Les pulsions de mort s'écrivent d'abord en silence dans le texte de Freud qui les introduit, Au-delà du principe de plaisir, dont le chapitre I a pour titre "Le principe de plaisir" (PP). Pour Freud, ce principe fait partie de l'acquis de la psychanalyse. D'un côté, il ne cessera, dans toute la longueur de son essai, d'expliquer qu'il est relativisé, contredit, transformé par d'autres principes (le principe de réalité) ou pulsions (les pulsions sexuelles) ou mécanismes (le refoulement), jusqu'à introduire progressivement, et explicitement dans les deux derniers chapitres, la pulsion de mort. Mais d'un autre côté, Freud ne renonce pas à l'autorité de ce principe premier. Dans cette histoire, ou fable (p315) du principe de plaisir, il faut un maître, une souveraineté. Il faut un principe (arkhè) qui commence et commande (p317). Les exemples convoqués, de la compulsion de répétition dans les traumatismes de guerre au jeu du Fort/Da, ne suffisent pas, pour Freud, à détrôner le PP. Il parle ou "ça" parle en lui, il ne sait pas se taire, contrairement aux pulsions de mort qui ne disent rien, s'inscrivent en lui en silence.