Derrida
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Ozzy Gorgo                     Ozzy Gorgo
Sources (*) : L'écranophile en voix off               L'écranophile en voix off  
Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 16 mars 2008

L'écranophile (Ozzy Gorgo, 1988-2019) [Ecrano]

   
   
   
                 
                       

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Il est vrai qu'il m'est arrivé, quelquefois, d'écrire sur des films, mais je ne voudrais pas inscrire cela sous la rubrique "critique de film". Analyser un film d'accord, le décortiquer d'accord, en proposer une lecture ou une interprétation pourquoi pas, mais je n'ai pas de raison particulière de le critiquer. Je ne voudrais pas me poser en donneur de leçons, ni en juge capable de distinguer les "bons" et les "mauvais" films, entre ceux qui méritent le beau nom de cinéma et ceux qui éventuellement ne le mériteraient pas. D'ailleurs je ne sais même pas ce que je fais des films. Je les regarde, je les écoute, et en plus je m'y engloutis, je m'y incorpore. Il ne me semble pas que je sois capable de les voir de l'extérieur. Quand je les commente et que parfois même je publie ces commentaires dans cette feuille de chou, c'est parce que quelque chose en eux m'engage, me mobilise. Le grand intérêt de la chose, c'est qu'en définitive, je sois absolument incapable de dire quoi.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

[Le cinéma est l'art populaire où l'humanité actuelle se forme et s'expose]

[La voix off de l'écranophile]

[(CinéAnalyse) : En déployant les fictions, les croyances, les discours et les codes qui font notre quotidien]

[(CinéAnalyse) : En recueillant ce qui, du secret du secret, a migré vers le cinéma]

[Orlolivre : Se projeter, sans projection]

L'écranophile (Ozzy Gorgo, 1988-2019) [Ecrano]

[Ozzy Gorgo]

To be or not to be (Ernst Lubitsch, 1942) - Allemands et Polonais se combattent, se font la guerre, échangent leurs rôles, et finalement, c'est le Juif qui est sacrifié

Bagdad Café (Percy Adlon, 1987) - Le salut par l'initiative, la compétence et le savoir, venus de l'étranger

La captive (Chantal Akerman, 2000) - Dans une vacuité absolue, il cherche en elle un secret inavouable

Stardust Memories (Woody Allen, 1980) - Là où je signe, j'accepte de mourir, mais là où je ne signe pas, pour longtemps, je suis encore vivant

Zelig (Woody Allen, 1983) - L'identité de celui dont l'identité est de ne pas en avoir est aussi une identité, celle qui oblige à vivre dans l'aporie

L'immoralité paie, si elle est soutenue par le hasard (Match point, film de Woody Allen, 2005)

Il est "minuit à Paris" et la différance, insistante, fait craquer les couples (Minuit à Paris, Woody Allen, 2011)

Burning Days (Emin Alper, 2022) - Nul n'est innocent, il y a toujours un gouffre dans lequel chuter

M.A.S.H. (Robert Altman, 1970) - Au coeur de la plus phallogo-polémo-centrique des comédies, un homme impuissant ressuscite, en paix avec lui-même, après la Cène

Trois femmes (Robert Altman, 1977) : En laissant à la femme silencieuse son lieu, son pouvoir, on peut se dégager des rôles, des stéréotypes sexuels et sociaux

Alma viva (Cristèle Alves Meira, 2022) - "Il faut que je te porte", pour que tu m'ouvres les yeux

Barbara (Mathieu Amalric, 2017) - Une hétérobiographie où, autour du secret préservé de l'autre, prolifèrent les autobiographies

Phantom Thread (Paul Thomas Anderson, 2017) - Le fil invisible, ou la caméra comme hymen

Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, 2021) - Un film où l'acquiescement à l'autre déclenche le mouvement gratuit, imprévisible, de l'"aimance"

Subject to Review (Theo Anthony, 2019) - où la décision juste, crédible, ne repose plus sur le témoignage mais sur la trace calculable

L'Avventura (Michelangelo Antonioni, 1960) - Une aventure vécue en bordure parergonale du monde, dans le manque creusé par une disparition

La Notte (Michelangelo Antonioni, 1961) - La nostalgie d'une extériorité impossible, dont il faut faire son deuil

L'éclipse (Michelangelo Antonioni, 1962) - Un parcours dans les marges où la vie courante, sentimentalo-économique, se dissout, s'efface, s'éclipse

Le désert rouge (Michelangelo Antonioni, 1964) - Dans les marges périphériques où le monde se perd, il n'y a personne pour me porter

Mother! (Darren Aronovski, 2017) - Un Christ déjà mort, sacrifié avant même sa naissance, anéantit l'avenir

Rien ne peut arrêter une femme qui veut démontrer l'impuissance masculine (Boarding Gate, film de Olivier Assayas, 2006)

Personal Shopper (Olivier Assayas, 2016) - Un cumul de dédoublements, d'incertitudes, de flottements, pour un film sans colonne vertébrale qui circule entre les genres

Doubles Vies (Olivier Assayas, 2018) - Dans l'univers vide des lieux communs, le littéraire et le politique font exception, mais sur le mode de la comédie

The Strange Thing About the Johnsons (Ari Aster, 2011) - Pour échapper au jugement, il ne suffit pas que l'autre prenne sur lui tout le poids de la faute

Hérédité (Ari Aster, 2018) - Il aura fallu, pour que le fils prenne la place de l'antéchrist, carboniser le père, décapiter les femmes, réduire le logos en cendres

Pour être juif et laïc, il faut s'adresser à l'étranger qui est en soi (Dieu est grand, je suis toute petite, film de Pascale Bailly, 2001)

Tesnota, une vie à l'étroit (Kantemir Balagov, 2017) - Par les brèches de la famille, les fissures de la communauté, s'insinue une extériorité irréductible

Marriage Story (Noah Baumbach, 2019) : les pleurs de l'homme déchu, en deuil de New York, sa culture, sa sophistication, son théâtre, son épouse et son fils

White Noise (Noah Baumbach, 2022) - La déconstruction ordinaire, sans réponse, ça peut se consommer sans déplaisir, mais pas sans angoisse

Six femmes pour l'assassin (Mario Bava, 1964) - La grande triade de l'art moderne, c'est sexe, sang et mort

Ne croyez surtout pas que je hurle (Frank Beauvais, 2019) - Il faut, pour se débarrasser d'une addiction aux écrans, faire un film

Esterno notte (Marco Bellocchio, 2022) - À l'acmé de la violence, du calcul politique qui voue Aldo Moro au sacrifice, se pose la question de l'au-delà du pouvoir, du politique

