Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le talith                     Derrida, le talith
Sources (*) : Derrida, l'alliance               Derrida, l'alliance
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 4 novembre 2009 La pensée derridienne : ce qui s'en restitue

[Derrida, le talith]

La pensée derridienne : ce qui s'en restitue Autres renvois :
   

Derrida, la tora

   

[Derrida, théologie négative, prière]

   

Derrida, la prière

Derrida, sur sa vie Derrida, sur sa vie
Derrida, judaïsme, judéités               Derrida, judaïsme, judéités    
Le corpus derridien : ce qui ne répond pas                     Le corpus derridien : ce qui ne répond pas    

"Avant l'expérience de ce qui reste à voir, mon tissu de référence ne fut ni un voile, ni une toile, ce fut un châle. Un châle de prière que j'aime à toucher plus qu'à le voir, à caresser tous les jours, à baiser sans même ouvrir les yeux ou alors même qu'il demeure enveloppé dans un sac de papier où je plonge la main dans la nuit les yeux fermés. Et ce n'est pas un vêtement, le tallith, bien qu'on le porte sur soi, parfois à même la peau. Voilà une autre peau, mais incomparable à aucune autre peau, à aucun vêtement possible. Elle ne voile ou ne cache rien, elle ne montre ou n'annonce aucune Chose, elle ne promet l'intuition de rien. Avant le voir et le savoir, avant le pré-voir et le pré-savoir, elle se porte en mémoire de la Loi" (Derrida, Un ver à soie, Points de vue piqués sur l'autre voile, in Contretemps 2/3, 1997, p11).

Pourquoi Derrida était-il si attaché à son talith? Il y a sans doute à cela des raisons biographiques, familiales et autres auxquelles nous n'avons pas accès. Mais nous pouvons avancer une hypothèse : ce talith, c'est un tenant-lieu de son oeuvre.

 

1. Un objet rituel.

Le talith est le châle de prière des fidèles juifs. C'est un tissu rectangulaire, parcouru par un fil de la couleur de l'azur, qu'on porte soit à même la peau, soit au-dessus des vêtements. De ses quatre coins pendent des franges qu'on appelle des tsitsith. Chaque homme a le sien propre, qu'il n'échange pas avec celui d'un autre. Jacques Derrida avait, lui aussi, le sien. Etant donné qu'on ignore la couleur exacte de l'azur, le fil singulier est parfois laissé blanc, de sorte que le talith peut être complètement blanc.

Fait de tissu originellement vivant (de préférence la laine de mouton, mais aussi parfois le lin, à condition de ne pas mélanger l'animal et le végétal), le talith est porté par un vivant (un seul). Il est tissé pour ce seul corps, pour le secret absolu de ce corps, parfois porté à même le corps, puis enseveli avec lui quand il meurt. Il rappelle cet événement unique qu'a été la circoncision, et aussi l'alliance du Sinaï (où l'on suppose que chacun aura été présent, individuellement), la loi et les commandements. Après la destruction du temple, les Juifs ont remplacé le sacrifice par la prière, le geste sanglant par la caresse d'un tissu qui, contrairement au voile, ne cache rien, ne montre rien. Ce n'est pas un vêtement, c'est une autre peau, qui ne promet aucun dévoilement.

Mais le talith absolument blanc que Jacques Derrida avait chez lui n'était pas uniquement le sien. C'est son grand-père maternel Moïse (un prénom qui renvoie au don de la loi) qui lui avait donné. Or lui-même était né un an après la mort d'un autre Moïse, son frère Paul. Entouré de fantômes, il gardait précieusement cette trace de la loi.

 

2. La logique du talith : une alliance avec l'imprononçable.

Mais avant même tout cela, il est la mémoire indicible, tangible, de ce qui, avant, s'est auto-affecté comme tout vivant. Si on le caresse, si on le touche, si on le plie, ce n'est pas pour se l'approprier, c'est pour se souvenir de ce qui passe par lui : la bénédiction, la mort, la confiance (celle qui précède toute croyance), et ce qui reste hors de notre portée, quelle que soit la façon dont on le nomme, innommable, imprononçable, infini (ce que la religion appelle Dieu).

Il y a une logique du talith : celle qui, à partir du singulier, de l'unique fois (la naissance, la circoncision, la mort), produit un récit unique qui vient en plus et ne se répète pas (Un + n). C'est une logique du déclenchement, où seule la première fois [Un] contamine, en racontant une histoire [+n].

Mireille Calle-Gruber avance une hypothèse : quand Jacques Derrida nous fait don de son texte, le texte qu'il signe de son nom, il nous fait don d'un talith. Ce don est comme le don d'une langue, une langue en plus (la déconstruction).

cf [Par son oeuvre, Jacques Derrida déclare : "Voici mon talith", "Me voici l'homme au talith"; il fait du texte signé de son nom un talith] §4 (citation) et §2.

 

3. Entre talith et verdict.

Jacques Derrida s'est enveloppé toute sa vie dans son oeuvre comme dans un tissu d'origine animale, le talith ou le cocon de ver à soie. Mais il voit venir le moment où autre chose (quelque chose de si imprévisible qu'on ne peut même pas le nommer) viendra percer ce cocon et le laisser abandonné, oublié, "pire que mort". Ce moment, où le talith ne pourra même plus lui servir de linceul, il l'appelle le verdict. cf : [Quand, de la chrysalide d'un ver à soie, émerge un autre vivant, alors tombe le verdict, pire que la mort et valant plus que la vie même : l'oeuvre est abandonnée].

 

 

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Propositions

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Le talith est comme le vivant : c'est la possibilité de l'auto-affection

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Le talith tient au corps comme mémoire de la circoncision

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Le talith enveloppe un seul corps, unique, pour la prière, la bénédiction et aussi pour la mort

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Le talith ne cache rien, ne montre rien : il se touche, se caresse et rappelle à chacun, singulièrement, la loi

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L'irréductible référence à l'Un sépare la logique du talith de celle du voile : (Un + n) ne se multiplie que la première fois

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[Quand, de la chrysalide d'un ver à soie, émerge un autre vivant, alors tombe le verdict, pire que la mort et valant plus que la vie même : l'oeuvre est abandonnée]

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En finir avec le voile est le mouvement même du voile : il se dévoile, se réaffirme en se dérobant, et s'il en finit avec lui-même, il devient un linceul

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En composant-exposant son oeuvre-talith, Derrida travaille à revêtir, au lieu même de la blessure, le texte de sa signature

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[Par son oeuvre, Jacques Derrida déclare : "Voici mon talith", "Me voici l'homme au talith"; il fait du texte signé de son nom un talith]

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Le talith est l'essence de Dieu : il nous enveloppe, mais reste hors de notre portée

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Jacques Derrida, né un an après la mort de son frère Paul Moïse, a hérité du talith de son grand-père maternel, Moïse

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