Ce qui se passe aujourd'hui avec la religion n'est pas un simple "retour". C'est un phénomène complexe, surdéterminé, qui marque notre temps et nul autre. La science, les techniques, les médias, les fondamentalistes, les extrêmistes et même les pacifistes qui appellent à la fraternisation universelle sont des figures de la surenchère du même principe abstrait qui gouverne la science et la religion. L'appel au religieux est aussi un appel à la mort de Dieu - y compris quand il est prononcé dans la bouche du pape. Il s'agit d'imposer, au nom de la paix, une mondialatinisation européo-anglo-américaine où sont impliquées toutes les religions, tous les centres d'autorité (Etats, nations, ethnies) qui auraient toutes égal accès au marché mondial. Pour tous ces producteurs, acteurs et consommateurs, la religion précède et accompagne la raison critique; elle est même le gage de foi qui présuppose toute production de savoir. La performance technoscientifique en est indissociable.