Le sujet séparé se désolidarise de la totalité. Il faut qu'il soit quelque part : dans la maison, dans l'économie. Sa façon d'être est l'égoïsme. Il vise la possession et la jouissance, même si les éléments qu'il cherche à contrôler par le travail lui échappent. Mais que se passe-t-il quand il fait oeuvre? N'est-ce pas une façon de manifester au-dehors son intériorité, de percer l'écorce de la séparation?

La réponse de Lévinas est distincte selon qu'il s'agit d'une oeuvre qui a "revêtu la signification du langage" ou d'un autre genre d'oeuvre, non langagière. Les premières s'institueraient "par-delà les oeuvres", tandis que les secondes ne seraient que le déchet du travail.

Par les oeuvres seules, le moi n'arrive pas au-dehors. Il se congèle, cherche le confort, l'intimité ou le sommeil, sans en appeler à autrui. Ce qui, de prime abord, s'offre comme autre, est réduit au Même par la possession oeuvrante. La matière n'a pas d'égards pour l'extériorité. Elle est chargée d'équivoques. Sa possession n'est pas inaliénable : elle peut être usurpée par autrui qui la déchiffre. Les oeuvres peuvent être échangées, intégrées dans le monde économique, dans l'anonymat de l'argent. Bref je suis absent des oeuvres, elles ont une destinée indépendante de moi, elles me reviennent étrangères, elles me trahissent plutôt qu'elles ne m'expriment.