Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
On ne peut rien dire de Dieu, sauf le nom                     On ne peut rien dire de Dieu, sauf le nom
Sources (*) : Derrida, théologie négative               Derrida, théologie négative
Jacques Derrida - "Sauf le nom (Post-Scriptum)", Ed : Galilée, 1993, pp56-75 Orlolivre : comment ne pas babéliser?

["Sauf le nom" : Il faut sauver le nom (de Dieu) pour se rendre, au-delà de l'être, en ce lieu "post-scriptum" qui s'abandonne à l'aporie]

Orlolivre : comment ne pas babéliser?
   
   
   
Un triple essai sur le nom Un triple essai sur le nom
Derrida, Dieu               Derrida, Dieu    
                       

1. Un texte, un lieu.

Sauf le nom, c'est le titre définitif d'un texte publié en1993, dont la première version avait d'abord paru en anglais sous le titre Post-Scriptum, avec un sous-titre : Apories, voies et voix. Post-Scriptum est d'ailleurs conservé une fois (p15) comme sous-titre. Cette succession d'intitulés témoigne déjà, peut-être, d'un certain chemin.

Par son titre (Sauf le nom), ce texte nomme un lieu indéconstructible, irréductible. Dans la théologie négative, on se sert du mot sans pour le désigner, souvent sous la forme X sans X : "quelque chose" sans chose, un lieu sans lieu, un secret inviolable dans le désert. On peut le nommer Dieu (c'est l'un de ses noms), envoyer une flèche dans sa direction (p67), mais il fait défaut, il est à la fois tout sauf ce qu'il a (p89) et tout sauf son nom. On peut aussi l'appeler désert, ou d'autres noms issus de la tradition (Babel, Khôra, etc.).

Sa singularité, c'est qu'il est à la fois aporétique (la confusion babélienne, l'indétermination du réceptacle, l'absence de tout frayage et de tout chemin assuré) et propice à l'événement, la révélation, le messianisme. Son paradoxe, c'est qu'on ne peut témoigner de la chose dont il s'agit qu'au-delà du nom. Le nom lui-même ne sera pas sauf : il n'arrivera qu'à s'effacer (p80).

 

2. Un nom qui ne nomme rien.

Quand l'expression Sauf le nom est introduite pour la première fois dans le texte (p56), c'est pour commenter Angelus Silesius qui écrit : "Le Dieu inconnu. / Ce qu'est Dieu, on ne le sait : Il n'est pas lumière, pas esprit, / Pas vérité, ni unité, ni un, il n'est pas ce qu'on appelle divinité : / Pas sagesse, pas intellect, pas amour, ni vouloir, ni bonté : / Pas une chose, ni davantage une non-chose, pas une essence, pas un cœur : / Il est ce que moi, ni toi, ni aucune créature, / Avant d'être devenus ce qu'Il est, jamais n'apprenons" (Le voyageur chérubinique (IV, 21)). Derrida écrit : "Le "Dieu inconnu", le Dieu méconnu ou non reconnu dont nous parlions ne dit rien; de lui il n'est rien dit qui tienne... / - Sauf son nom... / - Sauf le nom qui ne nomme rien qui tienne, pas même une divinité (GOttheit), rien dont le dérobement n'emporte la phrase, toute phrase qui tente de se mesurer à lui. "Dieu" "est" le nom de cet effondrement sans fond, de cette désertification sans fin du langage".

De Dieu, Angelus Silesius ne veut rien dire, mais tout de même, pour se mesurer à lui, il dit son nom [en l'occurrence : GOttheit]. Qu'est-ce qui est nommé par ce nom? Rien, un désert sans fond. C'est un nom qui n'a pas de référent, le nom d'un retrait, d'une kénose, d'un effondrement, d'un désert dans le désert.

 

3. Ce qui arrive.

Et pourtant il se passe quelque chose, quelque chose arrive : cette nomination même. L'événement de la théologie négative, c'est qu'il en reste une trace, un reste. Il n'y a rien, aucune substance, mais il y a ce reste, cette mémoire d'une raréfaction dans le langage, d'un dérobement qui désorganise nos préjugés onto-topologiques.

Angelus Silesius prie Dieu. Il sait qu'il (Dieu) n'est rien, ne donne rien, sauf lui-même (son nom). La divinité de Dieu, c'est ce désir de (se) donner auquel Angelus croit. Comment penser cette prière qui, selon Derrida, "ne demande rien, tout en demandant plus que tout" (p57)? On peut interpréter la divinité de Dieu comme un don ou un désir de donner, mais ce n'est qu'une interprétation de ceux qui parlent de lui, ceux qui, par le désir ou la prière, se réfèrent à ce lieu sans référent. Leur passion, c'est d'appeler cet autre par son nom, de le sauver. "Sauf le nom" est aussi un impératif, un sauve le nom! afin de sauver ce lieu, où il est impossible d'aller. Ce qu'on sauve en le sauvant, c'est ce mouvement, cette férence (p61), cette décision irresponsable d'aller au-delà du présent de l'être. Il faut cette folie, cette colère (performative, déclarative) qui s'exerce aussi à l'encontre du langage lui-même.

 

4. Post-scriptum : Il faut.

Et pourquoi le faut-il? En témoignant de son amour pour cette chose qui doit être nommée et qui n'est pas le nom, qui est tout sauf le nom (p64), on sauve son désir pour le Il faut en général, le Il faut inconditionnel, sans contenu, exemplaire de tous les "Il faut". La déclaration apophatique sur ce que Dieu n'est pas ouvre la possibilité d'un supplément, un post-scriptum inconnu, irréductible. De la possibilité même de la théologie négative, on peut déduire un laisser-être qui ouvre un chemin qui permette de passer à autre chose, un lieu où les mots d'aujourd'hui (politique, droit ou morale) seront mis entre guillemets.

 

 

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Propositions

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Axiome : "Il n'y a que du bord dans le langage"

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La théologie négative, cet idiome qui est aussi un langage, met à l'épreuve les limites constatives du langage; elle garde leur raréfaction, elle l'archive et l'institutionnalise

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La théologie négative prescrit un "Il faut" exemplaire de tous les "Il faut" : dans le langage et sur le langage, dans le nom et au-delà du nom, il tend vers l'au-delà de l'être

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Le nom de Dieu, qui produit le dehors, se conjugue avec une passion du lieu : se rendre dans le nom au-delà du nom, là où il est impossible d'aller

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La passion, c'est la décision irresponsable d'aller au-delà du présent de l'être; elle laisse une blessure, une cicatrice en ce lieu où l'impossible a lieu

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Déjà, originellement, en secret, un post-scriptum irréductible aura laissé toute chose - sauf le nom : Babel, Khôra, théologie négative, ou déconstruction

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Par définition, il faut que les énoncés de la théologie négative se vident : ils gardent le vide et se gardent du vide, en kénose du discours

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Sans passage assuré, sans route frayée ou fiable, le désert est une figure de l'aporie, et aussi l'autre nom du désir

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["Sans" et "pas sans" sont les mots les plus difficiles à dire et à entendre, les plus impensables ou les plus impossibles]

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Le nom de Dieu invite à deux expériences absolument étrangères du lieu : la parole divine créatrice (vococentrisme) / un lieu plus ancien : Khôra (au-delà de l'être)

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Le nom donné au-delà de l'être n'appartient ni à celui qui donne ni à celui qui reçoit - telle est l'essence ou l'inessence du don

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De la possibilité de la théologie négative, on peut aujourd'hui déduire une "politique", un "droit", une "morale" - un laisser-être qui oblige à mettre ces mots entre guillemets

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