Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'à - venir                     Derrida, l'à - venir
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 11 novembre 2005 Derrida annonce l'oeuvre à venir

[Derrida, l'à-venir]

Derrida annonce l'oeuvre à venir Autres renvois :
   

Derrida, la promesse

   

Derrida, le tout-autre

   

Derrida, l'invention, l'avènement

Orlolivre : comment ne pas étudier ? Orlolivre : comment ne pas étudier ?

Derrida, "Viens"

                 
                       

1. Le futur n'est pas l'à-venir.

Il ne faut pas confondre l'à-venir et le futur. Comme le passé, le futur est un présent décalé dans le temps, tandis que l'à-venir est un événement imprévisible, irréductible à quelque présent que ce soit. Même s'il le déforme, le futur prolonge et répète un passé, tandis que l'à-venir est une expérience qui s'ouvre à partir d'une archive à lire et interpréter - chaque fois de manière unique, nouvelle. La mémoire mobilisée n'est pas la même. Dans le cas du futur, elle restitue un passé, tandis que dans l'autre cas c'est l'ouverture d'une différence qui se projette vers un avenir inconnu. Mais l'incertitude a un prix : cet avenir n'est pas anticipable, il se présente à nous comme menace, danger - voire monstruosité.

L'imprévisibilité de l'avenir est le sens même de la liberté. Il n'y a du libre que là où ce qui vient est hétérogène, excède mes calculs. Une telle pensée ne peut advenir sans un retrait du moi.

 

2. Des principes.

Je ne peux pas être indifférent à ce que la langue promet. Il n'y a ni mémoire, ni discours, ni adresse à l'autre, sans une croyance préalable, un héritage, un "Oui" originaire qui gage l'avenir. Cette origine n'est pas, elle non plus, déterminée à l'avance. Elle garde en elle un poids d'impensé, une indétermination radicale qui, à chaque instant, peut ouvrir d'autres portes à l'avenir. Elle n'est pas annoncée à l'avance, mais toujours en après-coup, avec retard. Il y a des commandements, des tâches, des urgences, des principes, des exigences impératives. L'attente, l'engagement, la prière, ne portent pas vers un lieu vide, mais vers ce lieu où s'inaugure la responsabilité.

Comment cela est-il possible? Comment l'indétermination du langage se transforme-t-elle en exigence de justice? Il ne s'agit ni d'un savoir, ni d'une délibération, ni d'une décision, ni d'un calcul, ni d'une guerre, mais d'une réponse, d'un appel qui s'impose, qui s'affirme sans tenir compte des conventions antérieures. Je te dis que c'est injuste, dit-on sans autre justification. L'appel à la justice excède tout autre appel, y compris au plus vivant de la vie. Il commande de refonder et de transformer le droit, une exigence illimitée, qui ouvre un avenir incalculable.

"Ce qui vient", "ce qui arrive" ne peut pas être nommé dans la langue courante. Il faudrait pour cela des mots nouveaux qui émergeront peut-être. En attendant que ces mots arrivent (de l'autre ou d'un autre), on continue à s'appuyer sur la structure du "comme si", de l'analogie ou de l'allégorie, qui déplace et transforme des notions classiques pour inventer une éthique (à venir), une démocratie (à venir), une responsabilité (à venir), de nouvelles Humanités (à venir), un nouveau concept de l'homme (à élaborer), une autre alliance (à venir), etc. On ne peut avancer que par comparaison avec des choses connues (le "comme"), par engagement virtuel (le "comme si"). Par ces termes et d'autres, c'est un à-venir indéterminé qui s'annonce.

 

3. Préserver le "peut-être".

Parler, ce n'est pas seulement vouloir dire, c'est promettre quelque chose au-delà de ce qu'on dit, dans une autre langue qui se greffe, se déforme, se transforme, s'exproprie, une langue inouïe dont l'unité n'est jamais assurée. Pourtant je l'annonce, cette langue inouïe, cette autre éthique, etc.... J'ai décidé de les laisser se mettre en mouvement. Bien qu'ils n'aient pas de sens, bien qu'ils ne soient rien, j'ai préparé des lieux pour les accueillir, des lieux sans issue ni chemin, comme le désert ou la spectralité - des lieux d'accueil, et aussi des lieux de pensée.