Un été avec Monika (film d'Ingmar Bergman, 1953) - Un regard dans le film en appelle au-delà du film à un autre regard qui témoigne d'une alliance oto-biographique

Rêves de femmes (Ingmar Bergman, 1955) - Ce dont je rêve, cela ne peut pas m'appartenir

Le silence (Bergman, 1963) - Ce qui reste silencieux ne peut s'écrire que dans une langue étrangère, intraduisible

Persona (Ingmar Bergman, 1966) - Ce film qui se termine par "rien" déclare, au-delà de tous les simulacres, rôles ou jeux sociaux, la valeur incommensurable de ce "rien"

En parasitant notre perception, la trace d'un film se projette sur d'autres surfaces (En suivant la main droite de Kim Novak in "Kiss me stupid", Pierre Bismuth, 2005)

The last Picture Show (Peter Bogdanovich, 1971) - Le sexe, un pharmakon qui, prétendant compenser ou remédier à la vacuité, creuse un vide encore plus profond

Coma (Bertrand Bonello, 2022) - En espérant que d'une pure intériorité, dans les limbes réticulaires de l'apocalypse, quelque chose pourra surgir

Memories of Murder (Bong Joon-ho, 2003) : "Trouver le coupable, c'est impossible, mais ne pas trouver de coupable, c'est intenable, insupportable"

Parasite (Bong Joon-Ho, 2019) - Il n'y a pas de limite légitime au parasitage, pas de ligne qui ne puisse être franchie

Liliom (Frank Borzage, 1930) - Pour qui aime sans calcul ni condition, sans exiger aucune réponse, un coup peut être ressenti comme un baiser

Pas de plaisir sans timidité, et sans éradication de la timidité [Le plaisir (et ses petits tracas), film de Nicolas Boukhrief, 1997]

Pickpocket (Robert Bresson, 1959) - Jouir d'un vol, dans un désintéressement absolu, pour affirmer simultanément, sans les dissocier, son innocence et sa culpabilité

Les Amandiers (Valeria Bruni-Tedeschi, 2022) - Une série de mises en abyme se recouvrent, s'étendent, s'excèdent, s'imposent comme sources de lecture et d'autorité

Viridiana (film de Luis Bunuel, 1961) - Pour faire la charité, il faudrait déjà être chez soi, et pour offrir l'hospitalité, il faudrait déjà accepter la loi de l'autre

"Mon père, pour moi, était mort dès le départ" (Les lois de la famille, film de Daniel Burman, 2005)

120 battements par minute (film de Robin Campillo, 2017), une tragédie hétéro-thanato-graphique : "Tu es en deuil de toi-même, il faut que je te porte"

Halloween (John Carpenter, 1978) - Insensible, muette, masquée, sans cause ni raison, la figure du mal s'en prend prioritairement à sa propre famille

Une femme sous influence (John Cassavetes, 1972) - Un film-marge, un film-limite, un film-border-line comme Mabel

Hôtel de France (Patrice Chéreau, 1987) - Les pères s'effacent, plus rien ne soutient les fils, il n'y a plus ni sujets, ni amis, ni amants

La violence politique est pire qu'un viol (La Reine Margot, Patrice Chéreau, 1994)

Trop rouge le sang des meurtres, trop politique la douleur du viol, trop beau le film sur la violence ("La reine Margot", film de Patrice Chéreau, 1994)

On peut jouir d'un seul coup, en une seule fois, la jouissance de toute une vie ("Gabrielle", film de Patrice Chéreau, 2005)

Le seul homme qui vaut la peine - "il faut qu'il meure" (La fille coupée en deux, film de Claude Chabrol, 2007)

La La Land (Damien Chazelle, 2016) - Une rencontre fatale et impossible entre deux gardiens de l'inconditionnel

Ashkal, l'enquête de Tunis (Youssef Chebbi, 2022) - Je dois m'immoler par le feu, j'y suis poussé, incité sans but, sans raison, justification ni condition

Retour à Séoul (Davy Chou, 2022) - Du seul moment qui compte, la naissance, on ne peut rien dire ni rien se remémorer

Mes Provinciales (Jean-Paul Civeyrac, 2018) - Les seuls amis qui me restent sont ceux qui ne répondent pas

Goutte d'or (Clément Cogitore, 2022) - En portant l'enfant mort, le voyant fait le deuil de ce qu'il a lui-même été

Possessor (Brandon Cronenberg, 2020) - Qui parasite l'autre prend le risque d'être parasité par l'autre

Le premier film parlant, "Le Chanteur de Jazz" (Alan Crosland, 1927) a pour thème la dissociation voix/corps/identité; il veut faire croire à leur coïncidence impossible

Après tout, ce n'est pas un crime de vouloir rester jeune (La Comtesse, Julie Delpy, 2010)

L'homme au crâne rasé (André Delvaux, 1965) - Pour déchirer la crypte, il faut se sacrifier soi-même, se retirer

Un soir, un train (André Delvaux, 1968) - "Je suis mort.e" ne peut se dire que dans une langue toute autre

Belle (André Delvaux, 1973) - Je dois, pour sur-vivre, me dépouiller de tout ce qui m'appartenait : identité, culture, personnalité, profession, croyances, etc.

S'en fout la mort (Claire Denis, 1990) - il faut, pour excéder la cruauté, recueillir sa force, la transformer sans rien qui puisse la compenser : ni argent, ni amour, ni gain, ni perte

Vous n'y pouvez rien, vos fils vous sont étrangers, même s'ils sacrifient leur coeur pour vous (L'intrus, film de Claire Denis, 2004)

Avec amour et acharnement (Claire Denis, 2022) - Vivre sous la contrainte d'un devoir d'amour, un archi-amour indéterminé, insaisissable

Voyage au début du monde (Manoel de Oliveira, 1996-97) - Le monde ancien se vide

L'étrange affaire Angélica (Manoel de Oliveira, 2010) : l'ange vivant de la mort appelle le photographe, il lui donne accès à un monde sans deuil, ni devoir, ni dette

Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974) - Il n'y a pas qu'une puissance souveraine de l'art, mais deux, qui ne peuvent que naître et mourir en même temps

"Une vie violente", film de Thierry de Peretti (2017) - ou le militantisme comme tragédie sacrificielle

On ne peut se venger que par un fantasme parfait (La tourneuse de pages, film de Denis Dercourt, 2006)

(Se) laisser dire "Je suis morte" n'est pas sans risque! Et si l'on vous croyait (Les fantômes d'Ismaël, film d'Arnaud Desplechin, 2017)

Tromperie (Arnaud Desplechin, 2021) - Une séduction verbale, oblique, indirecte, instaure une liaison trompeuse, décevante, déprimante - mais jouissive

