Derrida
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Laaqib                     Laaqib
Sources (*) : Le lieu de l'Orloeuvre               Le lieu de l'Orloeuvre
Laaqib - "Les propos de Laaqib", Ed : Galgal, 2007, Page créée par le scripteur le 22 février 2001

 

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[Laaqib]

   
   
   
                 
                       

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- Ouzza : En général, pour situer Laaqib, on dit qu'il était l'un des fondateurs. J'ignore s'il faut prendre au sérieux cette affirmation. Dans l'un des récits de fondation du Cercle, qui à cette époque s'appelait encore l'Ellipse, quatre initiateurs sont nommés : Bendito, Georges, Jacques et aussi Albert. Laaqib n'y figure pas, alors qu'il figure dans le récit de Bendito. Ce qui est sûr, c'est qu'avant ces quatre ou cinq qu'on cite habituellement, il y en avait d'autres - et je ne serais pas surpris si, en réalité, le départ avait été exclusivement féminin. En tous cas on raconte souvent que c'est lui qui a trouvé le nouveau nom, l'Orloeuvre, peu avant sa disparition, le 31 décembre 1999 à minuit, heure de Paris. Il s'est effacé dans les brumes en laissant le souvenir de ses petits chapeaux et de sa barbe grise. Il ne reste de son dire et de son faire que des morceaux épars, rares mais suffisants pour entretenir une sorte de légende, un culte modeste, discret mais réel. Voici le petit discours que Guideon aurait prononcé à propos de sa disparition : Ils se connaissaient mal, ils avaient décidé de fêter tous ensemble le passage au millénaire suivant, ils avaient choisi pour ça la cave d’un des leurs, dans le quartier de la Bastille, une vaste salle voûtée et humide où ne se rencontraient habituellement que les bouteilles de Bourgogne avec celles de Médoc. La cave n’était pas électrifiée, ils avaient l’impression de remonter le temps plutôt que de progresser vers l’avenir. L’immeuble était vide, les bougies luisaient dans les courants d’air, la terre battue absorbait les sons, ils n’entendaient pas les clameurs de la rue, ils avaient coupé toute communication avec le monde extérieur, ils n’avaient ni téléphone ni radio ni montre ni horloge ni aucun objet susceptible de leur donner l’heure, ils avaient décidé de franchir entre eux la limite du siècle et du millénaire mais sans la pointer, en l’étalant sur une nuit, sans la vivre comme coupure d’un instant, ils rendaient hommage à la pure parole, ils discutaient. Je ne peux pas restituer exactement ce qu’il a dit, je n’y étais pas. Il a parlé de la rupture qui s’était jouée un siècle plus tôt, vers 1900, un de ses thèmes favoris, la rupture de l’humain disait-il, déjà anticipée; il a dit que le passage de siècle qui comptait le plus était celui-là, celui de 1900, parce qu’alors l’avenir était devenu inconnu, et bien qu’on puisse envisager qu’il dure moins longtemps, il est plus inconnu que jamais. On ne savait pas à quelle distance on se trouvait de minuit, ça faisait partie de la règle du jeu, on devait en détourner l’attention. Pour compenser ce que Laaqib avait dit, quelqu’un cita le fameux verset “Ce qui a été, c’est ce qui sera”, et l’on aurait pu poursuivre ainsi l’échange, mais quelque chose se produisit qui concerne exclusivement Laaqib, et c’est difficile à raconter. La discussion suivait son cours, les agapes étaient modestes, la parole circulait dans la cave, ils avalaient quelques toasts et préparaient l’inévitable champagne. Lui, il a prononcé une autre phrase, et le phénomène a commencé par la voix. Oui, sa voix a commencé par trembler. Elle donnait l’impression d’avoir perdu sa continuité, d’être traversée de hâchures, comme une bande sonore altérée. Seule la fin de ses phrases était encore nette, le début semblait se confondre avec un silence initial. Pour cette raison peut-être tout ce qu’il a dit à ce moment-là a été complètement oublié. Ils ont été plusieurs à se tourner vers lui, intrigués par cette déperdition. Quand le phénomène a affecté son visage, tous les participants étaient alertés et l’observaient avec effroi. C’était un effacement des traits, pas un aplatissement mais une véritable perte des formes et de la figure même du visage, un peu comme dans un tableau de Bacon, vous voyez ce que je veux être? Lui parlait toujours, mais ses phrases étaient devenues inintelligibles. Il n’a pris conscience du phénomène que quand ses mains ont été visiblement affectées. Alors, il a compris et, très rapidement, son corps s’est fondu dans l’espace.

 

 

 

 

Propositions (les têtes de parcours sont entre crochets)

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[(CinéAnalyse) : En fissurant la crypte]

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[(CinéAnalyse) : En donnant à voir et entendre l'expérience de l'impossible]

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[Les baisers sont plus désirables que l'amour]

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Le baiser est comme la voix : un échange de pensées

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Par le baiser, le secret de la langue affleure, sans franchir les limites de la bienséance

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L'homme seul n'a que la voix pour compagne

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Les propos de Laaqib (Laaqib, 2007) [LPDL]

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Récit de la disparition de Laaqib

 


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