1942.
- To be or not to be (Ernst Lubitsch).
1984.
- Mémoires d'un Juif tropical (Joseph Morder).
1985.
- Shoah (Claude Lanzmann), v. ici et là (Derrida).
2006.
- Être sans destin (Lajos Koltai).
2007.
- Un secret (Claude Miller).
2010.
- L'étrange affaire Angélica (Manoel de Oliveira).
2015.
- Le fils de Saul (László Nemes).
2016.
- Planétarium (Rebecca Zlotowski).
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On dit parfois que la Shoah est irreprésentable, mais cela n'a pas empêché le cinéma de la mettre à l'écran dans de nombreux films, documentaires, ouvrages mémoriels comme Shoah de Lanzmann (1985), récits biographiques ou familiaux, fictions, ou autres. Pour cet irreprésentable, il ne manque donc pas de représentations, qui viennent toutes suppléer, comme il se doit, à l'absence de représentation. La question se pose donc toujours de savoir ce qu'on fait, quand on fait un film en rapport avec la Shoah. Prenons par exemple les Mémoires d'un Juif tropical, de Joseph Morder (1984). C'est un film qui ne semble pas avoir de rapport avec la Shoah, sauf ce détail majeur : il fait remarquer que, sa famille ayant été décimée dans les camps, sa vie a débuté par une absence totale d'images. Il aurait, par son journal filmé de toute une vie, compensé cette absence, et ce film, qui raconte sans images son enfance à Guayaquil jusqu'à l'âge de 12 ans, répéterait cette absence. Il explique à la fin du film qu'en abandonnant ces lieux qu'il ressent comme lieux d'origine pour venir à Paris, il a vécu quelque chose d'analogue à une mort, mort de ses proches, de son environnement, de son innocence. Entrant dans l'âge de raison, il répétait l'expérience ou le souvenir de la Shoah. Dans ce film où celle-ci n'est évoquée qu'indirectement à travers le yiddish parlé par ses parents, elle est présente comme irréprésentable, présente d'un genre de présence tout à fait particulier, qu'il faut essayer d'analyser.
On retrouve cette structure dans d'autres films. Dans Un secret (Claude Miller, 2007), on a caché à un garçon l'existence d'un frère disparu, déporté. Dans Être sans destin (Lajos Koltai, 2006), malgré la narration, l'expérience est proche de Joseph Morder. Imre Kertész aura vécu, à 14 ans, sa première et véritable mort, qui aura donné lieu à son œuvre. On retrouve dans Planétarium, de Rebecca Zlotowski (2016), cette surenchère du Je suis mort qui ne peut s'arrêter que par l'œuvre.
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