Derrida
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 15 octobre 2005

 

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On peut jouir d'un seul coup, en une seule fois, la jouissance de toute une vie ("Gabrielle", film de Patrice Chéreau, 2005)

   
   
   
                 
                       

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Ils s'appellent Jean et Gabrielle. Ils sont représentés dans un milieu bourgeois, somptueusement riche, mais ça n'a aucune importance. Ils auraient pu habiter un bidonville de Caracas ou une banlieue du Caire, l'histoire aurait été exactement la même. La sophistication du décor n'a pas d'autre but que d'illustrer la complexité des sentiments. Si Chéreau a voulu faire un film sophistiqué, c'est parce que, selon lui, les sentiments humains sont inextricables. C'est un hommage à la complexité humaine, et qu'elle fasse de temps en temps retour dans un film un peu exagérément construit ne fait pas de mal.

Y a-t-il de l'amour entre eux? Gabrielle prétend qu'il n'y en a pas, et lui admire sa femme (même si la question de l'amour proprement dite ne s'est posée pour lui qu'au moment où son univers s'effondrait). Mais l'incertitude sur l'amour masque une autre absence, celle de la jouissance (en général, Chéreau a plus d'intérêt pour la question de la jouissance que pour celle de l'amour). Ce couple a pour particularité de n'avoir pas de vie sexuelle. Ils dorment l'un à côté de l'autre, dans deux lits séparés; ils n'ont pas d'enfant, apparemment pas de désirs, et leur immense habitation est vide.

 

 

Elle n'a eu, dit-elle, que deux moments de bonheur dans toute son existence : le premier quand ils se sont rencontrés, et le second à l'instant précis où il a lu la lettre de rupture qu'elle lui a écrite (C'est fini, on ne se verra plus). C'est le moment central du film, celui qui fait trou. Il lit cette lettre, et il n'est plus rien. Il perd toute consistance. Dans le même instant, exactement, là où elle se trouve (il est possible que ce soit dans les bras de son amant, mais ça n'est pas ça qui compte), elle jouit, d'un seul coup, en une seule fois, la jouissance de toute une vie. Au moins, cette jouissance, elle l'aura vécue. Cet instant sacré remplace tout le reste qui lui manque atrocement : amitié, tendresse, caresses, affection. Alors, tout son univers à lui s'effondre. Ce qu'il ne supporte pas, c'est sa jouissance à elle. Devant une telle chose, toutes les conventions sociales disparaissent. Dans La Reine Margot, Chéreau avait filmé l'échec de la jouissance. Il filme ici son succès absolu.

Peut-être, après cet acte, deviendra-t-elle capable de désir (et lui aussi). C'est en filigrane après la fin du film.

 


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