Tout le monde aime Jeanne (Céline Devaux, 2022) - Il vaut mieux, pour se dégager du deuil, choisir le pas de côté qui éloigne du réel

Amira (Mohamed Diab, 2021) - Il suffit d'une goutte de sperme pour que s'efface la fiction d'une appartenance pure, indéniable

Saint Omer (Alice Diop, 2022) - À une exigence de fidélité venue d'ailleurs, des ascendants ou d'Afrique, on ne peut répondre que par un sacrifice, ou à défaut en pleurant

L'utopiste, qui veut tout prévoir, n'attend plus rien de l'avenir (L'An 01, film de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch,1972)

L'homme d'aujourd'hui, ce fantôme, ne sert d'appui que si sa présence s'évanouit (La vengeance d'une femme, film de Jacques Doillon, 1989)

Blonde (Andrew Dominik, 2022) - S'appuyer sur le mythe le plus courant (Marilyn Monroe) pour inventer un autre référent (Norma Jean Baker), tout aussi mythique

La Coquille et le Clergyman (Germaine Dulac, 1928) - Il n'y a rien à attendre de la différence des sexes

Dans le "Hors-Satan" de Bruno Dumont (2011), rien ne permet de prendre ses distances à l'égard des clichés les plus conventionnels

Dans "Camille Claudel 1915" (film de Bruno Dumont, 2012), rien ne transpire du secret de Camille; c'est ce qui fait la beauté irremplaçable du film, et aussi sa faille

France (Bruno Dumont, 2021) - Derrière le regard circulaire du système des médias, il y a des pleurs - impossibles à cacher, étouffer, réprimer, arrêter, surmonter

Sur la route de Madison (Clint Eastwood, 1995) - Je m'adresse à mes enfants pour leur dire : même si ce n'est qu'un rêve, un fantasme, il faut acquiescer

The Lighthouse (Robert Eggers, 2019) - Une force excessive, inquiétante, souveraine, s'impose sans considération ni pour la vie, ni pour la mort, ni pour la crédibilité du récit

"Az én XX. századom" (Ildiko Enyedi, 1989) "Mon vingtième siècle" est double - et je peux jouer, dans le plaisir et la douleur, sur cette duplicité

"Corps et âme" (Ildiko Enyedi, 2017) : Il faut choisir librement ce qui, déjà, en secret, habite nos rêves

L'esprit de la ruche (Victor Erice, 1973) - Ce monde dangereux, il faut le contrôler par l'imagination, s'engager, prendre tous les risques

Les larmes amères de Petra Von Kant (Rainer W. Fassbinder, 1972) - On peut renoncer à la perversion par excès d'amour, demander pardon, mais alors on n'est plus soi-même

La dolce Vita (Federico Fellini, 1960) - Dans un monde qui se déconstruit, il est tentant de se ruer sur les plaisirs, au risque d'aggraver le mal

Huit et demi (Federico Fellini, 1963) - La paralyse - ce temps de fermentation ou de bouillonnement qui est aussi la khôra du réalisateur

Amarcord (Federico Fellini, 1974) - Où une fiction circulaire scelle l'alliance autobiographique du cinéma avec un "je"

Dans "Bird People" (film de Pascale Ferran, 2014), le moineau est la figure médiatrice qui invite à se transformer - en-deça de toute décision et au-delà de toute souveraineté

Tár (Todd Field, 2022) - Un pouvoir uniquement fondé sur l'affirmation charismatique de soi-même se met dans la dépendance absolue d'autrui

Gone Girl (David Fincher, 2014) - Le fantasme d'un calcul de femme qui fait du couple la marionnette d'elle-même

Soleil vert (Richard Fleischer, 1973) - Là où des cadavres se nourrissent de cadavres, ça ne fait plus monde, c'est sans monde

Rengeteg (Benedik Fliegauf, 2003) - [Forest] - Il faut raconter la singularité excessive de l'autre pour faire sentir son altérité infinie

Pour montrer la figure de l'horreur, il faut prendre ses distances, dynamiter les genres ("Valse avec Bachir", film d'Ari Folman, 2008)

Goya, artiste, personnifie les paradoxes et contradictions insurmontables de la modernité (Le fantôme de Goya, film de Milos Forman, 2005)

Que le spectacle commence! (Bob Fosse, 1980) - On ne peut pas se préparer à la mort, tout ce qu'on peut faire, c'est en exiger toujours plus, plus encore que la vie

Il Buco (Michelangelo Frammartino, 2022) - On peut pallier, par l'oeuvre, à la perte d'un regard unique, irremplaçable

Hospitalité (Koji Fukada, 2010) - Une expérience d'hospitalité, même forcée, ça peut faire du bien

"Suis-moi, je te fuis" et "Fuis-moi, je te suis" (Koji Fukada, 2020) - Archi-amour : ce sont tes dettes que j'acquitte, sans condition ni justification, au bénéfice d'un tiers

Athena (Romain Gavras, 2022) - Entre des fraternités inconciliables, il faut choisir; qui tente de les concilier les paralyse, les ignore, détruit la fraternité même

L'Homme qui tua Don Quichotte (Terry Gilliam, 2018) - ce qui, en plus d'un film, reste d'un tournage : le destin bouleversé des acteurs d'occasion

Tres (Juanjo Giménez Peña, 2021) - Pour que du nouveau émerge, il faut une désynchronisation, un décalage, qui relance la dialectique entre l'Autrefois et le Maintenant

Pierrot le fou (Jean-Luc Godard, 1965) - Un collage de phrases mortes qui ne promet rien, n'engage à rien, mais appelle l'adhésion

Masculin Féminin (Jean-Luc Godard, 1966) : Comment mettre en scène la non-réponse de l'autre ?

