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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
(CinéAnalyse) : En situant les droits humains en position première                     (CinéAnalyse) : En situant les droits humains en position première
Sources (*) :              
Ouzza Kelin - "Les braises de la bouche", Ed : Guilgal, 2007-2016, Page créée le 8 mars 2004

 

Graditude - c'est juste la vie (Leonard de Vinci) -

Le baptême du dieu laïc

   
   
   
               
                       

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Pour répondre à la demande d'un cousin brésilien, Juscelino avait lancé un appel à idées ainsi libellé : En prenant pour hypothèse que le dieu des français existe et qu'il a pour nom "dieu laïc", à quoi ressemble-t-il? Cet énoncé était assez restrictif. Il écartait a priori plusieurs hypothèses qui auraient eu des défenseurs : Que les Français en général n'avaient pas de dieu (même si certains en avaient choisi un), Que si les Français avaient un dieu, il ne pouvait être que chrétien ou judéo-chrétien ou monothéiste pour des raisons historiques, Que les Français ne pouvaient pas avoir un seul dieu pour la bonne raison qu'ils en avaient plusieurs multitudes, en fonction de leurs besoins et de leurs opinions, d'ailleurs les Français étaient devenus païens dans leur immense majorité, voire athées, raison pour laquelle il n'existait nulle part quelque chose pouvait correspondre à cette définition, dieu français ou Dieu Français (l'habitude du Cercle était d'omettre la majuscule, mais ça ne changeait rien au fond du débat), Que le 21ème siècle allait se charger de fabriquer quelques nouveaux dieux sur la base d'autres grands récits qui étaient en train d'émerger, etc etc... Si Juscelino avait laissé la porte ouverte, toutes les opinions se seraient exprimées. Il décida donc de cadrer la discussion dès le premier jour, de la bloquer dans une logique restreinte mais claire pour éviter de tomber dans le républicanisme, la théologie, le mysticisme ou dans quelque autre puits si profond que le Cercle n'aurait pas réussi à s'en extirper... Il fallait lancer le débat au pas de charge. Juscelino avait affiché l'appel pour le lendemain après-midi.

 

 

- OZZY : Si tu veux qu'on s'occupe de ton dieu, laïc ou pas, il faut d'abord que tu lui donnes un nom. "Dieu laïc" n'est pas un nom, et un dieu sans nom n'est ni présentable, ni représentable.

- AÏLÉE : Tu veux qu'on invente un nom? Tu veux qu'on le tire au sort?

- OZZY : Non. Non. Un nom, ça ne s'invente pas. Ça s'impose de soi-même. Il est là quelque part. Il faut le trouver.

- LARISSA : Donner un nom, c'est pas si simple. Tu l'introduis dans le monde des hommes, tu lui donnes une face, une figure.

/ Ce que le langage nomme, ce n'est pas pour se l'approprier, mais pour l'offrir /

- OZZY : C'est pas toi qui le donne, le nom. Tu prends les mots comme ils sont et les idées qui te viennent, et le nom viendra. Un dieu des Français qui ressemble à un dieu laïc? Qui puisse être invoqué par tous? Qui ne dépende ni d'une croyance ni d'une intronisation pour exister? Qui se moque de l'opinion? Qui se laisse, sans indifférence, adorer ou abhorrer? Qui fasse naître la passion et s'accommode de l'ennui?

(Danel) Depuis longtemps, dieu s'est fatigué de l'homme; mais l'homme, lui, ne s'est pas fatigué de dieu.

- JACQUES : Tu brûles les étapes! Les qualités de ce dieu apparaîtront quand il se manifestera en son nom propre.

/ L'homme sans qualités, celui de la Vienne décadente, s'appelait Ulrich. Il vivait en Cacanie, Kaiser & König. Son dieu avait-il un nom? /

- GAËTAN : Pour que la France ait un dieu qui ait un nom, il faudrait qu'elle ait encore sa petite part d'existence, ce qui est pour le moins douteux car elle est déjà fondue à moitié dans l'Europe et à moitié dans le marché mondial.

- GERT : Tu oublies la troisième moitié : le marécage doucereux où s'enfonce le noble citoyen dès qu'il s'asseoit dans son fauteuil pour regarder la télé.

- DICK : Bien entendu. Le dieu des Français est aussi évanescent que la France. Ce n'est pas un dieu réel. Si c'était un dieu réel, on n'en parlerait pas. C'est un dieu de carnaval pour une nation en décapilotade. Mais les créations mentales ne pèsent pas moins lourd que les grands récits nationaux, au contraire. Elles peuvent servir. C'est à nous de créer ce dieu-là, profitons-en!

- OZZY : On le crée pas. On le nomme dans l'espoir de pouvoir le décrire, un de ces jours.

- AÏLÉE : Ça revient au même!

- OZZY : Je propose de retenir pour l'instant un nom provisoire, un nom très large. Par exemple : XXXXXL. Quand tu vois ce nom, tu sais que la chose est inconnue. Pas de tromperie! La marchandise est inaccessible. Elle a les épaules larges. Nombreux ceux qui peuvent s'abriter sous son aile.

