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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Du jugement de Pâris à la culture européenne                     Du jugement de Pâris à la culture européenne
Sources (*) : Damisch / Derrida, le beau               Damisch / Derrida, le beau
Hubert Damisch - "Le Jugement de Pâris, Iconologie analytique I", Ed : Flammarion, 1992, p143

 

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Le beau, c'est le déplacé

[La fortune singulière du "Jugement de Pâris" dans la culture européenne tient aux thèmes associés dans la légende : beauté, désir, plaisir sexuel, libre-arbitre, histoire]

Le beau, c'est le déplacé
   
   
   
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Le Déjeuner sur l'herbe, célèbre tableau dont on dit qu'il inaugure la modernité (en 1863), a été en partie inspiré par une gravure faite par Marcantoni Raimondi vers 1510 - laquelle reproduisait (ou était supposée reproduire) un dessin de Raphaël sur le le Jugement de Pâris, lequel dessin était lui-même inspiré par un bas-relief hellénistique. Entre le début de la tradition académique (Raphaël) et sa décrépitude (Manet), entre le début de la reproduction de masse (Raphaël) et la réponse des artistes à la photographie (Manet) le thème du Jugement de Pâris (et son corrélat Les trois Grâces) a subi une série de déformations qui lui ont assuré une place singulière dans l'art européen. Pourquoi justement ce thème-là? Déjà la légende grecque occupe une position privilégiée. Ancrée dans le mythe (la querelle entre les trois déesses déclenchée par Eris, la Discorde, sous l'égide de Zeus), elle est aussi le point de départ de la guerre de Troie que raconte Homère dans l'Iliade. Même si cette guerre n'est pas un événement historique à proprement parler, elle marque l'entrée de la Grèce dans l'histoire. Pâris, simple mortel, est désigné pour arbitrer une querelle entre les principales déesses - ce qui laisse supposer qu'il fait lui-même un choix (même si ce libre-arbitre apparent est largement manipulé par les Dieux). Et que choisit-il? Entre le pouvoir, la gloire et le plaisir, c'est le plaisir qu'il préfère - et (comme par hasard), il l'exprime en remettant une pomme à Aphrodite - comme si ce choix, qui conduira sa patrie à la ruine, répétait le péché originel. Ce qui s'exhibe dans le jugement n'est pas seulement la beauté des déesses, c'est (comme chez Manet) la différence sexuelle. Certes les Dieux, eux aussi, sont sexués, mais seuls les mortels dépendent des attraits sexuels pour se reproduire et survivre. Seuls les mortels jouent leur existence sur un simple regard, sont paralysés par la vue des organes féminins, risquent leur vie pour un choix dont ils ne sont pas vraiment libres, et doivent payer leurs erreurs du prix le plus lourd. Cette pensée s'est transmise à travers les siècles sur un mode particulier, celui du travail de l'art, qui ne se limite pas à raconter une histoire, mais joue sur les ambiguités de la beauté, ses mystères. et ses déplacements analogues à ceux de l'inconscient.

 

 

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Propositions

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La légende du "Jugement de Pâris" est le point de départ de la guerre de Troie, qui marque l'entrée de l'humanité européenne dans l'histoire

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Le "Jugement de Pâris", de Marcantoni Raimondi, aurait été la première gravure produite et reproduite spécialement pour être diffusée (vers 1510-11)

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Dans l'atelier de Raphaël, la conception, l'invention, la copie, la reproduction, la répétition et la traduction des dessins, peintures et gravures étaient inséparables

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Si le berger Pâris, désigné par les dieux, a choisi Aphrodite, c'est parce qu'on ne peut pas détacher la beauté idéale de la sphère sexuelle - dont seul un mortel peut juger

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Pour comparer la beauté des déesses, il fallait que Pâris les voie nues - car la beauté est originairement liée au champ du visible

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La beauté en art est de l'ordre du supplément

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La beauté, qui a partie liée avec le corps et la différence des sexes, est toujours, quelque part, nécessairement indécente

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Montrer la beauté féminine, c'est suppléer à ce qui ne se montre pas : les organes génitaux de la femme

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Les motifs iconographiques subissent, à travers les siècles, des déplacements analogues à ceux de l'inconscient (cf le "Jugement de Pâris", sur 15 siècles)

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Pour une iconologie faisant sienne l'hypothèse de l'inconscient, une pensée ne peut devenir visible, dans le rêve comme dans l'art, que sous condition de figurabilité

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Dans toute oeuvre réside une part de mystère ou de beauté que jamais l'iconologie ne pourra résoudre

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Ce qui compte est moins ce qu'une oeuvre représente ou manifeste que ce qu'elle transforme (bas-relief hellénistique du "Jugement de Pâris")

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"Le Déjeuner sur l'herbe" de Manet, premier tableau moderne, rompt avec l'art académique sans renoncer à s'inscrire dans les filiations de l'histoire de l'art

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Le "Déjeuner sur l'herbe" de Manet exhibe le jeu insolent de la différence des sexes

 


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