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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, le désir                     Derrida, le désir
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 30 septembre 2005 Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir?

[Derrida, le désir]

Orlolivre : comment ne pas s'entendre, se sentir?
   
   
   
                 
                       

1. Duplicité.

Quand Jacques Derrida emploie le mot désir, c'est pour souligner une duplicité :

- il faut, pour qu'il y ait désir, qu'une certaine organisation, une certaine cohérence ou structure le commande : celle du sujet qui vit dans l'attente ou l'espoir d'une présence pleine, d'une parole vive, orale, qui travaillerait à réduire la différence. C'est le sujet logocentrique, métaphysique, celui qui voudrait s'appuyer sur un "signifié transcendantal", point central qui mette un terme au renvoi infini de signe à signe. Ce sujet qui aspire au fantasme d'une vie pleinement présente, qui voudrait restaurer l'identité à soi, préfère restreindre l'altération produite par l'écriture. Il chasse son autre. Sa jouissance, habitée par la lettre et la mort, se voudrait objectivable, représentable. Ce désir-là, porté par la tradition européenne, est indestructible, y compris dans les modes de pensée qui prétendent s'en prendre à la métaphysique, comme ceux d'Artaud ou d'Heidegger, et y compris chez Derrida lui-même.

- mais par ailleurs la commande du désir est illimitée. Il ne peut pas s'arrêter dans la plénitude. Une voix fantômatique, tremblante, idiomatique, maintient l'ouverture, la distance, la non-présence ou l'extériorité. Passant par le rêve, la parole ou les textes, cette voix fait résonner son accent singulier. On désire le désir. Même dans les domaines les plus objectivés, la recherche scientifique, la biologie, le rapport à la mort, le désir (et le désir de désir) sont parties prenantes.

 

2. Mise en échec.

Le désir derridien est une notion ambiguë, aussi ambiguë que l'hymen, cette pliure dont la consumation laisse s'écrire une différance sans présence. Conditionné par un défaut initial, une exappropriation, il est d'avance mis en échec. D'un côté, il est dépourvu de passage assuré, de route frayée ou fiable. C'est un désert, une figure de l'aporie. Mais d'un autre côté, il hante nos régimes de croyance. Il imprime des émotions à même le corps, il magnifie, comme au cinéma, des apparitions spectrales. Il faut la femme pour jouer avec ce désir, pour l'ouvrir par la séduction, même si elle-même au fond n'y croit pas (pas plus qu'elle ne croit en la castration).

 

3. Désir métaphysique.

La métaphysique du désir est un appel quasi religieux à un autre inaccessible, une eschatologie désespérée dont nous sommes incapables de nous détacher. Nous ne le désirons pas comme un possible, mais comme un impossible. Dans la tradition de la théologie négative, il est attaché à l'idée d'une voix juste, d'une autorité dont le propre serait de n'avoir rien en propre. Il témoignerait du plus intense désir de Dieu, dans les deux sens du terme : celui que nous éprouvons pour Dieu et celui que Dieu éprouve pour nous. Même athée, il resterait insatiable.

Mais alors quel serait le désir de l'écrivain Derrida, du philosophe, du penseur ? La vérité qu'il aura cherchée, dont il aura espéré jouir, c'est celle qui aura été hantée par un désir testamentaire : que quelque chose survive et soit transmis. Ce désir d'inconnu, désir d'avenir, est plus porté par son texte, aujourd'hui, que par sa présence d'hier.

 

 

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Propositions

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-

Le désir est attente de la présence pleine qui devrait venir le remplir

-

Tous les discours destructeurs de la métaphysique habitent les structures qu'ils abattent et abritent un désir indestructible de présence pleine

-

Au fond de moi, je suis plus que tout autre un métaphysicien de la présence : je ne désire rien de plus que la présence, la voix, toutes ces choses auxquelles je m'en suis pris

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Pour qu'il y ait désir et jouissance, il faut que la représentation habite la présence

-

Le fantasme figure et configure le contradictoire, l'inconcevable, l'impensable, l'impossible; en les nommant, il nous affecte et les rend désirables

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Le cinéma, qui est le seul grand art populaire, imprime sur l'écran, dans l'esprit, le corps et le désir des spectateurs, l'immédiateté d'émotions et d'apparitions spectrales

-

Le logocentrisme est le désir irrépressible de mettre un terme au renvoi de signe à signe par un signifié transcendantal

-

L'écriture est un intense rapport à la survivance, non par désir qu'après moi quelque chose reste, mais par jouissance, ici et maintenant, de la vérité du monde en mon absence radicale

-

[Marx vise un impossible : la vie pleinement présente, aussi désirable que la justice]

-

L'expérience de la mort, c'est que je suis obligé de penser à ça (mon anéantissement), et qu'aussi je suis hanté par un désir testamentaire : que quelque chose survive et soit transmis

-

La seule jouissance pensable, c'est celle d'une voix purement idiomatique, fantômatique, tremblante : un désir, un rêve, une promesse, une Nécessité

-

Dans un texte, une voix parle et fait entendre un désir : avec elle résonne un ton, une position incontrôlable

-

La cohérence dans la contradiction exprime la force d'un désir

-

L'extériorité irréductible de l'autre appelle le désir, qui est séparation infinie, rencontre aventureuse hors de soi, eschatologie désespérée

-

En allant toujours plus loin, la théologie apophatique témoigne du plus intense désir de Dieu

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Double bind de la théologie négative : son autorité lui vient de son désir de dire, par sa bouche et d'une voix juste, le propre de Dieu - qui consiste à n'avoir rien en propre

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Tourné vers le secret de sa non-manifestation, l'athéisme témoigne d'un insatiable désir de Dieu, mais il peut aussi rester radicalement étranger à tout désir

-

La consumation de l'hymen est fusion entre-deux, accomplissement de désir qui suspend les différences en inscrivant une différance sans présence

-

La déconstruction, qui se donne pour tâche l'expérience de l'autre comme invention de l'impossible, ne désire pas le possible, mais l'impossible

-

Sans passage assuré, sans route frayée ou fiable, le désert est une figure de l'aporie, et aussi l'autre nom du désir

-

Europe est le nom singulier, absolument propre, de ce qui porte le sujet désirant ou volontaire à son maximum objectivable, sa dimension capitale

-

L'ex-appropriation est la condition du sens, du désir, de l'amour, du deuil

-

Il y a du mal à vouloir réduire la vie à l'objet scientifique de la biologie ou de la biographie, car elle ne fait pas face à la mort : avec son désir, elle est partie prenante du champ investi

-

Pour la femme, la castration n'a pas lieu; elle ne croit pas en sa vérité mais elle en joue pour séduire, ouvrir le désir

-

Une structure est habitée par le désir qu'une présence centrale commande

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