/ Il est un réel que la nomination prend en charge; le reste relève de l'art /

- LÉO : Voilà où on en arrive! La protection de la veuve et de l'orphelin!

- JUSCELINO : Ixel?

- SERGUEÏ : Dans Ixel il y a El, le nom traditionnel des divinités, et Ix, le nom traditionnel des inconnus.

- LARISSA : C'est une tautologie!

- DICK : Qu'est-ce qu'il a de français, ce nom?

- NIKITA : Que les dieux français viennent d'ailleurs n'est pas nouveau. La France, sur ce plan, suit l'Europe, car d'où vient Jésus? Et Platon, Socrate, les fondateurs de la philosophie, d'où viennent-il? Ixel est l'anagramme d'Exil; il me convient parfaitement.

- PATRICE : Felix, un nom bien français, c'est Ixel avec un F en plus.

- DICK : Si tu as envie d'un dieu du terroir, pourquoi l'appeler Ixel? Appelle-le carrément Felix! Tu lui donneras une t�ête de chat, tu le nourriras avec des granulés Royal Felin et il ressemblera à ton image.

- GERT : Felix, c'est le nom du bonheur.

- OZZY : Ixel, ça veut dire qu'il manque quelque chose au bonheur.

- MERVYN : F comme Fantasme, F comme Femme...

- GAËTAN : F comme fadaises! Comme foutaises!

- ARMANDO : Ixel ou Fixel, comment imaginer ça? Le nom ne dit rien sur son sexe, sa taille, sa dimension ou sa figure. Il est inimaginable.

/ L'image est fatale, et d'elle naît l'idéal /

- OZZY : : Il n'y a pas de dieu sans mystère. Tu peux inventer un dieu, mais le mystère qui l'entoure, tu ne l'inventera pas. Tu ne pourras jamais le contrôler. Il te dépasse.

- LÉO : Il a quatre tailles de trop pour moi. D'ailleurs, je vais vous dire la vérité, son véritable nom n'est pas Ixel, mais Ixixixixixel; je vous défie de lui chanter une louange, même avec des vocalises aussi hautes que l'église Notre-Dame.

(Danel) Voilà comme ils sont, ils se prennent pour des démiurges, ils oublient qu'ils préparent un défilé de chars pour un carnaval brésilien.

- JOHN : Ah oui. C'est pour ça que tu as fabriqué le nom comme une marque de tee-shirts!

- OZZY : : Il est venu. Il s'est imposé de lui-même, tout seul, sans discussion. Il émerge du néant sans nous expliquer le comment ni le pourquoi. Bienvenue!

- DICK : Moi, votre Ixel ne m'inspire pas. Si ce nom-là est sorti, un autre peut sortir. N'arr�êtons pas là. Continuons à chercher!

- ROLAND : Tu peux chercher, autant que tu veux, mais Ixel est venu à l'être, c'est irréversible, il ne disparaîtra pas.

- JUSCELINO : Le défilé peut aussi bien se faire sans lui.

- LARISSA : Depuis le début de la discussion, je cherche une figure consensuelle, une seule, pour vous la proposer, mais j'en trouve pas.

- LÉO : Tu oublies Zidane et Astérix!

- JUSCELINO : Zidane est lié à une époque. Il n'est pas intemporel. Et Astérix est belge!

- JOHN : Tu l'as dit, le dieu français doit venir de l'extérieur. Vive la Belgique!

- LÉO : Astérixel, amen!

- GAËTAN : Astérixel n'est pas à la hauteur, c'est Astérixixixixixel qui nous convient.

- LÉO : Parfait!

- DICK : Essayons de revoir les choses, de reprendre tout à zéro. J'imagine une troisième possibilité. Y a-t-il un nom existant qui désigne collectivement les Français, qui commence par FR, et qui soit facilement représentable? Oui, il en existe un : Froggy. Ce nom-là est sans droits, on peut s'en servir comme point de départ, en faire ce qu'on veut, en changer l'orthographe ou le sens, le rendre moins british en écrivant par exemple Froguie, c'est le premier pas vers l'universel.

- JAMES : D'accord pour les deux premières lettres, mais pour le reste, on peut trouver mieux : Fric, Frac, Froc...

- SHUTONG : Mon deuxième et mon troisième sont des habits, et mon premier une histoire de flouze.

- RUTH : Qui porte encore des fracs?

- JAMES : Les bandits dans leurs frasques. Fric-Frac! Chacun ses fripes et ses fringues. Nous, on n'a pas la frousse, on met pas les freins.

- RUTH : Je la trouve un peu frelatée, ton histoire.

- PATRICE : Et plutôt fruste.

- NIKITA : Vous délirez. En réalité le dieu des Français n'est pas spécialement français. Il faut le capturer dans son trou, comme Sadam Hussein, et l'exhiber sur toutes les télés.

- NICU : Un nom comme Sadam Hussein serait bien pratique, parce que tout le monde en a entendu parler! Dommage qu'on n'ait rien d'aussi connu chez nous.

- PATRICIA : Le nom doit être neutre, sans aucun trait particulier.

