Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, serment, parjure                     Derrida, serment, parjure
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 1er juillet 2015 L'oeuvre témoigne de serment et parjure

[Derrida, serment, parjure]

L'oeuvre témoigne de serment et parjure Autres renvois :
   

Derrida, témoignage, attestation

   

Derrida, le pardon

   

Derrida, l'acquiescement, le "oui"

Orlolivre : comment ne pas acquiescer? Orlolivre : comment ne pas acquiescer?
                 
                       

1. Quasi-transcendance.

Dès qu'il y a adresse à l'autre, langage, verbe, un "oui" est impliqué. Oui, ce que je dis, ça a bien lieu; ou bien Oui, je constate. Ce "oui" présupposé par tout dialogue ou interlocution s'envoie à soi-même, et aussi à l'autre. Rien d'autre ne le garantit qu'une foi, une croyance en la crédibilité de l'autre. Je jure que tu peux me faire confiance, dit l'autre, et je réponds "oui", j'acquiesce à son serment. Cet engagement est irréversible. Il ne repose pas sur une décision, mais sur la langue humaine, le langage en tant que tel. Aucune langue ne saurait le défaire. Le serment est la transcendance même.

Il reste toujours un doute, une incertitude. Et s'il me trompait? Et si son témoignage était faux? Et s'il se parjurait? C'est une hypothèse menaçante, dangereuse, mais qu'on ne peut jamais exclure complètement. J'en appelle à son "oui", j'attends de lui un autre "oui", mais aucune puissance supérieure ne m'aide à interpréter ce que j'entends. La transcendance de l'autre n'a pas de fondement, c'est un quasi-transcendantal.

Je m'engage par serment auprès d'un Qui ou devant un Qui, un autre qui s'impose par la force, la tyrannie d'une filiation, d'une généalogie. Même si cet impératif se présente sous une forme douce, persuasive, elle tient toujours à la violence ou au pouvoir de quelqu'un. C'est lui qui exige de moi la fidélité. C'est pour lui que je garde son secret.

 

2. Le pardon pour un parjure.

Chaque fois que je parle, même si je ne cherche à faire aucune déclaration, même si je n'énonce aucune vérité et même si je suis en train de mentir, je m'adresse à autrui, je témoigne devant lui de ce qui m'est présent à moi-même. Implicitement, je jure. C'est un témoignage singulier, irremplaçable, qui place l'autre en représentant de la loi. Même si je suis de bonne foi, ce que je dis peut être affecté par l'obscurité, l'ignorance, la bêtise. Il se peut que je sois incapable d'ajuster ma parole à un "vouloir-dire", il arrive que je sois dépassé par la signification de ce que je dis. Au "je", se substitue alors un autre "je" qui, en secret, abuse l'autre. Il peut toujours changer l'adresse, la destination, il peut toujours refuser de contresigner l'envoi. Comment pourrais-je être absolument sûr de croire ce que je dis? Il y a toujours possibilité de mensonge, de parjure ou de trahison. C'est à l'autre de témoigner de mon témoignage, de me croire ou de ne pas me croire.

Exposé à l'éventualité d'un parjure, même involontaire, je ne peux que m'excuser, demander pardon.

 

3. Communautés.

Il n'y a rien de naturel dans une relation de parenté, un lien social, un groupe. Qu'il se prétende fondé sur une généalogie, une histoire ou toute forme de récit, il repose toujours sur un serment. Ce serment doit être réitéré pour chaque alliance, chaque institution, chaque archive, chaque média. A chaque fois, la "vérité" de l'archive surgit de la fiction. Comme dans un documentaire ou un compte-rendu de journaliste, elle ne tient qu'à un témoignage.

En principe, la responsabilité à l'égard de l'autre est illimitée. Mais il n'y a pas de justice sans institution, sans contrat, sans surgissement d'un tiers qui puisse faire respecter le droit. On ne peut pas respecter un serment sans risquer qu'il soit perverti, trahi.

