Film de facture classique où les personnages sont caricaturaux à la façon d'une BD : le méchant affairiste, le gentil général ex-révolutionnaire, le grand'père indigne mais digne, la fille-garçonne pas insensible à son père, la jolie arménienne en perdition qui rencontre un amoureux nationaliste, le chauffeur couleur locale en larmes dans une église et devant le mont Ararat, etc... On n'est pas dépaysé, les clichés sont bien respectés, dieu merci, l'analyse politique est aussi didactique que nécessaire, quelque part entre l'article du Monde Diplomatique et le compte-rendu de voyage dans l'Huma. Au total, le voyage est plutôt agréable, le réalisateur n'a pas oublié son savoir-faire (peu créatif, mais efficace).

Anna, donc, essaie de récupérer son père malade (Barsam) dans son pays natal (à lui, pas elle, car elle n'est qu'à-demi arménienne, produit typique du melting-pot à la française). En France, elle ne prenait même pas la peine d'aller le voir, mais ici, il faut qu'elle le retrouve. En France, il avait encore tous les défauts, en Arménie il les a toujours, mais c'est supportable, et même sympatique.

Pour elle, c'est quand même une sorte de bouleversement, car elle finit par accepter deux choses qu'elle avait totalement refusées :

- Je suis la fille de mon père,

- Je suis l'héritière d'une filiation qui est au-delà de mes choix.