Avec le phénomène contemporain du "retour du religieux", on tend à opposer d'un côté la Raison (la critique, la science, la modernité technoscientifique), d'un autre côté la Religion (Dieu, le nom de Dieu). Mais dans l'un et l'autre cas, pour qu'une réponse à l'autre soit possible, il faut un témoin qui atteste de la foi, du gage, du serment, de la promesse de vérité. Que la place de ce témoin soit supposée vide ou qu'elle soit nommée [Dieu], ne change rien d'essentiel. Un tiers est exigé. C'est une ressource commune à la Raison et à la Religion. Pour que la performance, la performativité, l'efficacité performative des technosciences soient possibles, il faut d'abord s'assurer, en principe, d'une fiabilité.

Il n'y a pas de religion sans promesse de témoigner de la vérité; dans l'acte même (performatif) de cette promesse, cette vérité (à venir) se dit, elle est déjà dite [structure du "déjà-pas-encore"].