Que peut-on dire d'une autre pensée qui, dans sa structure, sa grammaire ou sa syntaxe, préserverait le "peut-être"? Il faudrait que cette pensée soit blanche, sans poids, sans horizon, indéterminée, sans issue ni chemin assuré, sans dehors prévisible. Il faudrait qu'elle pointe au-delà du logos, qu'elle ne s'enferme pas dans un vouloir-dire issu du passé, qu'elle soit elle-même à venir. Cela passerait par un retrait de notre pensée actuelle, qui mettrait à nu le mouvement même du langage, obligerait à répondre à l'autre et aussi de l'autre, engagerait une responsabilité,

 

4. Téléiopoèse.

Toute phrase est performative. On ne peut parler sans promettre, sans annoncer, par exemple, un projet, une exigence, un souhait. Mais il est des phrases qui, en outre, sans qu'aucun contenu ne soit déterminé, engagent l'autre. Dans l'idiome derridien, cela se nomme l'auto-téléiopoèse : un appel à l'avenir qui implique le destinataire, mais seulement sur le mode du peut-être. Un à-venir qui joue sur l'imprévisible et l'incalculable s'organise autour de ce type de phrase. Aucun savoir ne le guide. Il est promis, certes, mais comme performatif à venir, qui n'entre dans aucun horizon d'attente.

Qu'est-ce qui est à venir? On ne peut répondre à cette question par aucune ontologie, rien de substantiel. A condition de renoncer aux schèmes du temps linéaire, on pourrait parler d'une époque à venir. Cette époque ne s'inscrirait pas dans une chronologie, mais dans la réitération ou le croisement des actes qui, à partir de rien, rendent l'écriture possible.

 

5. L'oeuvre à venir.

Quand le passé et l'avenir sont indisponibles, surgit le désir d'une autre langue, d'une langue à venir, ou encore d'un texte, d'une figuration à venir, d'une oeuvre, un livre, mais ni cette oeuvre, ni ce livre ne correspondraient par leur forme ou leur contenu à ce qu'on appelle aujourd'hui "oeuvre", ou "livre". Le "livre à venir" oblige à poser la question du "hors livre".

Sur l'oeuvre à venir, cf : [Par son oeuvre, Jacques Derrida annonce l'"oeuvre à venir"].

 

5. Messianicité.

Un avenir programmé, déterminé, fixé à l'avance, ne serait pas un à-venir, ce serait au contraire l'annulation de l'avenir, le mal radical. A ce mal radical s'oppose la promesse messianique, sans contenu, doublement indéterminée : aucun savoir ne permet de calculer sa venue; aucun horizon d'attente ne permet de l'anticiper. Cet abyme, hétérogène à tout ce que nous connaissons aujourd'hui, Derrida l'appelle messianique sans messianisme, ou messianisme sans contenu.

Dans toute promesse, il y a une part d'inconnu, de secret. Pour laisser ouverte l'ouverte de l'à-venir, il faut aussi garder le secret.

 

 

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Propositions

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L'époque à venir est celle d'une pensée qui, par son ouverture, ne veuille rien dire et rende l'écriture possible à partir de rien

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Ce qui excède l'époque du logocentrisme (celle qui, comme histoire, clôt le savoir) n'est rien : ni la présence de l'être, ni le sens, mais autre chose qui n'a pas de nom

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Notre horizon, ici maintenant, est une absence d'horizon : des lieux sans issue ni chemin assuré, sans dehors prévisible, qui conditionnent l'avenir

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Le seul avenir désirable et digne d'intérêt, c'est de laisser se mettre en mouvement la différance de l'autre

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L'avenir ne peut s'anticiper que dans la forme du danger absolu; il ne peut s'annoncer que sous l'espèce de la monstruosité

