L'université est historiquement liée aux "Humanités" - la question de l'homme telle que posée par les Lumières et qui forme encore aujourd'hui, avec des notions comme les Droits de l'homme ou le crime contre l'humanité, l'horizon du droit international. Cette même tradition des Lumières accorde à l'université le droit inconditionnel de questionner ce concept de l'homme. Faire "profession" de vérité, c'est aussi pratiquer une résistance inconditionnelle à l'égard de tous les pouvoirs, ceux de l'Etat-Nation, de l'économie, des médias, de la religion, de la culture, etc... Rien n'est à l'abri du questionnement (y compris la forme même de la question) et tout peut être dit dans l'espace public, au titre de l'expérimentation, de la fiction ou encore de la désappropriation du savoir.

Jacques Derrida avance une thèse : c'est seulement dans l'espace de nouvelles humanités qu'un autre concept de l'homme peut être élaboré. L'institution universitaire d'aujourd'hui, transformée par les nouvelles techniques de communication, d'archivage et de production de savoirs, peut être le lieu de cette élaboration, par la production (performative) d'évènements de pensée et d'oeuvres.

Si aucun des concepts traditionnels du "propre de l'homme" ne résiste à une analyse scientifique et déconstructive, comme l'affirme Derrida (p68), alors la figure de l'homme, cet animal capable de promettre, reste à venir. En transformant, à partir du concept de "crime contre l'humanité", les droits de l'homme et de la femme, on produit un droit où la promesse s'implique toujours plus.