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Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Du jugement de Pâris à la culture européenne                     Du jugement de Pâris à la culture européenne
Sources (*) : L'art, supplémen               L'art, supplémen
Hubert Damisch - "Le Jugement de Pâris, Iconologie analytique I", Ed : Flammarion, 1992, p66

 

Le jugement de Paris (Marcantoni Raimondi, 1515-16) -

Damisch / Derrida, le beau

Le "Jugement de Pâris", de Marcantoni Raimondi, aurait été la première gravure produite et reproduite spécialement pour être diffusée (vers 1510-11)

Damisch / Derrida, le beau
   
   
   
                 
                       

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La disposition générale de cette gravure est reprise d'un bas-relief hellénistique que Raphaël a pu voir à Rome vers 1510-1515. Or ce bas-relief, racheté par Ferdinand de Médicis vers 1584, a été transformé à cette date - par ajout d'un ciel et d'un arc du Zodiaque en stuc - sous l'influence... de la gravure de Raphaël. Cette étrange rétroaction entre le modèle et sa copie, servant elle-même de modèle, a été le point de départ d'une relation assez unique entre cette oeuvre et ses reproductions.

Selon les historiens de l'art, un détail de cette gravure, celui-ci, aurait servi de modèle à Manet pour le groupe central du Déjeuner sur l'herbe - l'un des tableaux les plus reproduits et les plus cités de l'histoire de l'art. Raimondi a la particularité d'avoir été le premier artiste qui ne reproduise pas ses propres oeuvres, mais celles des autres. Dans le cas particulier, il s'agirait soit d'une peinture, soit d'un dessin de Raphaël - mais l'un et l'autre (s'ils ont jamais existé) sont aujourd'hui perdus [comme il arrive souvent pour les modèles : après s'être retirés pour laisser place à l'oeuvre, ils nous hantent]. Il est possible que Raphaël ait réalisé d'autres dessins destinés uniquement à la reproduction. En tous cas cette gravure occupe une place toute particulière : une copie faite pour être copiée, bien avant la reproduction technique dont parle Walter Benjamin.

Marcantoni avait un talent particulier pour la copie. Vasari raconte qu'il avait si bien contrefait des gravures de Dürer (y compris en recopiant la sigle AD, signature du maître), que les amateurs s'y trompaient et achetaient les gravures en les croyant de la main de Dürer. Celui-ci (qui avait été dès 1498, avec son Apocalypse, le premier artiste à publier un livre à son compte) serait venu protester à Venise devant la Signoria, mais n'aurait obtenu que l'interdiction d'introduire le nom ou le sigle de Dürer dans ses copies. D'ailleurs le même problème de droit d'auteur ou de copyright se posait pour Raphaël lui-même, de sorte qu'à partir de 1515, les planches de Marc-Antoine portaient la mention : Raphael invenit MAF, ce qui signifie : Raphaël en est l'inventeur, mais c'est Marcantoni qui l'a fait (Marcantonio fecit). Qui donc était le véritable auteur? Dans l'atelier de Raphaël, entre les fonctions de conception et d'exécution, la distinction n'était pas si claire.

A l'iconographie courante du Jugement de Pâris (et probablement sous l'influence du bas-relief hellénistique) Raphaël a ajouté deux groupes de trois figures. Sur le côté droit, une nymphe nous regarde, assise auprès de deux dieux-fleuves. Sur le côté gauche, une autre nymphe nous tourne le dos. Curieusement, ce sont ces deux groupes qui ont, dans les siècles suivants, le plus intéressé les très nombreux artistes qui se sont inspirés de cette gravure. Pourquoi un tel succès? Selon Hubert Damisch (p160), la véritable invention du dessin raphaëlien est l'ajout de ces groupes - ainsi que de la théophanie qui envahit le ciel, l'un et l'autre constituant autant de parerga. Le fait que ce dessin préparatoire, qui a servi pour la gravure, n'aie donné lieu à aucune peinture de Raphaël [contrairement à beaucoup d'autres dessins de ce type] fait de cette estampe une proposition ouverte, une question posée à la peinture et à l'art, un travail de l'inconscient, quelque chose d'intermédiaire entre le fantasme, le mythe, la fable, l'image et l'allégorie (p76),

 

 

En bas à gauche de la composition, une inscription est gravée sur une tablette : SORDENT PRAE FORMA / INGENIUM / VIRTUS / REGNA AURUM (L'intellect, la force, la royauté divine apparaissent sans valeur par rapport à la forme, c'est-à-dire la beauté).

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Voici ce que dit Vasari de cette gravure : A peine arrivé à Rome, Marcantoni grava sur cuivre un magnifique carton de Raphaël, représentant une Lucrèce se donnant à la mort; à quoi il réussit si bien, avec tant de diligence et une si belle manière, que certains de ses amis l'ayant aussitôt rapport à Raphaël, celui-ci se disposa à publier sous forme de gravures quelques dessins de ses propres choses : et parmi ceux-ci, un dessin qu'il avait fait auparavant du jugement de Pâris, dans lequel, par caprice, il avait représenté le char du soleil, les nymphes des bois, celles des sources et celles des fleuves, avec des vases, des rames, et d'autres belles fantaisies à l'entour; en ayant ainsi été décidé, Marcantonio grava l'ensemble de telle façon que tout Rome en fut stupéfait. Selon ce récit, la gravure aurait été réalisée vers 1510-11.

Dans un autre passage, Vasari explique que c'est Raphaël lui-même qui, influencé par les succès de Dürer, aurait poussé Marcantoni à multiplier les gravures, afin de répondre à une demande qui dépassait ses possibilités. Dans cette hypothèse, il faudrait plutôt dater la gravure de 1515-16.

 


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