Entre ce que Jeannine croit, ce qu'elle pense, les fantasmagories qu'elle imagine, celles qu'elle garde pour elle et celles qu'elle raconte, il n'est pas facile de faire la distinction. Jeannine est quelqu'un qui détruit ce genre de distinction. Ça n'est pas que sa pensée soit spécialement confuse ni naïve, c'est que cette chose qui remonte à l'enfance fait que rien, chez elle, n'est véritablement réel. Son scepticisme la déborde. S'il lui arrive de basculer dans le roman noir ou le sordide, c'est pour remplacer une vraie vie dont les autres parlent mais dont elle connaît l'évanescence. Elle sait, elle, qu'ils sont tous des menteurs. Ils ont tous une petite histoire à raconter pour éviter de dire la vérité.

- O. : Un événement lui procurera une sorte de coup du sort : la mort d'Albert. Elle avait eu du mal à se décider, elle avait commencé une chycalise chez lui (une tentative de plus dans l'espoir de sortir de son univers clos), et voilà qu'il disparaît, ce supposé savant, assassiné par qui?

- Laaqib : C'est une disparition qui fonctionnera comme un trauma. A partir de là Jeannine s'élancera pour de vrai, sa lignée se cristallisera - une lignée impossible, car qui aurait pu imaginer qu'elle aussi, la fille de salle, tout en restant fille de salle, déborderait de sa place?

- O. : Personne, et encore moins Jeannine que les autres.