Deux ou trois choses que je sais d'elle (Jean-Luc Godard, 1967) - S'approprier le corps et la voix des femmes par le proxénétisme du texte et du montage

"Tout va bien" (Jean-Luc Godard, 1972) : le cinéma est l'envers de l'argent, mais il ne peut y avoir de cinéma que s'il l'excède

Passion (Jean-Luc Godard, 1982) - Faire film de l'aporie, c'est-à-dire du désert

En répétant deux fois son nom dans le titre "JLG/JLG", Jean-Luc Godard redouble l'écho de sa propre voix ("Autoportrait de décembre", film de 1994)

Le marchand de Venise, de Shakespeare (Jack Gold, 1980) - En se soustrayant à la logique de l'échange, le Juif perd tout, il est absolument exproprié, y compris de sa propre identité

Birdman, ou La surprenante Vertu de l'Ignorance (film d'Alejandro González Iñárritu, 2014) : "Je suis le pharmakon qui me hante"

"Zidane" (le film de Philippe Parreno et Douglas Gordon, 2006), a pour thème l'omniprésence du corps et de la voix

Winter's Bone (Debra Granik, 2010) - Malgré les échecs, les refus, les démentis, persiste une confiance mystérieuse en l'autre

Leave no trace (Debra Granik, 2018) - Un commandement impératif, absolu, mais qui ne vaut que pour le père, pas pour la fille

Toutes les nuits (Eugène Green, 2001) - Amours et amitiés convergent vers l'unique orpheline, leur destin, leur héritage

Par sa voix, la chanteuse baroque réunit la vie (l'autre vivant) et la mort (sa propre mort) (Pont des Arts, film d'Eugène Green, 2004)

Nul n'est indifférent à sa filiation (Le voyage en Arménie, film de Robert Guédiguian, 2006)

Séjour dans les monts Fuchun (Gu Xiaogang, 2019) : Lier par de longs travelings les lieux fragmentés de la dette, de l'économie et de l'échange - une autre éthique qui vient

L'étreinte du serpent (Ciro Guerra, 2015) - Les traces des civilisations disparues appellent un deuil inarrêtable, une hantise infinie, qu'aucun savoir ne peut effacer

Les Oiseaux de passage (Ciro Guerra, Cristina Gallego, 2018) - Où le cycle de la dette est corrompu, ruiné, asservi aux commerces de la drogue et du cinéma

Il faut, quand le phallocentrisme se désagrège, "rester vertical" sans la prothèse d'une érection, sans le prétexte d'un ordre social (film d'Alain Guiraudie, 2016)

The Lost Daughter (Maggie Gyllenhaal, 2021) - S'auto-punir en s'emparant, par un geste de cruauté impardonnable, de la poupée perdue d'une petite fille abandonnées

Earwig (Lucile Hadzihalilovic, 2021) - Dans un film-cauchemar, la petite fille se retire après avoir payé le prix des blessures, cicatrices et souffrances que les autres se sont infligées

Senses 1 & 2 (Ryusuke Hamaguchi, 2015) - Il reste aux femmes qui se retirent de la domination masculine à vivre dans l'incertitude

Asako I et II (Ryūsuke Hamaguchi, 2018) : quand l'amour se décide, la trace se retire, elle s'efface - il faut plonger dans l'incertitude

Entre tous les passés et les futurs possibles, il est impossible de trancher (L'immeuble Yakoubian, film de Marwan Hamed, 2005)

Si la mémoire de la guerre d'Algérie se transmet, c'est par des traumas qui restent secrets, inavoués (Caché, film de Michael Haneke, 2005)

Onoda (Arthur Harari, 2020) - Où la folie souveraine se réalise comme fantasme d'invincibilité

The Wicker man (Robin Hardy, 1973) - En-deçà du christianisme, le sacrifice humain fait retour

The Unbelievable Truth (Hal Hartley, 1989) (L'incroyable vérité) - Une rupture dans la chaîne d'endettement, ça rend libre, il est incroyable que ça puisse arriver

Aguirre, la colère de Dieu (Werner Herzog, 1972) - L'auto-affirmation d'un fantasme de souveraineté solitaire sans monde, ni légitimité, ni crédibilité

Fitzcarraldo (Werner Herzog, 1982) - Où l'économique et l'anéconomique se brouillent et se confondent dans la même démesure, la même circularité fantasmagorique

Le nazisme ordonne aux fils d'assassiner leurs pères et condamne les enfants à suivre leurs pères dans la mort (La Chute, Oliver Hirschbiegel, 2004)

La maison du Dr Edwardes (Alfred Hitchcock, 1945), ou comment fabriquer l'homme qu'on aime

Vertigo (Alfred Hitchcock, 1957) - Tu es morte, ton monde a disparu, il faut que je te porte

Pas de printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964), ou comment s'emparer d'une femme, la posséder par son secret, la garder par sa guérison - et surtout dérober son monde

Il Caso Valdemar (Gianni Hoepli & Ubaldo Magnaghi, 1936) - Le "mourir" de Valdemar, suspendu pendant 7 mois, est encadré par deux énonciations impossibles : "Je suis mort"

The Souvenir Part I et II (Joanna Hogg, 2019-2021) - Il est impossible d'arrêter le mouvement de la mimesis

"Gens de Dublin" ou "The Dead" (John Huston, 1987) - le film qui fait entendre la phrase : "Je suis mort"

Traité de bave et d'éternité (Isidore Isou, 1951) : Le cinéma est un art discrépant, où sons, images, significations, etc., quoique simultanés, ne parviennent pas à s'accorder

Après tout, malgré tout ce qu'on prétend, il n'est pas impossible d'être père! (Broken flowers, film de Jim Jarmusch, 2004)

Paterson (Jim Jarmusch, 2016) - La poésie qui reste, c'est le don d'une page vierge où écrire son secret

I wish I Knew, histoires de Shangaï (Jia Zhang-Ke, 2010) - Il n'y a pas une histoire de Shangaï, mais des histoires divergentes, dont aucune ne conduit au présent d'aujourd'hui

Valérie et la semaine des miracles (Jaromil Jireš, 1970) - Une virginité toute autre, d'avant toute virginité

One night stand (Emilie Jouvet, 2006) - Les deux mots hymen et lesbienne riment, ils s'aiment

Bad Luck Banging Or Loony Porn (Radu Jude, 2021) - Se débarrasser de l'obscène, le cacher, éviter de le rendre public, telle est la morale dont il faut prendre le contre-pied

In my room (Ulrich Köhler, 2018) - Ne regrettons pas ce monde disparu, et ne le reproduisons pas

Il faut préserver le rapport sexuel, car c'est le seul rempart contre un ennui mortel ("L'ennui", film de Cédric Kahn, 1998)

Le goût du ciment (Ziad Kalthoum, 2017) - Du vacarme de la guerre, on ne peut rien dire : elle ne répond pas

La fiancée du pirate (Nelly Kaplan, 1969) - Porter à l'excès la logique de l'échange pour faire un pas au-delà, le dernier pas, indifférent à l'échange

Je veux juste en finir (Charlie Kaufman, 2020) - À tout ce qu'on voulait faire de moi, j'ai acquiescé, mais on ne peut pas m'empêcher de dire "je"

"L'homme sans passé" (Aki Kaurismäki, 2002) - Par la grâce d'une amnésie purificatrice qui annule les fautes, innocente, immunise du passé - on peut recevoir le pardon

Voyage à Yoshino (Naomi Kawase, 2018) (Vision) - Qu'il est beau ce pharmakon! Qu'elle est belle cette apocalypse!

