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TABLE des MATIERES : |
NIVEAUX DE SENS : | |||||||||||||||||
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L'écranophile en voix off | L'écranophile en voix off |
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Sources (*) : |
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CinéAnalyse : Autothanatographies | CinéAnalyse : Autothanatographies |
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Ozzy Gorgo - "L'écranophile", Ed : Guilgal, 1988-2019, Page créée le 12 janvier 2020 - |
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CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie | Mémoires d'un Juif tropical (Joseph Morder, 1984) - Il aura fallu dire "Je suis mort" pour que commence la vie en plus, la vie supplémentée par l'oeuvre, plus que la vie |
CinéAnalyse : En s'aventurant pour plus que la vie |
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CinéAnalyse : Sur la Shoah, deuil irréparable | CinéAnalyse : Sur la Shoah, deuil irréparable |
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Orlolivre : conjuguer vie et mort, sans les opposer | Orlolivre : conjuguer vie et mort, sans les opposer |
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Le film commence à la naissance de Joseph Morder (le 5 octobre 1949 à Port of Spain, Trinidad et Tobago) et se termine le jour de son anniversaire de 12 ans (1961), peu avant qu'il quitte Guayaquil pour Paris (avril 1962). C'est la fin de son enfance, la disparition d'une période de sa vie et aussi l'effacement, pour lui, d'un lieu. Tout se passe comme si, à cette occasion, il était mort une première fois. Nulle part il ne montre une image "réelle" de ce lieu. Il ne le présente que par la médiation d'autres images, contemporaines du moment où il réalise le film : 1984. De ce passé, il ne reste rien d'autre que des souvenirs, des images de rues et d'immeubles parisiens qui remplacent les rues et les immeubles de Guayaquil, évoqués par la parole. Les traces de réel sont spectrales, sauf peut-être une voix enregistrée et quelques photos que rien ne distingue de la fiction. Le film est tourné à Paris, entre le premier jour de l'été et le premier jour de l'automne 1984 - une chaleur qui rappelle le climat tropical de Guayaquil. Les lieux du passé étant définitivement perdus pour le cinéaste, il faut trouver d'autres images; les événements d'enfance étant plus ou moins oubliés, il faut inventer une fiction (dite auto-fiction); les personnages ayant disparu ou vieilli, il faut les remplacer par des comédiens. Le résultat est une frontière impalpable, insituable, voire invisible entre fiction et documentaire - dira-t-il en 2008 à l'occasion de l'édition de son film en DVD. L'enjeu est de rendre crédible une continuité apparente entre : la vie passée, la vie présente (y compris l'amour naissant et incertain avec Lisa), une certaine survie actuelle des souvenirs, et autre chose, cet objet proposé à notre regard, le témoin et la preuve d'une vie supplémentaire, une sur-vie, l'œuvre. Le carburant du mélange n'est pas seulement le montage cinématographique, la voix off du Joseph Morder de 1984, c'est aussi le deuil. |
Le gâteau d'anniversaire de Joseph Morder, le jour de ses 12 ans (toutes bougies éteintes).
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Sa famille ayant été décimée dans les camps, Joseph Morder explique que sa vie a débuté par une absence totale d'images. Il aurait, par sa boulimie de films, compensé cette absence. Son cinéma autobiographique ne viendrait donc pas à la place de souvenirs ou d'événements qu'il pourrait raconter, mais à la place des traces perdues ou des cendres dispersées de ses aïeuls disparus dont nous ignorons tout - comme ce gâteau d'anniversaire dont les bougies ont été soufflées. A la fin du film, son enfance en Equateur rejoint celle de ses ascendants dans la lointaine Pologne. Pour l'enfant, le départ vers Paris coïncide avec le début de l'âge de raison - une autre vie par rapport à celle du petit garçon de Guayaquil. Il montre vers la fin du film l'un des rares objets rapportés de là-bas, une nappe autour de laquelle sa famille et les amis de ses parents se réunissaient, et discutaient en yiddish. Cette nappe, qui est pour lui une sorte de linceul, le fait pleurer. C'est la trace, peut-être la seule et unique trace, de ce qui n'existe plus. Dans tout récit autothanatographique, il faut se pleurer soi-même. Il aura fallu ce deuil pour passer à une autre étape, celle de son œuvre, son journal filmé de toute une existence. Le film se termine par un déménagement qui est une sorte d'inhumation. Le départ est nécessaire pour entamer l'œuvre, il en est le prélude. "Et au petit matin, tout était fermé. La rentrée scolaire vient d'avoir lieu. C'est à l'aube de ce jour-là que nous devions partir. J'ai regardé le premier et le dernier rayon de soleil de cette époque, avant de me rendre dans le pays où je devais aller. J'ai eu un désir horrible, qui s'est justifié par la suite : je voulais que tous les gens qui restaient là-bas et que j'aimais, meurent, pour qu'ils ne me vissent pas dans un état autre que l'enfance, car je soupçonnais qu'en partant, en quittant ce pays, en y mettant mon dernier pas, l'enfance allait finir. Son éternité allait s'abolir. J'ignorais si j'allais trouver le paradis de l'autre côté de l'océan, c'est ce que je me disais, tout en craignant l'enfer, après la mort, certaine maintenant. Je referme l'écran. Les fleurs sont mortes aussi. Le canari que j'avais là-bas, les animaux qui étaient restés ne survivraient peut-être pas. Il y avait là-bas un cinéma qui s'appelait Le Paris, que je transformerais volontiers en paradis. C'était la fin de mon enfance de Juif tropical. Demain, c'est l'automne. Les couleurs d'un marchand de couleurs. Les couleurs du drapeau." FIN DU FILM - et début de la possibilité de commentaire pour nous. Le film comme tel ne dit rien, ne témoigne pas, c'est notre commentaire qui témoigne. |
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Création
: Guilgal |
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Idixa
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Films CinemaChrono 1984.MO.RDE CineAutoThanatoEM.LMP StephanePlusVieEC.LEC IVChoaDM.MML CinemaDeconsPM.MPL zm.Morder.1984 Rang = YZMorderfilmtropicalGenre = MH - NP |
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