou rire de l'oeuvre joycienne

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Le 23 juillet 1989, devant sa mère malade, apparemment guéri d'une paralysie défigurante, Jacques Derrida fait l'aveu en son corps d'une conversion illisible qu'il donne à lire

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A usage privé, le titre de l'"oeuvre derridien" serait : "L'ouvre où ne pas voir"

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Jacques Derrida, dont le prénom commence comme Jacob et finit comme Isaac, est à la fois le fils élu contre la loi et le père qui, en bénissant ses fils pour les protéger, se retire

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Que peuvent dire les mots? Juste l'impossibilité de dire : "Moi, ici, je signe"

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Les figures de l'aveuglement sont dominées par la filiation père/fils où le père, ayant perdu la vue, se retire devant le fils

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L'écriture est un intense rapport à la survivance, non par désir qu'après moi quelque chose reste, mais par jouissance, ici et maintenant, de la vérité du monde en mon absence radicale

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Mes fils incirconcis sont les seuls dont je redoute le jugement

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J'ai passé ma vie à enseigner pour enfin revenir à ce qui mêle au sang la prière et les larmes

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Fantasme de Jacques Derrida : "Je suis déjà dans la mémoire de ceux qui me survivent, assistent à ma disparition et pleurent"

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Jacques Derrida : "Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne"

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Jamais la voix de Jacques Derrida ne se laisse expliciter autrement qu'à partir de l'éloignement - ou de l'étrangeté du proche

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En interrogeant les discours canoniques de la philosophie, Jacques Derrida voudrait, en son propre nom, analyser les forces qui les ont érigés à la place majeure qu'ils occupent

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Je me rends à la langue - la mienne et celle de l'autre -, mais avec l'intention de faire qu'elle n'en revienne pas

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Derrida : "J'ai été le premier à avoir peur de ma voix, comme si elle n'était pas la mienne" - car le barrage devant son rythme, son timbre et son intonation risque toujours de céder

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Partir en voyage, c'est penser au retour; c'est longer une contre-allée depuis laquelle veiller d'avance sur sa mémoire

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Que fait la déconstruction? Pour exorciser la mauvaise image du père, elle voyage dans la culture académique, elle l'ébranle par une violente commotion

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Marrane égaré en des lieux désertés par Dieu, où il n'y a plus personne, sans savoir ni certitude, Jacques ou "Jacob" Derrida hérite de prières sans destination assurée

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L'écriture de Derrida est comparable à un film : bande-son jouissive par la composition, le rythme, la narration ou la mise en scène, plus que par l'effet de vérité

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Au fond de moi, je suis plus que tout autre un métaphysicien de la présence : je ne désire rien de plus que la présence, la voix, toutes ces choses auxquelles je m'en suis pris

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Jacques Derrida se rêve en avocat des puissants devant le Tribunal de Nuremberg : il doit parler pour les défendre des langues qui ne sont pas les siennes : grec, allemand, logos

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L'expérience de la mort, c'est que je suis obligé de penser à ça (mon anéantissement), et qu'aussi je suis hanté par un désir testamentaire : que quelque chose survive et soit transmis

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A sa mort, Jacques Derrida s'est rendu à lui-même un hommage de silence

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12 octobre 2004 : la scène primitive du "mourir vivant"

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Biographie de Jacques Derrida (1930-2004)

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L'autobiographie derridienne, c'est ce qui aura fait qu'elle n'aura pu être faite : un retrait du "biographique", ce lieu introuvable, cette mère, ce réceptacle

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Derrida
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2004.ZZ.ZZZ

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