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En impliquant d'avance le destinataire sur le mode du peut-être, certaines phrases "auto-téléiopoétiques", qui ne disent rien, font venir à terme ce qui survient

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Une pensée de la trace doit aussi pointer au-delà de l'epistémé, par une pensée blanche, neutre, indéterminée, sans poids, qui dise l'époque à venir de la différance

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Le "messianique" est doublement indéterminé : (1) aucun savoir, théorie ou épistémé ne le guide (2) comme performatif à venir, il n'entre dans aucun horizon d'attente

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Le messianique sans messianisme (ou messianisme sans contenu) est le concept étrange qui guide la quête d'une démocratie à-venir

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L'autre éthique à-venir est "ce qui vient", "ce qui arrive", une hétéronomie où l'autre est ma loi

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Chaque fois que j'ouvre la bouche, je promets : et cette promesse annonce l'unicité d'une langue inouïe, à venir

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Promettre, c'est s'engager pour l'avenir à garder un secret

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Les nouvelles "Humanités" à venir, sur lesquelles il faut travailler, traitent d'une idée ou d'un "propre" de l'homme qui implique toujours la promesse

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Il y a trois portes à l'avenir - qui sont aussi celles de l'archive : promesse, indétermination, secret

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L'amitié n'est jamais une donnée présente; son discours d'attente, de promesse, d'engagement, de prière, porte en ce lieu où une responsabilité ouvre à l'avenir

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Il n'y aura un avenir pour l'Europe, et un avenir en général, que si la promesse du "mysterium tremendum" chrétien, cette responsabilité hérétique, est déployée radicalement

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La mémoire est l'ouverture de la différence, sa révélation dans la présence même du présent, projetée vers le futur

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Il n'y a pas de méta-archive; on ne peut éclairer, lire, interpréter un héritage qu'en l'inscrivant irréductiblement dans l'avenir

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Transcendante est la Différence : plus elle avance sur l'origine, plus elle annonce son au-delà, plus l'origine est toujours à-venir

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Axiome : nul à-venir sans héritage, possibilité de répéter, itérabilité, alliance à soi, confirmation du oui originaire, mémoire et promesse messianique

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L'archive garde en elle un poids d'impensé qui engage l'histoire du concept, son ouverture à l'avenir, sa promesse messianique

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En l'absence de langue maternelle, quand le passé est indisponible, surgit le désir d'écrire pour restaurer une langue originaire - comme promesse d'une langue à venir

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La garde de l'archive, qui ordonne la mémoire et anticipe l'à-venir, enjoint aussi de mettre à mort l'archonte et tout ce qui, dans la tradition, porte la loi

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En excédant le calcul, le programme et les règles, l'appel à la justice ouvre à l'avenir, il commande la transformation et la refondation du droit, y compris par le calcul et la négociation

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Il y a du libre là où "ce qui vient" est imprévisible, où il y a de l'"à-venir"

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L'université devrait être "sans condition" : un espace de résistance critique, déconstructrice, où s'élaborent de nouvelles Humanités, un nouveau concept de l'homme

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La dette, devenue infinie à l'égard du monde, appelle à un droit infini à la philosophie, qui ouvre sur une démocratie à-venir, une cosmopolitique au contenu imprévisible

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Le lieu de la spectralité est celui où on doit laisser une place vide en mémoire de l'espérance : la démocratie à-venir

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La question du "livre à venir" n'est ni celle de l'écriture, ni celle du support, ni même celle de l'oeuvre : c'est celle du droit à appeler "livre" une certaine totalité

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[L'essence de l'oeuvre n'est jamais donnée à l'avance : entre appropriation et désappropriation, elle est toujours à venir]

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L'annulation de l'avenir est le plus grand risque, le mal radical qui nous menace

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Walter Benjamin réveille la tradition judaïque selon laquelle le plus vivant de la vie - qui vaut plus que la vie -, c'est sa justice, l'avenir de son être-juste

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