Derrida
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Edouard Manet                     Edouard Manet
             

 

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Page créée par le scripteur le 18 juillet 2007.

[A partir d'Edouard Manet (1832-1883), l'homme qui, sans l'avoir voulu, inventa la peinture moderne]

   
   
   
                 
                       

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La place de Manet dans l'histoire de l'art est singulière. Appartenant à une génération coincée entre le réalisme et l'impressionnisme, il a été à la fois les deux et ni l'un ni l'autre (bien que les impressionnistes se réclament de lui et que son frère se soit marié avec Berthe Morisot). Ami de Zola, Baudelaire et Mallarmé (excusez du peu), adepte d'une provocation qui n'était pas chez lui un artefact, trop excentrique pour un bourgeois, trop insolent pour un peintre, amateur de femmes (ce qui finira par lui coûter la vie), passablement inintelligible pour ses contemporains et déjà incompréhensible pour les nôtres, on le connaît pour avoir ouvert une porte qui était aussi une boîte de Pandore, celle de la modernité. Car le cliché qui en fait l'un des pères de l'art moderne reste indétrônable - non sans raison. Les personnages de ses tableaux ne sont jamais absorbés dans leurs tâches. Ils sont confrontés au spectateur qui les regarde - et même, pour décrire les choses franchement, qui les reçoit en pleine figure. L'édifice rhétorique et théologico-politique qui avait jusque là soutenu la peinture s'efface, les normes académiques ne sont pas contestées, mais elles deviennent secondaires. La légitimité du beau, du bien-fait et de l'harmonieux, qu'il n'a probablement jamais pensé contester, est ébranlée. Dès son époque, la liberté qu'il s'octroyait a été interprétée comme du n'importe quoi. C'est cette liberté qui l'a conduit à son fameux Déjeûner sur l'herbe : une femme nue, un tas de vêtements, un panier renversé, un beau parleur, un sacré scandale et beaucoup de commentaires. Quand ses Vénus vous regardent dans les yeux, ses serveuses regardent ailleurs. A la place du fondement vient une disparité interne, une tension à laquelle tout est suspendu, y compris la possibilité même de l'art.

Mais comment en est-il arrivé là? L'homme n'était pas un marginal. Il avait étudié pendant six ans auprès de Thomas Couture, l'un des principaux enseignants de l'époque, qui lui-même avait été l'élève d'Antoine-Jean Gros, lequel avait été l'élève de Jacques-Louis David (excusez du peu). Fils d'une famille plutôt aisée, il héritait d'une longue tradition picturale dont il ne s'est jamais désolidarisé, malgré son républicanisme jamais démenti, y compris pendant la Commune. Il aimait citer, voire réemployer des éléments de tableaux anciens. Pourtant, sa percée dans les années 1862-65 a été accompagnée d'incroyables scandales, qui l'ont toujours pris au dépourvu. Jusqu'à sa mort à l'âge de 51 ans, il n'a jamais renoncé à obtenir une reconnaissance officielle. Ensuite sa réputation n'a pas cessé de grandir, jusqu'aux grandes expositions organisées pour le centenaire de sa naissance (1932) et de sa mort (1983).

Souvent basées sur des lignes verticales et horizontales parallèles au limites du tableau, les toiles de Manet semblent se fermer sur le sujet qu'elles évoquent. Mais cette fermeture est aussi une ouverture (du Manet typique, en somme). Les toiles ne s'unifient pas sous une seule perspective, mais acceptent plusieurs plans, plusieurs scènes, dont aucun(e) n'ouvre sur un espace libre - en ce sens, toutes sont des métaphores de la vie mondaine. Plutôt que de focalisation sur un thème ou un motif, on peut parler de montage. Et c'est là, dans et par cette sorte de montage, que revient l'extériorité.

Edouard Manet s'adresse au spectateur, il veut attirer son attention, et pour cela tous les moyens sont bons : instantanéité de la perception, rapidité de la vision et aussi de la main, regards tournés vers le hors-champ. Il faut qu'il y ait toujours quelque chose qui ne soit pas à sa place. C'est trop bien peint ou pas assez, la facture est déconcertante, elle oblige le regard à se défaire de ses habitudes. Il se sert de ses modèles comme une force de frappe : Olympia (Victorine Meurent) est trop vulgaire, Berthe Morisot trop énigmatique, la serveuse du Bar aux Folies-Bergères doit se débrouiller avec une absence en face d'elle. A force de vouloir impressionner le spectateur, Manet l'entraîne dans un conflit dont il pourrait être la victime.

Faut-il vraiment croire à ces peintures? A quoi? A qui? Et quel est le ressort secret qui les animé? Ce n'est pas à lui de nous donner la clef. Dans son Autoportrait à la palette, sa main est volontairement restée inachevée, comme pour laisser l'avenir ouvert.

Propositions (les têtes de parcours sont entre crochets) :

 


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