Quand il commence à dessiner sérieusement, vers 1880, il est à Wasmes en Belgique. Il tente d'évangéliser les pauvres : mineurs, tisserands, charbonniers, sclôneurs et sclôneuses. Il vit dans la misère et s'identifie à eux, leur tristesse et leur désespoir. C'est cette tristesse et ce désespoir qu'il voudra représenter. S'il peut y avoir dans le dessin quelque chose d'humain (voire de divin - car "il suffit d'aimer Rembrandt pour croire en Dieu"), cela justifie qu'il transfère sa passion religieuse sur la peinture. Il ne peint pas les hommes et les femmes pour leur personnalité, mais pour un trait, un geste, une attitude (le plus souvent liée au travail) : des bêcheurs, des semeurs, des laboureurs.

Sa première commande, début 1882, est pour des paysages; mais c'est la figure qui l'obsède (p55). Il continue à peindre des paysans. Peut-être sa compagne d'un an et demi (surnommée Sien), ancienne prostituée, n'était-elle pour lui qu'une figure : il en a fait deux dessins symboliques (The Great Lady, p56, et Sorrow, p61, ci-contre).

Même si l'on réussit parfois à mettre un nom sur ses portraits, ils sont fondamentalement anonymes : que le Petit Pâtisser se soit appelé ou non Rémy Zocchetto, il reste le Petit Pâtissier. Que le vrai prénom de Sien ait été Christine, qu'elle ait été sa compagne, elle reste une fille désespérée.