Un tramway nommé désir (Elia Kazan, 1951) - Un monde s'en est allé, il n'en reste rien d'autre que cette femme, la folle, l'exclue, qui ébranle à jamais "notre" monde

L'Arrangement (Elia Kazan 1969) - Plutôt que ce qu'on m'impose, je préfère être ce que je respecte vraiment, moi-même, rien

Le Cameraman (Buster Keaton, 1928) - Le cameraman le plus crédible, le plus digne d'amour, c'est celui qui filme pour rien, sans projet ni intention

Le film d'Abdellatif Kechiche, "La vie d'Adèle" (2013), montre une bouche-hymen qui mange, lèche, suce, jouit, parle, enseigne et pleure - sans réussir à vivre

Dans ce monde de médusation générale, nous flottons ("Les Méduses", film de Etgar Keret et Shira Geffen, 2006)

Avec la Shoah, la vie s'est arrêtée : il ne reste plus que des survivants (Etre sans destin, film de Lajos Koltai, 2006)

The Third Murder (Hirokazu Kore-Eda, 2017) - Le jugement final, c'est que nul ne peut témoigner de la vérité

Une affaire de famille (Hirokazu Kore-eda, 2018) - Esquisse d'une autre éthique

Compartiment N°6 (Juho Kuosmanen, 2021) - Un désir unique, singulier, déclenché par la rencontre improbable, indécise, de deux solitudes

On ne paie jamais pour ses propres fautes, mais pour celles d'un autre (Shozukai, film de Kiyoshi Kurosawa, 2012)

Vers l'autre rive (Kiyoshi Kurosawa, 2015) - Il faut, pour un deuil, partager la mémoire, la parole, le corps et les secrets du mort

Le secret de la chambre noire (Kiyoshi Kurosawa, 2016) - En photographiant ceux qu'on aime, on les tue, et ce meurtre déclenche une cascade de culpabilité, de folie et de mort

L'idiot (Pierre Léon, 2008) - La souveraine innocence de l'amour inconditionnel face à la femme bafouée, envoûtante, souveraine elle aussi, qui calcule son plaisir

On peut mettre en film le pur plaisir d'être une femme ("Caramel", de Nadine Labaki, 2006)

Capharnaüm (Nadine Labaki, 2018) - On ne peut répondre à la cruauté, inexplicable et injustifiable, que par un au-delà de la cruauté, tout aussi inexplicable et injustifiable

Le testament du docteur Mabuse (Fritz Lang, 1933) : Ce qui nous relie à un film ressemble au cordon ombilical : un flux sonore continu qu'il ne faut surtout pas couper avant la fin

Shoah, le film de Claude Lanzmann (1985) témoigne de l'impossibilité du deuil

Le genou d'Ahed (Nadav Lapid, 2020) - Quand le consentement meurtrier, banalisé, ne dérange plus personne, la responsabilité devient un danger mortel

Pandora (Albert Lewin, 1951) - Aporie de l'amour inconditionnel : en exigeant le sacrifice de tout autre intérêt, il se soumet à une condition irréalisable, mortifère

Boyhood (Richard Linklater, 2014) - Entre une vie, un récit, une fiction, les bordures sont vivantes : incertaines, changeantes, imprévisibles

Dans le film de Barbara Loden (1970), Wanda, déliée de toute dette, reste paralysée au bord de l'inconditionnel

Camille (Boris Lojkine, 2019) - "Il faut mourir vivant", dit la photoreporter - il en résulte, pour l'autre, un film et d'autres traces

My Joy (Sergueï Loznitsa, 2010) - Un pouvoir qui oblige à décliner son identité jusqu'à la perte totale du nom - c'est le mal radical

American Graffiti (Georges Lucas, 1973) - Entre montée du droit au plaisir et épuisement d'un certain humanisme

Il arrive qu'une famille divisée s'unisse - mais pour le malheur (Family Business, film de Sidney Lumet, 1989)

Demain et tous les autres jours (film de Noémie Lvovsky, 2017) : "Dans sa folie, ma mère m'a fait le plus beau des dons : l'exigence d'une responsabilité infinie"

Les Misérables (Ladj Ly, 2019) - Le souverain de banlieue, ce jeune (lionceau) incontrôlable, introduit l'imprévisible, l'incalculable, dans le lieu clos de la cité

Le destin de Laura Palmer ne diffère pas de celui des autres personnages : morts, mais toujours présents (Twin Peaks, série de David Lynch, 1989-90)

Dans "Lost Highway" (film de David Lynch, 1997), une figure de défilement routier fait le lien entre les éléments d'un récit dont la diffraction est irréductible

Blue Velvet (David Lynch, 2001) - En rêve ou en fantasme, je reste engagé, inconditionnellement, envers l'autre : son monde est anéanti, il faut que je la porte

My dinner with Andre (Louis Malle, 1981) - Je voudrais apprendre à vivre, enfin

Vanya on 42nd Street (Louis Malle, 1994) - Ni fiction, ni documentaire, ni théâtre, ni cinéma, ni genre déterminé - aporétique comme la mort

L'aventure de Madame Muir (Joseph L. Mankiewicz, 1947) - Le spectre qui aura porté en soi un autre livre, il vaut mieux l'oublier

On murmure dans la ville (Joseph L. Mankiewicz, 1951) - Une pure amitié qui ne repose sur aucune justification, sur aucun intérêt commun

Nul ne dispose d'un héritage, pas même son propriétaire ni son spectre ("Guêpier pour trois abeilles", film de Joseph Mankiewicz, 1969)

Manhunter (Michael Mann, 1986) (Le sixième sens) - Pour jouir du regard, il faut tuer

Ayer maravilla fui (Gabriel Mariño, 2017) - Chaque jour ton corps change, tu es la même personne sans l'être et tu peux te réveiller tout.e autre

La Jetée (Chris Marker 1963) - L'instant pour moi le plus décisif, celui dont je désire le retour avec le plus d'intensité, c'est celui de "ma mort", que je n'ai pas vécue

La ciénaga (Lucrecia Martel, 2001) - Une désagrégation où l'humain, dans son opposition chimérique à l'animal, se déconstruit lui-même

La Sainte Fille (Lucrecia Martel, 2004) - Il ne s'agit pas d'infliger au fautif une punition, mais de pardonner pour sauver - en se sauvant soi-même

Le pharmakon s'exhibe ("Bleu Remix", de Yann Marussich, 2007)

Milla (Valérie Massadian, 2017) : une alliance réitérée : "La vie le mort" / "le mort la vie"

