Derrida
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de Jacques Derrida

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Derrida, le livre                     Derrida, le livre
Sources (*) : Derrida, sur sa vie               Derrida, sur sa vie
Jacques Derrida - "Points de suspension, Entretiens", Ed : Galilée, 1992, p151

 

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Derrida, nos tâches

"Je n'ai qu'un projet de livre, celui que je n'écrirai pas"

Derrida, nos tâches
   
   
   
X, sans X (Orlolivres) X, sans X (Orlolivres)
               
                       

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Ce livre dont il parle avec Anne Berger le 27 septembre 1983, il en avait donné quelques éléments de description un peu plus précis lors d'un entretien avec Catherine David du Nouvel Observateur deux semaines plus tôt : "Vous rêvez, c'est fatal, l'invention d'une langue ou d'un chant qui soit vôtres, non pas les attributs d'un "moi", plutôt le paraphe accentué, c'est-à-dire musical, de votre histoire la plus illisible. Je ne parle pas d'un style mais d'un croisement de singularités, l'habitat, les voix, la graphie, ce qui se déplace avec vous et que votre corps ne quitte jamais. Ce que j'écris ressemble dans ma mémoire à un tracé en pointillé qui tournerait autour d'un livre à écrire dans ce que j'appelle pour moi la "vieille neuve langue", la plus archaïque et la plus nouvelle, inouïe donc, présentement illisible. À Prague, la plus vieille synagogue s'appelle la Vieille-Neuve, vous savez. Ce livre serait tout autre chose que ce chemin auquel pourtant il ressemblerait encore. En tout cas une interminable anamnèse où la forme se cherche : non seulement mon histoire mais la culture, les langues, les familles, l'Algérie d'abord..." (PDS pp127-128).

Et il ajoute, deux semaines plus tard : "Il est probable que je ne l'écrirai pas, mais je n'y renonce pas. Le désir de l'écrire n'est pas encore tout à fait mort. Tout ce que je lis, que ce soit philosophie, littérature (je lis aussi des txtes sacrés, des textes d'ehnologie, de sciences humaines, de psychanalyse), tout ce que je lis est directement ou indirectement orienté, travaillé, aimanté, par l'idée de ce livre. Je n'ai qu'une idée de livre, je n'ai qu'un projet. Ce qui a été publié sous la forme de recueils de textes, ou encore Glas ou La carte postale, même ces deux livres-là, n'a pas été conçu au départ comme livre. De projet de livre, je n'en ai qu'un, celui que je n'écrirai pas, mais qui oriente, attire, séduit tout ce que je lis. Tout ce que je lis est ou bien oublié ou bien engrangé en vue de ce livre-là" (PDS p151).

Dans Misery (Rob Reiner, 1990), le romancier tue sa lectrice abusive d'un coup de machine à écrire.

 

 

Ce livre devrait être, explique Derrida, autobiographique, pour autant que ce mot convienne pour désigner ce qui séduit, oriente, attire son travail de lecture, et qui n'est réductible à aucun récit circonstanciel, aucune histoire de type biographique car il s'agit d'autre chose, une chose pure, illisible, inouïe, secrète, absolument idiomatique, qu'on ne peut ni dire, ni écrire. On ne peut pas révéler cette chose qui pourtant se réitère, se répète sans qu'on puisse la maîtriser. De quoi s'agit-il ? La réponse derridienne fait penser à la théologie négative. Il faut d'abord renoncer à vouloir la dire dans les termes du discours. Dans cette tâche, la dimension du Il faut est inévitable. Les médias interrogent l'écrivain-philosophe sur son passé, sur sa vie, sa famille, etc. Il répond par sa ligne de vie, le "croisement de chance et de nécessité" qui l'a conduit là où il est, un Viens. Il ne répond que très partiellement dans les termes où ils l'entendent, mais ce qu'il cherche à dire, lui, n'est quand même pas étranger à leur demande. "Je me sens engagé, depuis vingt ans, dans un long détour pour rejoindre cette chose, cette écriture idiomatique dont je sais la pureté inaccessible mais dont je continue de rêver" (p127). L'écriture idiomatique, c'est la sienne, mais ce n'est pas celle d'un moi ou d'un sujet. Cette distinction difficile à tracer est le cœur de sa pensée, de sa philosophie. Il lui arrive d'analyser et de démonter les systèmes de pensée, en tête à tête avec Platon, Descartes, Kant ou Spinoza, mais ce qui l'intéresse, c'est leur voix cachée qui reste, pour l'institution universitaire, suspecte. S'il trouve une jouissance, c'est dans la rencontre d'une voix fantômatique, tremblante - et pas seulement celle des autres, la sienne qui pour lui est tout aussi méconnue et inaccessible. Le livre dont il a l'idée serait aimanté par cette voix déjà perdue, et son écriture déjà endeuillée (demi-deuil). Il a déjà fait le deuil de ce livre qu'il n'a pas encore écrit, qu'il n'écrira jamais, incomparablement plus riche et plus inventif que tout ce qu'il peut écrire.

 


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