Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'héritage                     Derrida, l'héritage
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 10 juillet 2007 Scènes d'écriture

[Derrida, l'héritage]

Scènes d'écriture Autres renvois :
   

Tradition, transmission

   

Derrida, le deuil

   

Derrida, bénédiction, malédiction

Orlolivre : comment ne pas transmettre? Orlolivre : comment ne pas transmettre?

Derrida, la mort

                 
                       

1. Un ou des héritages.

Nous vivons, chaque jour au présent, avec notre héritage. Il est notre être, il nous parle. Si nous recevons le langage, c'est pour témoigner de la possibilité de le recueillir, et même quand nous en rejetons une partie (ce qui est notre droit), nous n'échappons pas au statut du fils illégitime - ce qui est encore une autre manière d'hériter.

Pourtant les héritages sont multiples. Il y a :

- celui qui vient à nous sans même que nous le connaissions : trait, trace ou graphe. C'est une contrainte, une assignation, qu'on peut rapprocher de la compulsion de répétition freudienne. Sa structure est testamentaire.

- celui qui nous parvient comme une injonction à laquelle nous devons répondre. Un héritage n'est jamais simple, il abrite des secrets, des contradictions. L'héritier doit s'expliquer avec des spectres qui ne parlent pas d'une seule voix. Il faut qu'il fasse un choix. S'il choisit de reconnaître l'héritage comme sien, il s'expose à d'autres contradictions. Exemple : l'héritage de Marx. Marx n'est pas homogène, il y a plus d'un Marx. Lequel recevoir? Peut-on le dissocier d'autres héritages, comme l'héritage messianique? Peut-on résister à l'arraisonnement par une histoire, une renommée? Quel héritage garder? Lequel transformer?

- celui que nous allons chercher dans l'espoir de (re)trouver un lieu originel, intact, qui échapperait à la dissension ou à la chute. En suivant ce chemin, nous héritons, sans toujours y penser, de Platon et du christianisme. C'est la posture de Heidegger qui interprète la corruption du "Geschlecht" comme déclin, déchéance. Il lui faut présupposer un lieu originel, univoque, sous la protection de "notre langue", le vieil allemand, ou du grec ancien. Cette réinvention d'une origine simple, d'un frayage matinal dont il faut hériter, est le fondement ultime de tous les discours nationalistes.

 

2. Recevoir.

De lui-même, l'enfant porte un jugement sur la tradition singulière où il s'inscrira. Car bien que tout héritage soit répétition, un héritage ne s'explique pas. Il est incontrôlable, inappropriable. Il ne se transmet pas sans désordre. C'est ainsi que l'Europe, héritière de bien des traditions, se définit par son potentiel de crise.

Un héritage ne peut pas être lu ou interprété de l'extérieur [comme prétend le faire l'historien ou le scientifique]. On ne peut s'y inscrire que par une traduction nouvelle, une réinvention, la production d'un autre idiome qui le fait survivre. Il nous lègue de quoi l'interpréter, mais en préservant son secret, il nous interdit de nous limiter à cette interprétation. L'héritage vient avec ce qui l'excède. S'il garde la vie, c'est comme oeuvre à faire, ouverture vers l'avenir.

 

3. Successions et substitutions.

Pour transmettre, il n'est pas suffisant de laisser un testament, il faut aussi être mort. L'événement-héritage n'interviendra que lorsque le survivant aura été coupé du légataire (et il n'y a pas de coupure plus radicale que la mort). Il en est ainsi d'un legs comme d'une oeuvre. On ne peut en hériter qu'à se couper du signataire.

Toute scène d'écriture est aussi une scène d'héritage, dont la loi est la substitution. Il y a revenance, hantise, mais on ne sait pas toujours de qui on hérite. Les places peuvent être commutées, permutées, les générations sautées, les biens disséminés. Un legs peut toujours être mis à l'épreuve, ne revenir à personne, rester sans émetteur ni destinataire. Il est "posté" (comme on met une lettre à la poste), mais sans finalité. Les personnes comme les choses sont toujours substituables.

Ces successions/substitutions sont inséparables de la dette avec ses corrélats : le devoir, la responsabilité, la culpabilité, le pardon.

 

4. Un héritier.

Jacques Derrida se définit comme un héritier. Il a reçu l'héritage classique, celui des Grecs, celui des chrétiens, et aussi celui des Juifs. Mais sans renier cet héritage, il s'en détache aussi.

