Avec les nouveaux concepts qu'il introduit, la déconstruction, la différance, la dissémination, et sa critique de ce qu'il appelle logocentrisme et phallogocentrisme, Jacques Derrida a regénéré un mot : l'écriture. Travaillant sur tous les matériaux, il met en cause le discours universitaire et la philosophie elle-même. Quelle est sa place? Celle de la déviance, de l'exil. Catherine Clément utilise le mot déportation [comme s'il était déporté quelque part, alors que son exil, s'il y en a, ne le conduit en aucun lieu déterminé].

En 1973, à l'époque où ce numéro de L'Arc a été conçu, Derrida refusait de se laisser photographier et n'évoquait pas sa biographie [il est passé, ensuite, à l'autre extrême]. C'est sa signature qu'il donnait à déchiffrer, en lambeaux, à travers les textes des autres (voir ci-contre).

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- Le scripteur : Que veut dire Catherine Clément quand elle écrit que son écriture "ne revient pas au livre"? L'écriture pour lui est disséminatrice, disruptrice. Aucune totalité signifiante n'est protégée du mouvement qui produit sans cesse, de l'intérieur et de l'extérieur, de nouveaux suppléments. Mais il y a (encore) plus. Si la lettre ne revient pas à son point de départ (contrairement à la lettre lacanienne), c'est qu'elle est infiniment divisible. Il faut admettre que si l'oeuvre derridienne ne revient pas, elle non plus, à son point de départ, elle ne peut que briser les livres dont elle est, au départ, composée.

Schéma construit par les rédacteurs de la revue L'Arc, à partir des textes sur lesquels Jacques Derrida a pris appui.