- JOHN : Des noms comme ça, je ne vois que MacDo et Coca-Cola.

- ARMANDO : Ils n'ont rien de neutre.

/ Le neutre, c'est ce qui reste quand tu as rejeté l'inassimilable /

- MARILINE : Qu'est-ce qui se trouve à égale distance de toutes les cultures?

- LORENZO : Le sexe.

- JEANNINE : Il y a des cultures qui rejettent le sexe. Si vous voulez choisir un organe à égale distance de toutes les cultures, j'ai une meilleure idée : l'anus. L'anus n'est pas culturel, contrairement à la bouche. Son angle de vue est toujours le même, quelle que soit la personne, il considère les cultures de très loin.

- DICK : Il a le défaut d'être une partie du corps. Pourquoi se baser sur un organe? Prenons un objet, un objet que tout le monde reconnaît. Un objet simple.

- NADÈGE : Un verre d'eau?

- LÉO : On peut toujours le verser dans le débat.

- DICK : Encore plus simple. A équidistance de tous les autres objets, de tous les hommes, de toutes les cultures.

- CHARLES : N'importe quel objet peut occuper cette place, si tu le prends au hasard.

- ARMANDO : Un objet à équidistance de toutes les cultures, ça n'existe pas. Tout objet est connoté.

- GEMINGA : On retombe toujours sur la même conclusion. Le seul objet qui pourrait occuper cette place serait le rien, le neir, le nada, le nix...

/ Une image pure n'est voulue par personne /

- JACQUES : D'accord. Qui va représenter le dieu Rien?

- GEMINGA : Personne!

- AÏLÉE : Tout tourne autour de ça, la personne, les droits de la personne.

- MARIA : D'où viennent ces droits?

- AÏLÉE : On dit qu'ils sont naturels.

- MARIA : S'ils sont naturels, c'est qu'ils ne tombent pas du ciel. Il y a quelqu'un qui s'est battu pour les obtenir.

- MAX : Battu contre qui?

- MARIA : Ceux qui sont au pouvoir. Ceux qui décident.

- MAX : S'il y a une démocratie, si la société décide de façon pacifique, institutionnelle, souveraine comme on dit, c'est qu'elle croit disposer d'une certaine légitimité. Le voilà notre dieu, l'Octroyeur de Droits!

- JEANNINE : Sauf qu'il existe pas. Tous ceux qui prétendent avoir des droits voudraient bien qu'un tel dieu existe, mais pas de chance, il n'existe pas. Rien ne leur garantit que leurs droits seront là pour toujours.

- ROLAND : Ixel non plus n'existe pas. Pourtant il a un nom et on peut le représenter.

- DICK : On a trouvé le nom d'Ixel, on peut bien trouver aussi le nom de l'Octroyeur de Droits!

- MARIA : Essayons de le définir. C'est un protecteur. Il est le garant ultime de nos droits.

- MAX : C'est lui qui te dit : n'aie pas peur, tu as droit à ça comme au reste.

- MARIA : Je peux le dire moi-même : J'y ai droit!

- JUSCELINO : Rien ne t'en empêche.

- GAËTAN : Tu n'es pas le seul à avoir des droits. Tous les autres, tous tes semblables en ont aussi.

- MARIA : Ils parlent comme moi. Est-ce qu'ils peuvent dire autre chose?

- MAX : Ce n'est pas toi qui peut le dire, qu'ils ont des droits, c'est l'Octroyeur de droits.

- MARIA : Et pourquoi? Je dis ce que je veux. Si je veux dire : Tu y as droit, qu'est-ce qui m'en empêche? Et si tout le monde me croit, quel est le problème?

- MAX : J'y ai droit, tu y as droit, il y a droit, nous y avons droit, vous y avez droit, ils y ont droit. Quel est le point commun?

- MARIA : Tout le monde y a droit.

- MAX : Peut-être, mais pour le moment, on cherche un nom. Le nom est là, dans les lettres. Qu'est-ce que tu as dit? J'y ai droit, Jyad, Tu y as droit, tyad, Il y a droit, iyad, nyad, vyad, iyad, le point commun est yad, c'est-ce pas?

- DICK : Y A des Droits!

- MAX : Ce dieu, je propose de l'appeler Yado. YAD comme Y A des Droits, et O comme la bouche au milieu du visage, car c'est elle qui le dit. Yado est un père de famille. Sa famille est vaste. Il y a le père Iyad, la mère Eyad, les frères et soeurs Jyad et Tyad, les cousins Nyad et Vyad, et au-dessus d'eux, les grands-parents Isyad et Esyad. Sans eux on ne pourrait pas employer le pluriel, dire Ils Y ont Droit ou Elles Y ont Droit. Vaste et merveilleuse famille sans laquelle nous ne pourrions rien revendiquer.

Ainsi continua la discussion. Yado venait d'arriver. Il n'avait pas prévenu à l'avance, mais il avait déjà au moins deux prêtresses dans le Cercle, Aïlée et Marie, et un grand prêtre virtuel, Gaëtan. Il avait aussi son théoricien (Max), quelques admiratrices anonymes et une fidèle servante : Winona.

 


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