La main est l'organe de la saisie et de la prise. Elle rapporte à mes fins égoïstes et à la finalité des besoins les choses que le travail arrache aux éléments. Elle les ramène vers l'intériorité de la maison, comme oeuvres, objets, traces ou déchets - même si le processus n'est pas irréversible, car certains ouvrages comme ville, champ, jardin ou paysage peuvent recommencer leur existence élémentaire.

La main peut ruser, atteindre l'objet par la bande, par son point vulnérable. Elle prend les qualités élémentaires, les amène à la jouissance et les garde en vue d'une jouissance future. Elle solidifie les choses, en fait des substances durables, leur transmet sa force, prend et comprend.

L'action de la main, comme celle du corps, se déploie sous l'emprise d'une cause finale (p181). Mais la main va à l'aventure. Elle attrape son but avec une part inévitable de chance et de malchance. Entre tâtonnement et emprise, elle peut rater son coup. La fin n'est pas inévitable. Comme la main, le corps n'est qu'une virtualité se portant vers l'outil. Il pousse vers le vide, à l'aventure. Dans le tâtonnement, il se révèle dans la position d'un être séparé.