 

 

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Propositions

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Tout graphème est d'essence testamentaire

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Il n'est d'héritage que singulier : un héritage ne peut être ni anonyme, ni universel

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La vérité de l'enfant se pense au-delà de tout héritage, elle ne s'invente ni comme dévoilement, ni comme création, mais comme événement, traduction et allégorie

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On prend un risque en choisissant d'hériter, car dans tout héritage il y a plus d'un esprit, plus d'un secret et une réserve inconnue

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L'héritier doit répondre à une double injonction : 1. Réaffirmer ce qui n'est pas choisi; 2. Choisir de le maintenir en vie, le réinterpréter activement

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La structure de l'invention est singulière : c'est un événement que n'annonce aucun horizon d'attente, mais qu'un autre, un héritier, doit reconnaître

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Il y a trois types de deuils qui sont aussi trois façons d'hériter : l'héritage mortifère, l'introjection symbolique et le choix incalculable du fils illégitime

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On n'hérite jamais sans s'expliquer avec plusieurs spectres

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En toute scène d'héritage, une logique de succession et de substitution des personnes et des choses fait loi, où dette, devoir, responsabilité, culpabilité et pardon sont mis en jeu

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Axiome : nul à-venir sans héritage, possibilité de répéter, itérabilité, alliance à soi, confirmation du oui originaire, mémoire et promesse messianique

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Il n'y a pas de méta-archive; on ne peut éclairer, lire, interpréter un héritage qu'en l'inscrivant irréductiblement dans l'avenir

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La compulsion de répétition freudienne, cette force démonique, appartient à la structure du testament

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On n'explique pas un texte, mais on peut rendre compte de son héritage, le "déplier"

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Tout héritage s'excède et nous lègue de quoi l'interpréter - jusqu'à une ligne difficile à arrêter

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L'être de ce que nous sommes est d'abord héritage

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Notre essence, c'est que nous héritons du langage pour témoigner du fait que nous avons la possibilité d'hériter

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Pour que les racines parlent, il faut qu'elles soient blessées

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L'oeuvre hérite d'un événement, mais ne peut survivre qu'à se couper de son signataire

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Pour qu'on puisse hériter de mes écrits, il faut d'abord que je me donne la mort

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Le nom, qui est la structure même de la survivance testamentaire, est arraisonné par une histoire, un héritage, une renommée

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La question du témoignage (testimonium) n'est autre que celle du testament (testamentum) : survivre avant et au-delà de l'opposition entre vivre et mourir

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L'expérience de la mort, c'est que je suis obligé de penser à ça (mon anéantissement), et qu'aussi je suis hanté par un désir testamentaire : que quelque chose survive et soit transmis

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Dans ce qui fait oeuvre, il y a ce dont on n'hérite pas et à qui rien ne revient (le narcissique, l'immortel) et ce dont on hérite (ce qui, condamné à mort, garde la vie au-delà de la mort)

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L'oeuvre du poète est une chambre d'échos : le poème réinvente ce dont il hérite, il bénit et dissémine ses semences

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Pour interpréter la corruption du "Geschlecht" comme chute, malédiction, Heidegger doit présupposer un lieu originel, univoque, qu'il hérite de Platon et du christianisme

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Le style de Heidegger, sa manière, recourt à ce qu'il nomme "notre langue" : la signification supposée originelle, intraduisible, de mots en haut et vieil allemand

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En pensant l'"allemand" depuis une origine qui le déborde, Heidegger reproduit l'ambiguité de tous les discours nationalistes

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Promettre le retour à la simplicité d'un "coup" initial (Schlag), au frayage matinal d'un Geschlecht, tel est l'ultime fondement du nationalisme

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L'héritage européen n'est pas un patrimoine, c'est un potentiel inépuisable de crise et de déconstruction

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Karl Marx exige que tu hérites de lui, mais ses voix sont hétérogènes : il y a plus d'un Marx entre lesquels choisir

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Il faut assumer l'héritage du marxisme en le transformant aussi radicalement qu'il sera nécessaire

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On ne peut pas dissocier l'héritage de Marx du messianisme abrahamique

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"Être né juif" est un héritage qui ne peut ni se renier ni se dénier

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Jacques Derrida inaugure un judaïsme de sortie de la religion, hérité de son peuple mais détaché de lui

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