Derrida
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                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Van Gogh, la loi de l'excès                     Van Gogh, la loi de l'excès
             
Yolande Quicherat - "Gifler le réel", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 15 juillet 2007

 

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[Vincent Van Gogh (1853-1890) a payé le prix le plus lourd pour avoir découvert la loi qui deviendra, après lui, celle de l'art contemporain : la loi de l'excès]

   
   
   
                 
                       

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Ce fils d'un pasteur calviniste a porté le poids de sa généalogie. Il s'est voulu prédicateur, évangéliste et prêtre ouvrier avant de devenir peintre (le résultat d'un gigantesque effort). C'est ce qu'on appelle une vocation. Il n'a pas eu tort de se prendre pour le messie. Comme Albert Aurier l'a écrit de son vivant (janvier 1890), il a anticipé la loi qui deviendra, après et avec lui, celle de l'art contemporain : la loi de l'excès. Il a vécu cette loi au plus intime, dans ses propres conflits. Après avoir fixé la peinture comme on regarde le soleil, il a mis en route une révolution qui passait par sa chair (sur ce plan, il n'a qu'un seul successeur : Antonin Artaud). Le prix a été lourd. Il a perdu sa confiance en lui, sa foi en l'avenir, et aussi les rares appuis auxquels il tenait : Gauguin (figure paternelle) ou son frère. L'effondrement était-il inéluctable?

Pendant sa longue et douloureuse période d'apprentissage (il a 28 ans quand il réalise sa première peinture), il se considère comme le peintre des gens modestes. Il s'intéresse surtout aux figures - et peine à trouver son style. Puis survient la mort de son père. Il arrive à Paris l'année de la dernière exposition impressionniste (1886). En un clin d'oeil, il apprend d'eux ce qu'il peut en tirer. Il s'empresse de prononcer picturalement leur oraison funèbre en fusionnant le trait brut, la couleur, la vibration et l'émotion : une alchimie impossible avant lui. Il passe d'un humanisme social à l'expression de sa subjectivité, à laquelle il soumet toute représentation et toute perspective.

Comme Cézanne, Van Gogh élève des objets insignifiants à un statut difficilement dicible. Ce n'est pas un hasard si ses tournesols atteignent des prix mirobolants et si les penseurs les plus profonds se sont penchés sur ses peintures de godasses : Artaud, Bataille, Heidegger, Schapiro ou Derrida. Bottines, chaussures, bottes ou sabots, à lacets ou à clous, seules, par paires ou accompagnées d'un pot - mais toujours séparées du pied - elles ouvrent en beauté, autant que les ciels étoilés, à l'énigme de l'art.

Le peintre de la dislocation est aussi celui de la somptuosité; le plus spontané, le plus jouisseur est aussi le plus torturé et le plus intellectuel. S'il s'est tranché l'oreille, c'est pour éviter de trop jouir, au risque de libérer des forces qui le détruiraient. Que ses différents univers soient séparés par un mur était pour lui une douleur insurmontable. A qui marche sur l'abyme, seul l'asile offre un peu d'ordre. Il a beaucoup donné et la société lui a peu rendu; c'est ce déséquilibre qui l'a conduit au suicide.

 

 

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Propositions

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[La peinture de Van Gogh est apparue aux contemporains comme extraordinairement impudique, car plus rien n'arrête l'oeil]

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La peinture est, pour Van Gogh, un acte d'intelligence supérieure qui lui permet de prévenir l'effondrement qui approche

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"Ce qui particularise l'oeuvre entière de Van Gogh, c'est l'excès, l'excès en sa force, l'excès en la nervosité, la violence en l'expression"

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La vie de Van Gogh est dominée par les rapports bouleversants qu'il entretenait avec le soleil

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L'auto-mutilation de Van Gogh est un sacrifice : il s'arrache l'oreille pour rompre l'homogénéité de sa personne et libérer les éléments hétérogènes

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[On ne peut arrêter le mouvement de sérialité différentielle des tableaux de chaussures de Van Gogh]

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Van Gogh, très en avance sur son temps, invente le trait brut qui libère l'émotion avec la trace (Pêchers en fleurs, 1888)

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[Les peintures de Van Gogh vibrent à la place de son oreille]

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Van Gogh s'est tranché l'oreille pour réduire au silence les voix qui lui reprochaient de jouir de la vision pure

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[Van Gogh se sert de la couleur pour rendre les contours, s'exprimer fortement, et aussi faire vibrer un "je ne sais quoi d'éternel"]

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Longtemps Van Gogh ne peint pas des portraits, mais des figures ("Sorrow", 1882)

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Van Gogh commence à peindre à l'âge de 28 ans

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A l'impressionnisme qui dissoud l'objet dans la sensation, Van Gogh oppose le réel émotionnel des choses

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[Ni les institutions, ni la nature, ni la médecine et la psychiatrie ne peuvent garder la même gravitation après le passage de Van Gogh sur terre]

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Alors que, à la Renaissance, la perspective est un moyen de construire un espace objectif, elle est pour Van Gogh le moyen de faire surgir l'élément subjectif et expressif

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Peintre, pasteur et frère d'un enfant mort : Van Gogh a porté le poids de sa généalogie

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[Van Gogh invente une écriture picturale à la source même de la foi]

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Van Gogh a transféré dans la peinture son désir passionné d'être un pasteur

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Quand Van Gogh se met définitivement à la peinture (1881-82), il rompt avec son père et avec la religion

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Van Gogh devient fou car il croit Gauguin, figure paternelle, quand il déprécie sa peinture (Souvenirs du jardin d'Etten, 1888)

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Après sa crise du 24 décembre 1888, Vincent Van Gogh a perdu sa foi en l'avenir

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L'art, c'est l'homme ajouté à la nature

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Après un échec amoureux à l'âge de 20 ans, Van Gogh perd l'estime de soi et veut n'être rien, et si possible moins que rien

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Telle une inondation de corbeaux noirs dans les fibres de son âme interne, c'est la société qui a suicidé Van Gogh pour le punir de s'être arraché à elle

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Van Gogh est attiré par le suicide car l'acte de peindre le sauve autant qu'il le damne (Cyprès dans la nuit étoilée, 1890)

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[De l'année où il commence à peindre (1881) à celle où il se suicide (1890), Van Gogh peint des souliers]

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Les "Souliers" de Van Gogh semblent flotter en l'air, sans contact avec le sol

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L'amour de Théo Van Gogh pour son frère n'a cessé de croître au spectacle de sa souffrance indicible, pour atteindre une grandeur quasi mystique (Deux peupliers, 1888)

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Van Gogh est hanté par la nécessité de la venue d'un homme, d'un messie, semeur de vérité, qui regénérerait notre art et peut-être notre imbécile et industrieuse société

 


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