Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, la garde                     Derrida, la garde
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 14 novembre 2006

[Derrida, la garde]

Autres renvois :
   

Derrida, le secret

   

Derrida, mémoire, remémoration

   

Derrida, la réserve

                 
                       

1. Le gardé.

On ne connaît pas ce qui est gardé. Ce peut être quelque chose d'inaccessible, d'inconnu, d'impensable ou d'innommable (comme khôra), un geste de violence enfouie, une promesse ou la différance elle-même (abritée dans la langue que nous parlons). Ce peut être un mort - en un lieu cryptique ou l'autre est gardé comme étranger, un mot-chose isolé de l'espace général par des cloisons, des murs ou des parois brisées, fracturées. Ce peut aussi être un secret qu'on garde en silence pour préserver, par exemple, une filiation ou une amitié.

Quand un don est gardé, il suffit que son sens soit reconnu pour qu'il soit transformé en échange symbolique, annulé et détruit.

 

2. Le gardien.

Connaît-on le gardien? S'il était présent, ce serait par la voix, mais la voix n'en est que le simulacre - elle-même garde le dedans en soi, alors même qu'elle l'émet en-dehors. Et nul ne sait qui est le gardien (comme dans la nouvelle de Kafka, Devant la loi, où le sujet renonce de lui-même à franchir la porte de la loi, sans que le gardien ne l'en empêche).

Qu'est-ce qui garde la mémoire? Pas le gardien, le nom. Mais que garde-t-il exactement? Autre chose que la chose nommée. Le nom est un tombeau, une sépulture, derrière laquelle s'efface ce qui est nommé. Quant à la signature, elle ne garde qu'une archive réifiée, qui impose son sceau sur un cadavre.

Le philosophe comme tel, celui qui exerce le métier de philosophe, c'est quelqu'un qui essaye de construire la machine la plus économique possible pour répéter, pour garder ce que d'autres ont écrit. Par sa maîtrise sur le discours, il formalise, il garde la mémoire et en même temps il garde la garde, il écrit pour garder. En s'interrogeant sur la vérité, l'être, le langage, il se garde aussi, il garde en réserve une autre voix idiomatique, tremblante, dissimulée, qu'il ne peut pas dévoiler.

Respecter un secret, le garder, même sans y avoir accès, c'est résister à une transparence qui peut, trop vite, devenir totalitaire. C'est la position du marrane, du Juif qui, sans le connaître, garde le secret qui lui a été confié.

 

3. Mise en garde.

Il arrive que ce qui garde et ce qui est gardé se confondent. Ainsi en est-il pour l'oeuvre [d'art], qui se garde elle-même par les bords, titres et parerga qui la cadrent, mais ne peut survivre que par la garde d'un autre. L'oeuvre, comme l'autre qui la garde, est absolument solitaire.

Quand elle est accomplie par un pouvoir politique, un archonte, un lieu d'autorité, la mise en garde est violente. C'est une mise en ordre, une sélection de ce qu'on décide de ne pas laisser s'effacer ou se perdre. Pour se protéger de tout imprévu, il faut que l'archive gardée soit maîtrisée, interprétée, qu'on lui donne un sens. C'est ce que Derrida appelle la pulsion d'archive. Pour penser l'avenir, on mettra à mort l'archonte et tout ce qui, dans la tradition, porte la loi. C'est le meurtre oedipien, qui ne supprime ni l'archive, ni la loi, ni la mise en garde.

 

 

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Propositions

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On ne peut nommer la différance - qui est plus vieille que l'être lui-même - qu'à partir des tracés abrités dans la langue que nous parlons

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La voix, contrairement à l'écriture, garde le dedans en soi alors même qu'elle l'émet au-dehors

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La voix simule la garde de la présence

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[Déclarer : "Il y a là Démiurge", c'est instituer son oeuvre, son tombeau et sa promesse, qui est d'abord promesse de survie du monde]

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On ne peut séparer le nom et la mémoire, car le nom est toujours "en mémoire de", il survit d'avance à ce dont il garde la mémoire

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En signant, je me donne à moi-même mon nom : c'est un vol par lequel je viole la sépulture où la signature est gardée

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Il appartient à la structure d'une trace de pouvoir s'effacer, s'oublier, se perdre; archiver, c'est sélectionner ce qu'on garde

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Le philosophe, c'est celui qui pense et désire la garde : il garde la garde pour garder la mémoire, pour se faire le gardien de la vérité - et aussi de la non-vérité

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Il y a dans les textes philosophiques une voix cachée, une parole dissimulée que l'institution universitaire vient recouvrir avec une violence inouïe

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Il vaut mieux qu'entre amis l'alliance soit silencieuse; ensemble mais séparés, conjoints et dissociés, ils se taisent pour garder leur amitié

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Que nous le sachions ou non, nous sommes tous marranes : fidèles à un secret que nous n'avons pas choisi, nous sommes gardés par ce secret, avant même que celui-ci ne nous garde

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Un mouvement irrésistible pousse à garder, maîtriser, interpréter les traces : la pulsion d'archive

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Le poème, qui survit dans la solitude, se confie à la garde d'un autre qu'aucun monde ne peut plus soutenir, un autre responsable mais lui aussi absolument solitaire

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L'oeuvre se reconnaît, se garde et se regarde, non sans ironie, par les cartouches et parerga qui la cadrent

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Il suffit d'une simple reconnaissance du sens intentionnel du don, d'une identification, d'une garde, pour qu'il soit transformé en échange symbolique, annulé et détruit

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Un deuil dans lequel "Je garde le mort en moi, en un lieu cryptique, sans le détruire comme autre", brouille la limite entre introjection et incorporation

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La topique de la crypte suit une ligne de fracture qui va d'un lieu où le mot-chose exclu, innommable, est gardé (non-lieu, hors-lieu, for) vers un autre lieu

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Chaque parole nouvelle peut faire revivre le geste de crise, de violence originaire qui a renfermé la folie, et dont elle garde la trace

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Le nom Khôra en appelle à un X où la loi du propre n'a plus aucun sens, et qu'il faut garder, qu'il nous faut lui garder

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La garde de l'archive, qui ordonne la mémoire et anticipe l'à-venir, enjoint aussi de mettre à mort l'archonte et tout ce qui, dans la tradition, porte la loi

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Le marrane porte un secret plus grand que lui, un secret auquel il n'a pas lui-même accès et qu'il doit garder, respecter, pour résister à la transparence

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Injonction faite au Juif non communautaire : "Garde le Juif en toi, Garde le secret qui t'a été confié, Garde-toi du judaïsme"

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