Paul Sanchez est revenu! (Patricia Mazuy, 2018) - On ne peut ni s'approprier une signature, ni usurper un nom innocemment

The Banshees of Inisherin (Martin McDonagh, 2022) - Faire payer à l'autre l'écart entre vie courante et œuvre, entre survie et sur-vie

Papicha (Mounia Meddour, 2019) - Pour résister aux pulsions de mort, de cruauté, il faut la pure gratuité de l'ornement féminin

Aujourd'hui les pères sont des losers, il est temps qu'ils disparaissent pour laisser la place au père idéal - c'est-à-dire mort (American Beauty, film de Sam Mendes, 1999)

Le capitaine Volkonogov s'est échappé (Merkoulova et Tchoupov, 2021) - Pour se sauver, il faut affronter l'impardonnable

Truman Capote prétendait sauver les tueurs; il n'a même pas réussi à se sauver lui-même (film de Bennett Miller, 2005)

Un frère mort, disparu, peut gouverner une vie et peut aussi induire une philosophie ("Un secret", film de Claude Miller, 2007)

L'Éloge du rien (Boris Mitić, 2017) - Une voix parle au nom du Rien (comme si tous les riens, la multiplicité des riens, ne pouvaient se rapporter qu'à ce Rien unique, en ruine)

"Nous sommes sortis de l'ère de l'abandon, espérons que nous rentrons dans l'ère de l'hospitalité" (Les Noces de Dieu, film de Joao Cesar Monteiro, 1999)

Mémoires d'un Juif tropical (Joseph Morder, 1984) - Il aura fallu dire "Je suis mort" pour que commence la vie en plus, la vie supplémentée par l'oeuvre, plus que la vie

L'arbre mort (Joseph Morder, 1987) - Pour faire un couple comme pour faire un film, il faut multiplier les deuils

On ne me propose plus qu'un seul chemin, celui du bavardage vide (Palombella Rossa, film de Nanni Moretti, 1989)

Un avenir radieux (Nanni Moretti, 2023) - Acquiescer à la perte de mondes suppose de perdre aussi une part de soi; un quasi-suicide qui conditionne la possibilité de continuer à vivre

Mother, I Am Suffocating. This Is My Last Film About You (Lemohang Jeremiah Mosese, 2019) - J'ai une patrie, mais ce n'est pas la mienne

Le syndrome asthénique (Kira Mouratova, 1990) - Affirmer son soi par destruction du propre

Passions (Kira Mouratova, 1994) - Il faut des femmes imprévisibles, illogiques, irrécupérables, pour créer entre les mondes d'autres liens

R.M.N. (Cristian Mungiu, 2022) - Accueillir l'étranger, c'est ce qui peut déclencher la haine la plus insensée, le rejet le plus délirant

Au crépuscule du cinéma muet, "L'Aurore" (film de F. W. Murnau, 1927) marque dans le même mouvement l'apologie de l'amour et l'apogée de la beauté adhérente en art

Climax (Gaspar Noé, 2018) : la version hip hop du Geschlecht, sa corruption et sa dislocation

Lux Æterna (Gaspar Noé, 2019) - Où l'on laisse à voir et entendre que tout film est fondé sur le sacrifice de la femme par des morts-vivant

Vortex (Gaspar Noé, 2021) - Mourir déjà mort (ou presque), sans laisser de trace, altère la possibilité du deuil

Memento (Christopher Nolan, 2000) : "Il faut que tu te souviennes, même si, dans la pure présence, tu ne peux te souvenir que de rien"

Inception (Christopher Nolan, 2010) - Il faut, pour surmonter sa culpabilité, faire l'expérience de l'impossible

Tenet (Christopher Nolan, 2020) - Là où ça décide, dans l'avenir, bénédiction et malédiction se confondent

Last Words (Jonathan Nossiter, 2020) - Au final, c'est le cinéma qui détient le dernier mot, car au-delà de toutes les destructions, il porte encore la promesse

Pour un homme, faire jouir une femme est un plaisir sans limite; on peut tout donner pour cela, y compris son sexe, sa vie ("L'Empire des Sens", film de Nagisha Oshima, 1976)

Huit Femmes (François Ozon, 2002)

L'amant double (François Ozon, 2017), ou : "Je suis double mais l'autre en moi, mon jumeau, est déjà mort" - un dédoublement qui ne franchit pas la limite du "deux"

Les mystères d'une âme (Georg Wilhelm Pabst, 1926) : un film muet qui, par excès de pédagogie, refoule ce qui, à même le cinéma, mobilise l'inconscient

Adieu (Arnaud des Pallières, 2003) - Sans hospitalité, il n'y a ni promesse, ni altérité, ni avenir

Godland (Hlynur Palmason, 2022) - Quand s'effondrent les limites, les parerga, rien ne peut arrêter la violence originelle, inouïe

Trois visages (Jafar Panahi, 2018) - Tout commence par un appel, "Je suis morte" : pour que le visage qui précède introduise à celui qui, déjà passé, reste à venir

Aucun ours (Jafar Panahi, 2022) - En jouant son propre effacement, le réalisateur revendique et assume sa responsabilité

Decision to Leave (Park Chan-wook, 2022) - Un fantasme de flic où les fautes, les crimes et les trahisons se déplacent, se croisent et se neutralisent, sans jamais s'annuler

Même en l'absence de deuil, je porte en moi le monde de l'autre : "C'est l'éthique même" (Une belle fin, film de Uberto Pasolini, 2013)

Sur l'Adamant (Nicolas Philibert, 2023) - Brouiller les frontières de la folie : une tentation nécessaire, souhaitable, utopique et irréalisable

Joker (Todd Phillips, 2019) - A la puissance démesurée des financiers et des médias, l'exclu ne peut répondre que par une autre force exceptionnelle : le rire du clown

Le locataire (Roman Polanski, 1976) - Le défaut absolu d'hospitalité conduit à la folie, au suicide

Les Chaussons rouges (Powell/Pressburger, 1948) - Il n'est d'art pur que régi par une puissance souveraine ayant tous les droits, y compris de détruire les conditions de sa survie

"Hatufim" (série israëlienne de Guideon Raff, 2010-2012) - Par sa perte absolue d'identité, la situation du prisonnier de guerre radicalise celle du soldat

Leonor will never die (Martika Ramirez Escobar, 2022) - Une grand-mère pour toujours sur le point de mourir, sans franchir le pas

Le diable n'existe pas (Mohammad Rasoulof, 2020) - Refuser la peine de mort exige un engagement démesuré, illimité, incompatible avec quelque transaction que ce soit