 

4. L'oeuvre.

Un serment n'est pas acquis une fois pour toutes. Il faut, à chaque fois, chaque croyance, chaque interlocution, chaque oeuvre, reprendre l'acte de foi. Une oeuvre est ambiguë, elle a des limites (souvent instables), des insuffisances. Il suffit qu'elle soit lisible pour qu'un destinataire inconnu, infiniment distant, se l'approprie, arraisonne le message. Ce qui arrive alors peut être pire qu'un parjure, un crime : en ignorant la singularité de l'expéditeur, l'oeuvre trahit un secret (et cela n'arrive pas seulement dans certains contextes ou circonstances particulières, c'est toujours le cas). Cet événement laisse à son tour une trace qui peut se constituer en archive. C'est pourquoi on n'oeuvre pas sans s'excuser, sans demander pardon. Les aveux et les confessions sont fréquents chez les écrivains, à commencer bien sûr par Jean-Jacques Rousseau, Saint Augustin et Jacques Derrida lui-même, mais aussi beaucoup d'autres. Ce pardon n'a rien d'automatique, car s'il était automatique, ce ne serait pas un pardon digne de ce nom. Il opère comme blessure, interruption, rupture dans l'ordre du temps. Rien ne prouve que le crime sera pardonné, rien ne prouve que la plaie pourra cicatriser.

 

5. Le parjure suprême.

Quel serait le parjure suprême, le crime absolu, le crime des crimes, le mal du mal? Un fratricide qui supprimerait la possibilité même du serment fait à l'autre. Ce ne serait pas seulement l'autre qui serait trahi, ce serait l'humanité comme telle. Il faut déconstruire la fraternité, explique Derrida, mais agir de cette façon contre le frère, ce serait le mal du mal.

cf : A la "survivante éternelle", ce blasphème, ce parjure, cette figure du savoir absolu pour laquelle aucune surprise n'est possible, il faut répondre par l'aveu, la demande de pardon.

Et pourtant il faut qu'une telle malédiction soit possible. Sans la possibilité du parjure, du crime absolu, il ne pourrait y avoir ni liberté, ni décision.

 

6. Dieu.

Avec la religion, c'est Dieu lui-même qui est pris à témoin. Si on l'invoque ou le convoque, c'est pour prendre la place (absente) du témoin absolu.

 

 

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Propositions

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Le serment est la transcendance même, un lien dans la langue humaine que celle-ci ne peut pas défaire, un engagement qu'il n'est pas en son pouvoir de délier

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"Oui" est la condition transcendantale de tout performatif, de toute écriture, promesse, serment, engagement, qui en appelle au "oui" de l'autre et s'envoie, à soi-même, un "oui"

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Dans toute adresse à autrui, un témoignage est impliqué

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Le secret tient toujours à la violence ou au pouvoir de quelqu'un : il suppose un serment, un engagement devant l'autre qui, en tant que tel, l'exige souverainement

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La substitution du "je" au "je" est la racine du parjure, car je peux toujours, au dernier moment, changer l'adresse en secret

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Etant exposée à une violence ou un abus toujours possibles (faux témoignage, mensonge, parjure, trahison, etc...), toute adresse à l'autre commence par une demande de pardon

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Nul n'est à l'abri de la bêtise ou du parjure - car nul ne peut rigoureusement ajuster sa parole à un vouloir-dire, un vouloir-faire ou une signification comme telle

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La justice commence avec un parjure : en engageant, avant tout contrat, l'éthique infinie de ma responsabilité pour l'autre, je fais surgir le tiers qui la trahit par le droit

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Il est toujours possible qu'une lettre n'arrive pas à destination; et si l'autre ne contresigne pas l'envoi, il y a possibilité de parjure ou de trahison

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Au commencement de l'oeuvre, il y aura eu un geste performatif : acte de foi, serment, confession, excuses, promesse ou conjuration

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Toute oeuvre ou écriture est un crime, un parjure - car, pour être lisible, elle perd le secret, trahit la singularité du destinataire

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Pour qu'arrive le pardon, l'excuse ou le parjure, un performatif ne suffit pas, il faut une oeuvre : une blessure, une interruption, une rupture dans l'ordre du temps

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Dans un documentaire, la vérité de l'archive ne tient qu'au témoignage du signataire - qui fait surgir une fiction par l'écriture, le tournage et le montage

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Il n'y a rien de naturel dans la parenté ou la fraternité; le lien de naissance est un fantasme, qui engage dans l'ordre du serment, de la croyance et de la foi

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Trahir l'humanité, ce serait le parjure suprême, le crime des crimes, la faute contre le serment originaire, la tentation du fratricide comme possibilité du mal radical

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Sans la possibilité du mal radical, du parjure et du crime absolu, aucune responsabilité, aucune liberté, aucune décision

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A la "survivante éternelle", ce blasphème, ce parjure, cette figure du savoir absolu pour laquelle aucune surprise n'est possible, il faut répondre par l'aveu, la demande de pardon

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Tout témoignage, serment, attestation ou adresse engendre et invoque un dieu auquel promettre la vérité

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