Derrida
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L'écranophile en voix off                     L'écranophile en voix off
Sources (*) :              
Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 19 janvier 2020

 

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Deux ou trois choses que je sais d'elle (Jean-Luc Godard, 1967) - S'approprier le corps et la voix des femmes par le proxénétisme du texte et du montage

   
   
   
                 
                       

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Godard prostitue radicalement les filles. Il s'approprie entièrement leurs corps, y compris les actrices comme actrices (par la coiffure, le maquillage, la diction). Il les ventriloque. Il est proxénète du début à la fin. Il ne sait pas deux ou trois choses sur elles, il sait tout, puisque c'est lui qui parle. Et pourtant l'étonnant c'est que, d'une certaine façon, elles sont crédibles. Les phrases qu'il met dans leur bouche, on peut y croire, malgré leur diction hâchée, on peut penser qu'elles sont vraiment dans leur bouche. Comme il se les approprie, elles sont exappropriées, et elles l'acceptent. Le cinéma comme entreprise d'exappropriation. Les jeunes femmes comme métonymie de la condition du sujet, du salarié, du consommateur, de l'acteur. Il faut que Godard les réduise à ce genre d'objet pour qu'il dise la vérité sur le monde. Le film est vrai parce que la façon dont il est fait reflète la façon dont les choses se font dans ce monde.

Ce qui est frappant, en 2020, c'est que c'est un monde absolument mécanique : les chantiers, les flippers, les appareils, les bruits, etc. Ce n'est pas du digital, c'est de la matière sur de la matière (y compris les radios).

Il y a une maîtrise absolue de Godard sur le film, par les filles (d'abord), par les décors, par le montage, par la voix et même par les livres (qu'il choisit, tous dans la collection Idées). Cette maîtrise absolue se conjoint, se marie avec le cinéma du réel. On a rarement aussi bien montré, et aussi crûment, la prostitution des banlieues. Par les voitures, les boutiques, les vêtements, les couleurs, ça relève du documentaire. Dans une société de maîtrise absolue, il faut que le réalisateur maîtrise absolument son film, c'est la vérité.

La vérité du film, c'est que par son rapport aux femmes, il redouble le rapport de la société de l'époque aux femmes. Sa voix off, c'est le phallogocentrisme qui leur intime ce qu'elles doivent dire, si elles doivent s'habiller ou se déshabiller, etc.

Ce film est une remarquable illustration du phallocentrisme vocal. Il dit la vérité (cinéma-vérité de la Nouvelle Vague) en la soufflant, à chaque instant, dans la présence et le présent, dans l'oreille des femmes. Les chantiers, la force mécanique, sont aussi phalliques que la voix de Godard.

Marina Vlady. Apparemment elle nous regarde, mais ce qu'elle écoute, c'est la voix de Godard.

 

 

Ce film est un questionnement sur la femme, comme le titre l'indique, la femme en tant qu'elle résiste à toutes les avanies, y compris la destruction capitaliste de la ville et la prostitution.

Dès le début, on entend la voix de Godard, une voix chuchotée, soufflée, intime, comme s'il tenait, lui, à nous dire la vérité, la vérité sur la ville, sur le capital et sur la femme. Mais c'est beaucoup plus facile sur les deux premiers points que sur le troisième!!

Le couple principal, Juliette et son mari, vit environné de radios. On a peut-être oublié l'importance de la radio à cette époque!! Ils écoutent Nixon. Les bombes traversent la radio.

La voix de Godard, partout. Quand Juliette parle, elle est une expression la voix de Godard, elle n'en est que l'actrice... jusqu'au moment où le film dérape du côté de la prostitution, et où c'est vraiment la femme qui nous regarde et nous parle (sauf que c'est toujours Godard qui nous parle dans ses oreillettes). Difficile de faire le partage entre les deux. Là est le génie de Godard. Il n'est pas réductible à des bribes théoriques ou idéologiques. Il est au-delà.

Par exemple, les coiffeuses et les coiffures. Le fait que ces coiffures soient démodées aujourd'hui accentue leur caractère d'artifice. Mais ce n'est pas une dénonciation du désir féminin d'être belle, au contraire! c'est un hymne à la beauté féminine.

Il n'y a aucune condamnation de la prostitution. Les filles l'exercent avec indifférence, sans dégoût particulier, comme une prolongation de leur être. Il n'y a pas de culpabilité. Il y a ce qu'elle fait et ne fait pas (en ce sens, ce film est un film sur la déculpation). Est-ce que ça a été dénoncé? La force du film vient de là, de la prostitution, de l'opposition entre la chair des filles (leur beauté), la ville en construction-destruction (autoroute du sud) et le capital. C'est très excitant. Ça fait bander. Le naturel de Juliette contraste avec le langage, les aphorismes.

J'aimerais (re)voir toute l'oeuvre de Godard pour voir si la prop. suivante s'applique : Une voix singulière s'extrait nécessairement de l'espace vocal (Voix).

Ce film est du métacinéma. Les acteurs s'adressent à nous pour nous y impliquer. Il se présente comme un moyen de reproduction, comme les livres ou la radio.

 


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1967.GO.DAR

zm.Godard.1967

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