First Cow (Kelly Reichardt, 2019) - Au-delà de tout calcul, une promesse d'amitié peut enjamber deux siècles

Showing Up (Kelly Reichardt, 2022) - Un cinéma brut pour un art horizontal, au plus proche de la terre et des tracas quotidiens

Trás-as-Montes (Antonio Reis & Margarida Cordeiro, 1976) - "Il faut que je te porte", dit la terre - et tu répéteras le cycle

Dans "Le bled" (1929-30), Jean Renoir détourne le contexte colonial pour glorifier le sentiment amoureux

Dans "La règle du jeu", film sur l'égalité, Jean Renoir montre un bouc émissaire qui pourrait être n'importe quel homme

Ce que j'ai de plus singulier a déjà été dit par la voix la plus courante : celle de la chanson ("On connait la chanson", film d'Alain Resnais, 1997)

"La belle Noiseuse" (film de Jacques Rivette, 1991) démontre l'impossibilité de l'art, et creuse son tombeau

Il aura fallu, pour entendre le témoignage de l'autre, donner la mort au Christ muet ("L'ornithologue", film de João Pedro Rodrigues, 2016)

Le rayon vert (Eric Rohmer, 1986) - Pour qu'advienne le "oui", il faut se laisser aller à un cheminement vide, vacant, et implorer

Heureux comme Lazzaro (Alice Rohrwacher, 2018) - Tu répondras à l'autre, dans l'irresponsabilité la plus absolue

Dans le film "Manifesto", de Julian Rosefeldt (2015), c'est l'art en personne qui déclare, à travers ses manifestes : "Sauf l'art, rien ne peut être sauvé"

Mon père est si complaisant à l'égard du nazisme que je ne peux faire autrement que de me tuer moi-même ("Allemagne année zéro", film de Roberto Rossellini, 1948)

Voyage en Italie (Roberto Rossellini, 1954) - Pas d'union d'un couple, d'amour, de famille, sans se confronter aux traditions et à la mort

Généalogies d'un crime (Raoul Ruiz, 1996) : monstrueux le fils obligé d'assassiner une mère déjà morte, un père déjà suicidé, au prix de sa vie

Les Diables (Ken Russel, 1971) - Il s'agit, sous l'apparence de la transgression, de sauver la distinction tranchée qui oppose le bien au mal

Uncut gems (Benny and Josh Safdie, 2019) - L'argent-voyou, qui semble exonéré et exonérer de toute dette, appelle la chance et porte la malédiction

Mariana (Marcela Said, 2017) "Vous êtes tous des criminels, je veux bien vivre parmi vous, mais je ne vous ferai pas d'enfants"

La Montagne (Thomas Salvador, 2022) - Laisser venir l'hybride à même le corps, hors discours

En liberté (Pierre Salvadori, 2018) - L'innocence exige une réparation aussi grandiose ou monstrueuse que la faute - et aussi le retour à l'ordre et à la loi

"Invasión" (Hugo Santiago, 1969) - Où la liberté la plus absolue et l'inconditionnalité la plus pure rejoignent la clôture la plus close

"Le ciel du Centaure" (Hugo Santiago, 2015) : un film qui, pour se faire Œuvre de cinéma, doit être lu, entendu, expliqué, transmis, interprété, admiré

City of Hope (John Sayles, 1991) - Jamais les excuses ni les regrets ne sont à la hauteur du mal fait

Lone Star (John Sayles, 1996) - Où l'inceste, étranger à la chaîne des dettes et des corruptions, peut sembler réparateur

Désordre (Cyril Schäublin, 2022) - La double exigence du balancier, entre incalculabilité du travail et calculabilité universelle

Music (Angela Schanelec, 2023) - Au-delà de la tragédie, du destin, il est possible de transmuer la dette

First Reformed (Paul Schrader, 2018) - Quand le monde se délite, il faut préserver l'ultime courage : porter l'enfant à naître

The Card Counter (Paul Schrader, 2021) - Pour un crime sans borne ni mesure, il n'y a pas d'expiation ni de compensation possible

Le Vénérable W. (Barbet Schroeder, 2017) - à la jonction, incalculable, du mal et du politique

Leto (Kirill Serebrennikov, 2018) - Dans leur bulle, inutiles et irrécupérables, les héros de la scène rock sont plus moraux encore que la moralité

La femme de Tchaïkovsky (Kirill Serebrennikov, 2022) - Un film sur l'amour : pas l'amour fou, mais l'amour en tant que fantasme, folie

La mort de Louis XIV (Albert Serra, 2016) - Seul un autre peut dire, à la place du "je" souverain : "Moi, je suis mort"

La collision de mondes clos n'ouvre ni avenir, ni survie (Ajami, film de Scandar Copti et Yaron Shani, 2010)

Alcarràs aka Nos Soleils (Carla Simon, 2022) - Notre monde s'effondre, il n'y a personne pour nous porter et nous ne savons pas nous porter nous-même

"Written on the wind" (Douglas Sirk, 1956), ou comment écrire ce qui ne peut se dire ni en paroles, ni en images, mais seulement sur du vent, dans l'évanescence d'un film

Le mirage de la vie (Douglas Sirk, 1959) - Il faut soit sacrifier les mères pour laisser vivre les filles, soit sacrifier les filles pour que les mères puissent vivre selon leur désir

Le film "Effets secondaires" de Steven Soderbergh (2013) est construit pour qu'on ne puisse en tirer aucune conclusion définitive : un thriller aporétique

Let them All Talk (Steven Soderbergh, 2020) [La grande traversée] - Entre l'œuvre, la vie, la mort, la frontière reste indécise

L'Arche russe (Alexandre Sokourov, 2002) - L'oeil invisible qui, en voix off, scrute l'histoire de la Russie

Rencontres du troisième type (Steven Spielberg, 1977) - D'où reviennent les morts, au-delà de l'être, c'est là qu'il faut aller

Le Graal est une autre identité, une identité d'ailleurs (Indiana Jones et la dernière croisade, film de Steven Spielberg, 1989)

La position du père étant devenue intenable, on ne peut faire semblant de la tenir qu'au prix d'une permutation avec le fils ("Hook", La revanche du capitaine Crochet, Spielberg, 1992)

Nous sommes protégés par une immunité quasi-miraculeuse, qui tombe du ciel (La guerre des mondes, film de Steven Spielberg, 2004)

Ready Player One (Steven Spielberg, 2018) - Un film ne peut se présenter comme réel, virtuel, fantastique ou autre que parce qu'il est indiciel, indicatif

The Fabelmans (Steven Spielberg, 2022) - Un film, dans le film, révèle une vérité dont il témoigne par le montage

Passe-montagne (Jean-François Stévenin, 1979) - Dire oui à l'amitié - jusqu'à bâtir l'oiseau de bois, au confluent de la combe magique

Mariken van Nieumeghen (Jos Stelling, 1974) - Plus la transgression est excessive, et plus elle reconduit le cycle de la dette

Dieu existe, son nom est Petrunya (Teonia Strugar-Mitevska, 2019) (God Exists, Her Name Is Petrunija) - Tragi-comique, scandaleux, inéluctable, l'événement qui fait de Dieu une femme

"It must be heaven" (Elia Suleiman, 2019) - Puisque le monde ne répond plus, je ne peux l'interroger qu'en parfait étranger, par le langage pur du cinéma

Le lion est mort ce soir (Nobuhiro Suwa, 2018) - Au cinéma, l'impossible, c'est jouer sa propre mort

Solaris (Andreï Tarkovski, 1972) : une allégorie de la traduction du monde en film ou du film en monde

Stalker (Andreï Tarkovski, 1979) - "Viens!" dit le lieu sans vérité, sans contenu, qui en appelle aux croyances sans les déterminer

L'Horloger de Saint Paul (Bertrand Tavernier, 1974) - quand la mise en acte d'une justice inconditionnelle, non négociable, appelle une solidarité sans réserve

La mort en direct (Bertrand Tavernier, 1980) ou l'œil-caméra comme système d'aveuglement, qui ne fonctionne que pour mettre à mort ce qu'il filme

N.Y. N.Y. (Francis Thompson, 1957) - La figuration la plus artificielle possible de la différance

Hors Normes (Eric Toledano et Olivier Nakache, 2019) - Au vivant étranger au monde commun de la biopolitique, on ne peut répondre que par l'exception : "Je dois te porter"

Adam (Maryam Touzani, 2019) - Le regard d'une petite fille sur une hospitalité qui oblige, dans un monde où le nouveau-né doit être abandonné

Le Bleu du Caftan (Maryam Touzani, 2022) - Nettoyer, dans un pur linceul, la crainte et la culpabilité

Douze mille (Nadège Trebal, 2019) - Sans une autre économie, un autre type d'alliance et d'altérité, il ne peut pas y avoir de compte juste

Julie (en 12 chapitres) (Joaquim Trier, 2021) - Il faut garder l’avenir ouvert, sans préjuger de ses conséquences ni s’enfermer dans une définition préalable du bien et du mal

Venez voir (Jonas Trueba, 2022) - "Tu dois changer ta vie!" - mais attention à la fausse couche...

Tirez sur le pianiste (François Truffaut, 1960) - En racontant la vie d'un autre, je transgresse l'impossibilité de raconter ma propre mort

Fahrenheit 451 (François Truffaut, 1966) - Il faut, pour sauver les livres, sacrifier et sa mort et sa vie, mourir pour que vive l'à-venir des livres

La chambre verte (François Truffaut, 1978) - Perpétuer le deuil comme tel, en jouir, c'est le nier : en s'appropriant les morts, on exerce sur eux pouvoir et souveraineté

Notre époque ne peut imaginer d'autre salut que le plaisir comme bien public (Barbarella, film de Roger Vadim, 1968)

Sans signe particulier (Fernanda Valadez, 2019) - Quand le mal radical répond, c'est dans la langue intraduisible d'un sacrifice irréversible

"Il faut œuvrer", à condition que l'œuvrance reste suspendue à l'indécision ("Good Will Hunting", film de Gus Van Sant, 1997)

Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962) - Il aura fallu, pour commencer à vivre, un événement qui s'ajoute à l'implacable écoulement du temps

Un soupçon d'amour (Paul Vecchiali, 2020) - "Il faut que je te porte" - à l'adresse d'un mort, cette phrase est mortifère

Showgirls (Paul Verhoeven, 1995) - Sexe et pouvoir, à l'état nu, se montrent indissociables

Dans l'"Homme à la caméra" (1929), Dziga Vertov met le leurre cinématographique en œuvre tout en le tenant à distance, le démontant et le déconstruisant

Festen (Thomas Vinterberg, 1998) - S'agissant d'inceste, la confession passe par l'autre

Drunk (Thomas Vinterberg, 2020) - L'alcool peut aussi, parfois et sans prévenir, se faire pharmakon

Les Damnés (Luchino Visconti, 1969) - Avec les nazis, ces bouchers de la filiation, Gewalt (violence) et Geschlecht (génération) sont indissociables

Les nazis sont arrivés au pouvoir car le vieux monde s'était déjà effondré (L'ange bleu, film de Josef von Sternberg, 1929-30)

Au cinéma, la voix pure, séparée du corps, est porteuse de sainteté ("Breaking the Waves", film de Lars Von Trier, 1996)

Dans le film "Melancholia" de Lars von Trier (2011), il y a quelque chose de nazi : l'entrée en scène d'un monde absolument dépourvu d'avenir

L'hypersensibilité tragique d'Edvard Munch est l'écho de notre époque (La Danse de la vie, film de Peter Watkins, 1974)

Oncle Boonmee (Apichatpong Weerasethakul, 2010) - Il s'est souvenu d'autres vies et d'autres mondes qu'il a portés; un autre vivant surviendra, peut-être, pour les porter à nouveau

Menashe (film de Joshua Z. Weinstein) : "Dès que je m'efforce de la respecter, la loi défaille"

Aftersun (Charlotte Wells, 2022) - Le fantasme autobiographique de la présence du père

Everything will be fine (Wim Wenders, 2015) - Vivre avec la contre-signature de l'autre

X (Ti West, 2022) - Un film de genre(s) où la réduction du désir à un pur objet filmique présuppose la mort du réalisateur

Revoir Paris (Alice Winocour, 2022) - Mourir une deuxième fois, vivante, pour une autre alliance, plus porteuse d'avenir

Les Heures sombres (Joe Wright, 2017) - Les décisions majeures s'imposent d'elles-mêmes; aucun calcul, raisonnement ni intérêt ne suffit à les justifier

Les étendues imaginaires (Siew Hua Yeo, 2018) - Un monde clos dont les bords ne s'étendent qu'au prix d'une étrange et incontrôlable transformation

Belle Epine (Rebecca Zlotowski, 2010) - Se faire orpheline, exposée au danger, pour que s'invente une autre alliance

Rebecca Zlotowski montre dans son film "Planétarium" (2016) qu'au cinéma, la surenchère du "Je suis mort" ne s'arrête jamais

"Puisque je suis déjà mort, je n'ai pas d'autre solution que de disparaître", se dit le petit Aliocha dans "Faute d'amour", film d'Andreï Zviaguintsev (2017)

 


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